atrophier [ atrɔfje ] v. tr. <conjug. : 7>
• av. 1840; de atrophié
1 ♦ Faire dépérir par atrophie. « Les bourgeons terminaux se développent toujours aux dépens des autres, jusqu'à les atrophier complètement » (A. Gide). Pronom. Dépérir par atrophie. ⇒ diminuer. « Les organes s'atrophient ou deviennent plus forts ou plus subtils selon que le besoin qu'on a d'eux croît ou diminue » (Proust).
2 ♦ Fig. Arrêter le développement, causer la déchéance de. ⇒ 1. dégrader, détruire, éteindre, étioler. « Les sophismes d'une philosophie niaise ont atrophié en lui le sens moral » (Proudhon). Pronom. « Je dégradais mon intelligence en laissant s'atrophier en moi les qualités délicates de la vie affective » (Barrès).
⊗ CONTR. Développer.
● atrophier verbe transitif Faire subir une atrophie. Provoquer l'affaiblissement, le dépérissement de quelque chose : L'alcoolisme a atrophié sa volonté. ● atrophier (synonymes) verbe transitif Faire subir une atrophie.
Contraires :
Provoquer l'affaiblissement, le dépérissement de quelque chose
Synonymes :
- dégrader
- diminuer
- éteindre
- étouffer
Contraires :
- accroître
- développer
- exalter
atrophier
v.
d1./d v. tr. Diminuer ou faire disparaître par l'atrophie. La suppression de l'influx nerveux atrophie les membres.
— Fig. Empêcher de se développer, intellectuellement ou moralement. Une existence difficile a atrophié le talent de cet artiste.
|| Pp. adj. Une aile atrophiée. Un sens moral atrophié.
d2./d v. Pron. Diminuer, disparaître par atrophie.
— Fig. Cesser de se développer. Intelligence qui s'atrophie.
⇒ATROPHIER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— BOT., MÉD. et MÉD. VÉTÉR. [Le compl. est une pers., un animal, une plante ou une partie de leur être] Causer l'atrophie :
• 1. La spécialité trop forte du métier, nous le voyons chez les hommes, atrophie tel membre, exagère tel autre, exclut l'harmonie; ...
MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 203.
B.— Au fig.
1. [Le compl. désigne un inanimé abstr., en partic. une faculté] Affaiblir, détruire progressivement :
• 2. C'est une triste chose qu'un homme qui a atrophié son cœur, au profit de son cerveau, ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 993.
2. Plus rare. [Le compl. désigne une pers.] Faire dépérir au point de vue moral :
• 3. C'est également grâce à son ignorance de l'individu que la société moderne atrophie les adultes. L'homme ne supporte pas impunément le mode d'existence et le travail uniforme et stupide imposé aux ouvriers d'usine, aux employés de bureau, à ceux qui doivent assurer la production en masse.
CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 327.
II.— Emploi pronom.
A.— BOT., MÉD. et MÉD. VÉTÉR. [Le suj. désigne une pers., un animal, une plante ou une partie de leur être] Être touché par l'atrophie :
• 4. Un organe exercé acquiert plus de force, prend plus de développement, (...). Au contraire, l'organe qui cesse d'être exercé s'atrophie et disparaît avec le besoin que l'animal en avait, ...
COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 80.
— P. ext. [Le suj. est un inanimé concr. autre qu'un organe, un tissu, etc., ou une collectivité] Diminuer dans ses dimensions :
• 5. N'est-il pas évident que l'empire ottoman diminue et s'atrophie pour que l'Allemagne s'agrandisse?
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 464.
B.— Au fig.
1. [Le suj. désigne un inanimé abstr., en partic. une faculté] Se dégrader, s'affaiblir :
• 6. ... tandis que l'idée religieuse vivait et se développait chez les Esséniens et chez les Pharisiens, cette idée s'atrophiait et mourait chez les Saducéens, ...
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 679.
2. Plus rare. [Le suj. désigne une pers.] Dépérir au point de vue moral :
• 7. ... ils [les Lorilleux] ont une méchanceté cancanière et envieuse. Mais quelle vie est la leur, dans quelles galères ils s'atrophient et se déjettent? [au directeur du Bien Public].
ZOLA, Correspondance, 1902, p. 468.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. atrophiement, subst. masc. (E. et J. DE GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 53; suff. -ment1). Synon. de atrophie considéré comme acte ou état. L'atrophiement de son cerveau et de sa langue (E. et J. DE GONCOURT, Mme Gervaisais).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. : (s')atrophier [], j'atrophie []. 2. Forme graph. — Fait partie des verbes qui ,,n'offrent d'autre particularité que les deux i à la 1re et à la 2e personne du pluriel de l'imparfait de l'indicatif et du présent du subjonctif : atrophiions, atrophiiez. Ces deux i sont produits par la rencontre de l'i final du radical qui se maintient dans toute la conjugaison, avec l'i initial de la terminaison`` (BESCH. Conjug. 1961, p. 31).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) 1572 méd. en constr. adj. atrophié « amaigri, qui dépérit » (PARÉ, Œuvres, 1. 7, chap. 12, éd. Malgaigne, Paris 1840, t. 1, p. 448a : Lorsque la partie affligée de paralysie demeure atrophiée [...] c'est mauvais signe), attest. isolée, repris dep. 1800, BOISTE; av. 1845 s'atrophier « diminuer de volume » (Ferrus ds BESCH. 1845 : La queue du tétard s'atrophie lorsqu'il va devenir grenouille); BESCH. 1845 note ,,ce verbe, très-usité dans la pathologie, est omis dans tous les dictionnaires``; b) 1611 méd. subst. (COTGR.), attest. isolée; repris dep. 1832, RAYMOND, Dict. gén. de la lang. fr.; 2. 1840 fig. « diminuer, perdre de l'importance » (P. LEROUX, De l'Humanité, p. 679 : ... cette idée [religieuse] s'atrophiait et mourait chez les saducéens).
Dér. de atrophie; dés. -er. [Cf. le m. fr. atrophe « celui qui dépérit » (1564, RAB., Cinq. l., ch. XX ds GDF. Compl.), du gr. « qui dépérit, épuisé » (PLUTARQUE, M., 912 ds BAILLY)].
STAT. — Fréq. abs. littér. : Atrophier. 45. Atrophiement. 2.
BBG. — BAULIG 1956. — Méd. Biol. t. 1 1970. — NYSTEN 1824.
atrophier [atʀɔfje] v. tr.
ÉTYM. 1572; de atrophie.
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1 Faire dépérir par atrophie. || L'inaction prolongée atrophie les muscles. ⇒ Affaiblir, amaigrir. — Passif et p. p. (→ ci-dessous, cit. 1 et 2).
1 Lorsque la partie affligée de paralysie demeure atrophiée (…)
2 Mais la plupart de nos arbres sont atrophiés par une sorte de gourme noirâtre, dont je ne trouve la description dans aucun livre (…)
Gide, Journal, 26 mars 1916.
3 Les bourgeons terminaux se développent toujours aux dépens des autres, jusqu'à les atrophier complètement.
Gide, Journal, 8 janv. 1922.
2 Fig. Arrêter le développement, causer la déchéance de. ⇒ Dégrader, détruire, éteindre, étioler. || Ce vice atrophie l'intelligence. || L'habitude atrophie les sensations.
4 Les sophismes d'une philosophie niaise ont atrophié en lui le sens moral.
♦ Plus rare. || Atrophier qqn, le faire dépérir au point de vue moral.
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s'atrophier v. pron.
1 Dépérir, perdre de son volume… par atrophie.
5 Les organes s'atrophient ou deviennent plus forts ou plus subtils selon que le besoin qu'on a d'eux croît ou diminue.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 286.
6 Du fait d'une affection survenue au cours de la vie intra-utérine, ces ovaires peuvent s'atrophier presque complètement.
A. Binet, les Régions génitales de la femme, p. 108.
♦ (Av. 1845). Par ext. Diminuer de taille. || L'empire ottoman s'est progressivement atrophié.
2 Fig. Se dégrader. || Si on n'exerce pas la mémoire, elle s'atrophiera (cit. 5).
7 Je dégradais mon intelligence en laissant s'atrophier en moi les qualités délicates de la vie affective.
M. Barrès, Leurs figures, p. 341.
♦ Dépérir au point de vue moral, intellectuel. || Son esprit s'atrophie; il s'atrophie intellectuellement.
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atrophié, ée p. p. (→ ci-dessus, cit. 1), adj. et n.
1 (Mil. XVIe). Se dit d'un organe, d'une partie du corps dont le volume est anormalement petit (par atrophie). || La jambe atrophiée d'un polio.
♦ Par ext. Dont les dimensions sont anormalement réduites.
3 N. (1588). Rare. || Un atrophié, une atrophiée, personne atteinte d'atrophie. ⇒ Atrophique.
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CONTR. Accroître, croître, développer, hypertrophier.
DÉR. Atrophiant, atrophiement.
Encyclopédie Universelle. 2012.