attenter [ atɑ̃te ] v. <conjug. : 1>
• 1290; lat. attemptare « tenter audacieusement; faire une tentative »
1 ♦ V. intr. Vx Attenter sur, contre qqn, commettre un attentat. « De quel droit sur vous-même osez-vous attenter ? » (Racine).
2 ♦ V. tr. ind. Mod. ATTENTER À : faire une tentative criminelle contre (quel que soit le résultat de cette tentative). ⇒ attentat. Attenter à la vie de qqn, tenter de lui donner la mort. Attenter à ses jours, à sa vie : tenter de se suicider. Attenter à la sûreté de l'État. « Nous ne sommes pas l'État, n'attentons pas aux libertés » (Péguy). — Spécialt Attenter à la pudeur, aux mœurs. — Par ext. Porter atteinte.
⊗ CONTR. Respecter.
● attenter verbe transitif indirect (latin attentare, surprendre) Faire une tentative criminelle contre quelque chose : Attenter à la vie d'autrui. Porter atteinte, s'attaquer à quelque chose : Attenter à l'honneur de quelqu'un. ● attenter (difficultés) verbe transitif indirect (latin attentare, surprendre) Construction Attenter à est la construction usuelle : attenter à l'honneur de qqn ; attenter à ses jours. Attenter contre est aujourd'hui vieilli, sauf dans quelques emplois juridiques : attenter contre la sÛreté de l'État. Attenter sur, fréquent dans la langue classique (ainsi chez Racine : « De quel droit sur vous-même osez-vous attenter ?»), n'est plus en usage. ● attenter (expressions) verbe transitif indirect (latin attentare, surprendre) Attenter à sa vie, à ses jours, tenter de se suicider.
attenter
v. intr. Commettre un attentat sur. Attenter à la vie de qqn, à la sûreté de l'état.
⇒ATTENTER, verbe.
I.— Emploi intrans. Attenter sur (vx), attenter contre (vx), attenter à.
A.— Commettre un attentat, faire une tentative de nature criminelle.
1. [Le compl. désigne une pers. ou une entité abstr., une collectivité]
a) [Une pers.] Attenter à la vie de qqn; attenter sur la personne de qqn; attenter sur une personne (vx) :
• 1. « M. de Saint-Cyran me dit une fois... qu'un de ses domestiques avait voulu attenter sur sa personne, et qu'il avait été ravi d'avoir trouvé cette occasion pour pratiquer la modération envers ses ennemis. »
BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 4, 1920, p. 65.
Rem. ,,On dit attenter à et attenter contre (...). Ces deux prépositions s'emploient souvent sans nuance de sens particulière. Attenter sur est vieilli`` (THOMAS 1956); Lar. 19e observait que ,,attenter à paraît être généralement préféré avec un nom de chose pour régime, et attenter sur avec un nom de personne``.
b) Spéc. Attenter sur ses jours (vx), à ses jours; attenter à sa vie. Se suicider :
• 2. ... voyant qu'on se disposoit à user de violence pour m'empêcher d'attenter à mes jours, et que l'on vouloit me lier les mains, je feignis de me calmer; j'attribuai ma fureur au délire causé par la fièvre, je rassurai entièrement ceux qui me gardoient, bien décidé à profiter du premier moment où je ne serois pas observé, pour m'ôter une vie détestée et souillée par le plus horrible forfait.
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 2, 1795, p. 102.
c) [Contre une entité abstr., une collectivité, souvent dans un cont. pol.] Attenter contre la liberté publique; attenter contre la sûreté de l'État, à la sûreté de l'État; c'est attenter ouvertement aux libertés publiques :
• 3. ... la « charte des journalistes » est un code d'honneur sans sanctions garanties. Pour le reste, il est difficile d'imaginer par quels moyens la discipline morale de la presse pourrait être mieux assurée sans risque d'attenter aux libertés.
G. BELORGEY, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 144.
2. [Le compl. désigne un obj., une propriété, un bien matériel] :
• 4. Le garde champêtre, gardien de la propriété et des bonnes mœurs, surgissait parfois au milieu de ces fêtes pastorales, mais il ne pouvait songer à verbaliser; il n'y a de mauvaises mœurs que celles qui attentent à la propriété ou la déprécient, ...
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 148.
3. [Le compl. désigne un inanimé abstr. (droits, principes, sentiments)] Attenter à l'honneur, à la dignité, aux privilèges de qqn :
• 5. Et n'est-ce pas attenter à l'honneur du prince lui-même, que de le représenter comme un insensé qui préfère le plaisir de commander à des esclaves, au bonheur de régner sur des hommes libres; ...
MARAT, Les Pamphlets, Suppl. de l'Offrande à la Patrie, 1789, p. 68.
• 6. On dit : le corps des médecins, des avocats, des ingénieurs, parce qu'en effet ces corps ne sont formés que par la réunion d'hommes ayant chacun le sentiment de son droit, de sa valeur; étant chacun disposé à ne laisser en aucune circonstance, ni sous aucun prétexte, attenter à l'indépendance de ses convictions et de son caractère.
VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'archit., t. 2, 1872, p. 402.
— Spéc. Attenter aux mœurs, à la pudeur. Commettre un attentat aux mœurs, à la pudeur (cf. attentat II). Attenter à la pudeur, à l'honneur d'une femme (Ac. 1835-1932) :
• 7. Célestine... vous devriez déposer contre Lanlaire... au parquet de Louviers... une plainte tapée pour outrages aux mœurs et attentat à la pudeur... Ça, c'est une idée...
— Mais, capitaine, jamais Monsieur n'a outragé à mes mœurs, ni attenté à ma pudeur...
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 216.
— Au fig. Un regard qui attente aux mœurs (COLETTE, La Jumelle noire, 1938, p. 115)
B.— P. ext. [Le compl. désigne une valeur ou plus rarement une pers.] S'attaquer à, porter atteinte à... :
• 8. Si nous savions la culture que donne le génie au bien-aimé de sa pensée, comment ils vivent entre eux, par quelle adresse et quelle douceur, sans attenter à son originalité, il l'anime à se produire selon sa nature, nous aurions à la fois, la règle de l'art, et le modèle de l'éducation, de l'initiation civile.
MICHELET, Le Peuple, 1846, p. 256.
• 9. Ils accepteront toutefois que je les plaigne [les étudiants] s'ils ne sentent qu'ils attentent au plus harmonieux poète de notre théâtre [Racine] en chahutant des acteurs qui font de leur mieux pour le bien servir. (G. Pioch.)
L'Œuvre, 11 avr. 1941.
II.— Emploi abs., vx. ,,Accomplir un crime ou lui donner un commencement d'exécution`` (Lar. 19e).
III.— Emploi pronom., rare. Commettre un geste criminel sur soi-même :
• 10. Et ce péché se montrait d'abord simiesque et sournois pour Durtal, au collège où chacun s'attentait et cariait les autres...
HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 62.
Rem. Emploi non signalé ds les dictionnaires.
PRONONC. ET ORTH. :[], j'attente (à) []. BARBEAU-RODHE 1930 note une durée mi-longue pour la 2e syll. du mot. Pour une durée longue, cf. FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787. FÉR. Crit. propose la graph. atenter avec un seul t. MART. Comment prononce 1913, p. 339, écrit au sujet de t double : ,,Cette prononciation commence à atteindre fortement [des] mots où elle ne s'impose nullement, comme at-tenter, at-tentif, at-ténuer, at-terrer, at-tester, at-tiédir, etc.``
ÉTYMOL. ET HIST. — 1302 emploi absol. attenter « faire une tentative (en gén. contre qqc. ou pour nuire à qqn) » (Texte cité ds GIRY, Hist. de Saint-Omer, 462 d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 266 : Vous attentés a l'encontre de l'accord dessus dit) — XVIIIe s., VOLTAIRE, La Henriade, III ds Dict. hist. Ac. fr., t. 4, p. 315; 1330-32 atenter contre (G. DE DIGULLEVILLE, Pèlerinage vie hum., éd. Stürzinger, 8839 ds T.-L.); construction qualifiée de ,,vieillie`` ds ROB.; XVe s. atenter à (Farce de Maistre Pathelin, 991, éd. Holbroock, Paris, 1929); spéc. XVIe s. attenter à la vie (CARLOIX, IX, 36 ds LITTRÉ); XVIIe s. l'objet est abstr. (BOSSUET, 4e sermon pour la Circoncision ds Dict. hist. Ac. fr., t. 4, p. 315).
Empr. au lat. attemptare, attentare (composé de ad et temptare) « entreprendre qqc. (avec une idée d'hostilité), surprendre, attaquer » (PACUVIUS, Trag., 60 ds TLL s.v., 1118, 32).
STAT. — Fréq. abs. littér. :166.
BBG. — PIERREH. Suppl. 1926.
attenter [atɑ̃te] v.
ÉTYM. 1302; du lat. attemptare, attentare « entreprendre qqch. contre, attaquer ».
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1 V. intr. Vx. || Attenter sur : commettre un attentat (2.) sur… || Attenter sur qqn. || Attenter sur la personne de qqn (Académie, Huitième éd., 1932). — Attenter contre. || Attenter contre la liberté publique (Académie, Huitième éd., 1932). || Attenter contre la sûreté de l'État.
1 De quel droit sur vous-même osez-vous attenter ?
Racine, Phèdre, I, 3.
2 Ils ne voulaient rien attenter contre le roi ni contre la reine (…)
Bossuet, Hist. des variations, 10.
2 V. tr. ind. Mod. || Attenter à : faire une tentative criminelle contre (quel que soit le résultat de cette tentative). || Attenter à la vie de qqn, tenter de lui donner la mort. — Attenter à ses jours, à sa vie : tenter de se suicider. — Dr. ou littér. || Attenter à la sûreté de l'État, aux libertés.
3 Je recevrais de lui la place de Livie
Comme un moyen plus sûr d'attenter à sa vie (…)
Corneille, Cinna, I, 2.
4 Ces deux vieillards qui attentèrent à la chasteté de Suzanne (…)
Bourdaloue, Impureté, I.
5 Quand l'autorité devient arbitraire et oppressive, quand elle attente aux propriétés (…)
Mirabeau (→ Arbitraire, cit. 7).
6 L'homme qui attente à ses jours montre moins la vigueur de son âme que la défaillance de sa nature.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, 3.
7 Il ne s'agit pas de s'attaquer aux libertés individuelles respectables; nous ne sommes pas l'État, n'attentons pas aux libertés.
Ch. Péguy, Œ. compl., t. XII, p. 22.
8 Il eût attenté à ma vie plutôt que de renoncer à son projet.
Loti, Aziyadé, II, 5.
♦ Spécialt. || Attenter à la pudeur. || Attenter aux mœurs. ⇒ Attentat.
♦ Par ext., littér. Porter atteinte à, entreprendre sur. || Attenter à la dignité de qqn.
9 Vous croyez qu'abusant de mon autorité,
Je prétends attenter à votre liberté.
Racine, Mithridate, I, 2.
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CONTR. Respecter.
Encyclopédie Universelle. 2012.