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atténuer

atténuer [ atenɥe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1120, puis XVIe; lat. attenuare, de tenuis ténu
1Vx Rendre plus mince. amaigrir, amincir. « Des corps atténués [...] réduits à l'état de fantômes glorieux » (Taine).
2Mod. (Abstrait) Rendre moins grave, moins vif, moins violent. amoindrir, diminuer, réduire. Les calmants atténuent la douleur. apaiser, assoupir, soulager, tempérer. P. p. adj. Symptômes atténués. Atténuer une sensation, une impression. amortir, émousser. La moquette atténue le bruit des pas. assourdir, étouffer. Atténuer une couleur. adoucir. Cette lettre est trop brutale, il faut en atténuer les termes. adoucir, modérer. « Les excuses rappellent la faute plus certainement qu'elles ne l'atténuent » (Louÿs). Pronom. « Les mouvements nerveux s'atténuaient » (Martin du Gard).
Techn. Diminuer la puissance de (un signal électrique, acoustique).
⊗ CONTR. Aggraver, augmenter, exacerber, exagérer; amplifier.

atténuer verbe transitif (latin attenuare, affaiblir, de tenuis, mince) Rendre moins forts, moins intenses, moins graves une sensation, un sentiment, etc. : Ceci atténue sa responsabilité dans l'affaire. Rendre un énoncé moins violent, moins brutal : Atténuer une expression trop vive.atténuer (synonymes) verbe transitif (latin attenuare, affaiblir, de tenuis, mince) Rendre moins forts, moins intenses, moins graves une sensation, un...
Synonymes :
- affaiblir
- amortir
- estomper
- éteindre
- étouffer
Contraires :
- aggraver
- augmenter
- exacerber
- intensifier
- renforcer
Rendre un énoncé moins violent, moins brutal
Synonymes :
- adoucir
- diminuer
Contraires :
- aggraver
- augmenter

atténuer
v. tr. Rendre moins fort, moins grave. Atténuer le bruit. Atténuer une souffrance.
|| v. Pron. Spasmes nerveux qui s'atténuent.

⇒ATTÉNUER, verbe trans.
A.— Sens concr.
1. Vx. Affaiblir, diminuer les forces du corps; spéc., diminuer l'embonpoint, amaigrir. Les jeûnes atténuent le corps (BESCH. 1845) :
1. Elle est charmante, votre fille! Si vous pouviez atténuer son ventre au commencement, vous me feriez plaisir.
FLAUBERT, Correspondance, 1880, p. 365.
Emploi pronom. :
2. Aucun médecin ne sait jamais comment je m'atténue et me remets si vite...
G. SAND, Correspondance, t. 5, 1812-76, p. 185.
Rem. Ce sens est encore le seul attesté ds Ac. 1798 (avec le sens méd., cf. infra 2). Qq. dict. du XIXe s. sont ainsi amenés à traiter de la synon. de atténuer et de exténuer, p. ex. Lar. 19e : ,,Atténuer, diminuer les forces, l'embonpoint; exténuer, causer un grand affaiblissement``; ou bien SARDOU 1877 : ,,Atténuer, c'est littéralement porter à la ténuité (...). Exténuer exprime une diminution plus grande, un affaiblissement plus considérable... .``
2. Spéc. Rendre plus mince, plus ténu, moins dense. BRASSERIE. ,,Augmenter la proportion de l'extrait fermenté sous l'action de la levure`` (DUVAL 1959). CHIM. Atténuer un fluide. En diminuer la densité. MÉD. ANC. Atténuer les humeurs. Les rendre moins épaisses. PHYS., rare. Rendre ténu, diviser en très petites parties, mettre en poudre. Atténuer un corps.
B.— Au fig.
1. Rendre moins fort, moins vif (ce qui touche les sens, qui produit une sensation).
SYNT. Atténuer le bruit, les sanglots, le son de la voix, la voix; atténuer un accent, une odeur, les vibrations.
Emploi pronom. :
3. ... l'horrible puanteur, loin de s'atténuer, s'intensifia d'une façon telle qu'un beau jour elle mena directement à la chambre d'Éléna d'où, sans doute possible, elle infectait la maison.
CENDRAS, Bourlinguer, 1948, p. 134.
2. Diminuer la force, la violence (de ce que l'on ressent). Synon. apaiser, soulager :
4. ... je sais si bien que ce n'est pas le bonheur que je cherche, que je ne songe même plus à diminuer mes souffrances par cette idée. La conscience que mon objet est autre que la joie s'est faite si profonde, si intime, si mêlée à ma substance, que je n'ai pas l'idée de restreindre ma douleur, de l'atténuer par des considérations stoïques.
J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1906, p. 348.
5. François reprenait ses esprits. Il ne pouvait supposer que Mahaut, fût complice : « Elle n'a pas vu ma mère, grâce à cette piqûre. » Mais son soulagement, loin de les atténuer, augmenta ses remords. Il imaginait ce qui aurait pu arriver...
RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, p. 126.
SYNT. Atténuer une douleur, une souffrance; — une impression, un phénomène, une sensation, un sentiment (pénible); — l'effet (désagréable) de.
Emploi pronom. :
6. Sous l'influence débilitante du monde, les énergies s'émoussent, les caractères originaux s'atténuent et s'effacent, avec une rapidité effrayante.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, p. 1101.
3. Diminuer la force d'un mot, d'une expression, d'une description, de ce que l'on dit ou pense; rendre moins prononcé le caractère, l'originalité, le relief, le réalisme d'une chose :
7. Du sein des déserts arrosés de leur sueur et de leur sang, ils [les prêtres] voloient à Madrid et à Rome pour y demander des édits et des bulles contre l'impitoyable avidité qui vouloit asservir les Indiens. Le prêtre miséricordieux les exaltoit pour les rendre précieux; il atténuoit le mal, il exagéroit le bien, il promettoit tout ce qu'il désiroit; enfin Robertson, qui n'est pas suspect, nous avertit, dans son histoire d'Amérique, qu'il faut se défier à ce sujet de tous les écrivains qui ont appartenu au clergé, vu qu'ils sont en général trop favorables aux indigènes.
J. DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 111.
8. Nerval n'exagère pas l'étrangeté qui l'environne. Il l'atténuerait plutôt.
M.-J. DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, p. 87.
4. Diminuer la gravité (de ce que l'on fait ou commet) :
9. ... une réelle bonne foi et bonne volonté humaine et une croyance sincère au vrai Dieu, et un dévouement mal éclairé pour la religion, peuvent se composer dans le concret avec le principe « totalitaire ». Nous savons que celui-ci se réalise, sous des modalités diverses, et qui en atténuent ou aggravent plus ou moins la malice.
MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 301.
En partic., dans le domaine jur.
♦ [En parlant d'une pers.] :
10. ... les délits dont les ministres peuvent se rendre coupables, ne se composent ni d'un seul acte, ni d'une série d'actes positifs dont chacun puisse motiver une loi précise; des nuances que la parole ne peut désigner, et qu'à plus forte raison la loi ne peut saisir, les aggravent ou les atténuent.
CONSTANT, Principes de pol., 1815, p. 79.
11. J'ai vu comparaître enfin les experts du procès Esterhazy, qui nous ont déclaré que le huis clos ne leur permettait pas de s'expliquer, alors que des savants ont fait pour nous la pleine lumière sur la valeur de l'expertise officielle. J'ai vu l'effort inutilement fait pour atténuer la grave présomption résultant des lettres à Mme de Boulancy.
CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 197.
♦ [En parlant de circonstances, de causes, etc.] :
12. J'ai établi le motif passionnel, la cause qui, à un certain degré, atténue sa responsabilité morale.
A. ARNOUX, Rêverie d'un policier amateur, 1945, p. 232.
DÉR. Atténuissement, subst. masc., néol. Synon. de atténuation au sens de « réduction, division ».(1846, SAINTE-BEUVE, Portraits contemp., t. 1, p. 444; suff. -issement /-ment1, sans doute p. anal. avec amenuissement).
PRONONC. ET ORTH. :[], j'atténue []. Enq. :/ateny/ (il) atténue. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. aténuer avec un seul t, mais BESCH. 1845 transcrit le verbe avec [tt] géminées.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1120 trans. « affaiblir (qqn) » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 78, 8, Paris, 1876 : ignelement purpriennent nus les tes misericordes, kar atenüed sumes trop); XIIe s.-1er tiers XIIIe s. « diminuer (qqc.) » (Moralités sur Job, 466 ds LITTRÉ : Li bien ki poissent estre attenueit, se il fuissent acomplit), rare av. le XVIe s. : 1525 « affaiblir, exténuer » part. passé adj. (CRETIN, L'Apparition de Jaques de Chabanes, p. 116 ds HUG. : C'estoit celluy qui soubz tantes et bannes Coucher au champ avoit continué, Dont se trouvoit trés fort attenué); 1771 s'atténuer « s'affaiblir » (Trév.); spéc. a) av. 1590 méd. atténuer les humeurs « les rendre plus fluides » (PARÉ, 5, 23 ds LITTRÉ : Telle suffumigation incise, attenue, resoult l'humeur) ,,anc.`` ds Lar. 19e; 1701 part. prés. substantivé, méd. (FUR. : atténuant remède qui augmente la fluidité du sang et des humeurs) — 1718, Ac.; b) 1721 phys. (Trév. : Atténuer ... c'est mettre en poudre, réduire en poudre) ,,peu usité`` d'apr. Lar. 19e; c) 1811 part. passé adjectivé bot. « aminci » (MOZIN-BIBER : un pétiole atténué); 2. ca 1120 dr. « diminuer la portée de qqc. » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 88, 40 : tu atenuias le covenant de tun serf), attest. isolée; repris au XVIe s. : 1530 « (l'objet est un inanimé) affaiblir, rendre moindre » (PALSGR. p. 440 : [...] Il ma attenué mon pouvoyr).
Empr. au lat. attenuare au sens 1 « affaiblir » (CÉSAR, Civ., 3, 89, 1 ds TLL s.v., 1125, 30); b phys. (ITALA, IV reg. 23, 15 — LUCIF. de non parc. 7, p. 224, 15 — ds TLL s.v., 1126, 67); c bot (PLINE, Nat., 21, 30 ibid., 1126, 63); 2 fig. (OVIDE, Trist., 4, 1, 16, ibid., 1125, 72).
STAT. — Fréq. abs. littér. :432. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 259, b) 468; XXe s. : a) 904, b) 821.
BBG. — DUVAL 1959. — Gramm. t. 1 1789. — NYSTEN 1814.

atténuer [atenɥe] v. tr.
ÉTYM. 1525; lat. attenuare « amincir, amoindrir, affaiblir », de ad, et tenuare, de tenuis. → Ténu.
1 Vx. Rendre plus mince, moins fort (en parlant d'une personne). Affaiblir, amaigrir, amincir, diminuer, exténuer. || Les jeûnes, les veilles, les fatigues l'ont extrêmement atténué, l'ont atténué (Académie).REM. Même dans l'anc. usage, l'emploi trans. est rare; en revanche le passif et le p. p. se rencontrent souvent, surtout au XVIe siècle.
1 (…) hommes si affaiblis et si atténués (…) faute de manger, que plusieurs en mouraient de faim.
J. Amyot, Trad. Diodore, XIII, 28.
2 Elle le voyait maladif, atténué et alangui.
Brantome, Dames…, IX, 144, in Huguet.
Par ext. (Mod., littér.). Rendre moins sensible (→ ci-dessous, le sens 2.).
Au p. p. :
3 (…) chez Beato Angelico, des corps atténués, dissimulés sous les chapes et les robes rayonnantes, réduits à l'état de fantômes glorieux, des poitrines effacées (…)
Taine, Philosophie de l'art, V, III, 5.
(Av. 1590). Méd. anc. || Atténuer les humeurs, les rendre moins épaisses.
Chim. || Atténuer un fluide, diminuer sa densité.
(1721). Phys. Rare. Diviser en très petites parties.
2 Cour. Rendre moins grave, moins vif, moins violent… Rendre moindre. Amoindrir, diminuer, réduire. || Atténuer un mal, une douleur. || Les calmants atténuent la douleur. Adoucir, apaiser, assoupir, lénifier, pallier, soulager, tempérer. || Atténuer une sensation, une impression. Amortir, émousser. || La moquette a atténué le bruit de ses pas. Assourdir, étouffer. || Raisons qui atténuent une faute. Excuser. || Cela atténue sa responsabilité. || Atténuer une difficulté, un désaccord. Aplanir (fig.). || Atténuer les inégalités sociales.Diminuer la force (d'un mot, d'une expression). || Atténuer ses expressions. || Cette lettre est trop brutale, il faut en atténuer les termes. Adoucir, modérer, modifier. || Atténuer l'intensité d'une couleur. Appauvrir.
4 Les véritables passions, plus rares qu'on ne pense parmi les hommes, le deviennent de jour en jour davantage; l'intérêt les élime, les atténue, les engloutit toutes (…)
Rousseau, 2e dialogue.
5 L'Assemblée, toujours attentive à atténuer le choc, obtient (de Sieyès) qu'il substitue au mot de sommation le mot d'invitation.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. I, p. 276.
6 C'était dit sur un ton dolent et affectueux qui atténuait beaucoup le reproche.
Loti, les Désenchantées, I, 2.
7 (…) les excuses rappellent la faute plus certainement qu'elles ne l'atténuent (…)
Pierre Louÿs, les Aventures du roi Pausole, III, 11.
8 Sa faute ayant été sans ivresse, rien n'était capable d'en atténuer l'amertume et l'humiliation.
Léon Bloy, la Femme pauvre, p. 47.
9 (…) atténuer certaines affirmations (…)
F. Brunot (→ Affirmation, cit. 1).
——————
s'atténuer v. pron.
1 (1771). Vx. Devenir plus faible, plus maigre.
2 Fig. et mod. Devenir moins fort, moins vif, moins violent.
10 Mais à peine entrée dans la haute pièce sévère et drapée, la clarté joyeuse du ciel s'atténuait, devenait douce, s'endormait sur les étoffes, allait mourir dans les portières (…)
Maupassant, Fort comme la mort, p. 1.
11 Il fallait laisser le temps de disparaître aux symptômes qui ne pouvaient aller qu'en s'atténuant si je n'apprenais rien de nouveau (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 3 (→ Aigre, cit. 13).
12 (…) tout ce qu'elle souffre s'atténuera vite (…)
Loti (→ Anesthésie, cit. 1).
——————
atténué, ée p. p. adj.
1 Vx. Affaibli, moins fort (→ ci-dessus, cit. 1 à 3).
2 Fig. et cour. Affaibli, moins violent. || Douleur atténuée.
Méd. || Virus atténué, rendu moins virulent, en particulier pour la préparation des vaccins.
CONTR. Aggraver, augmenter, exacerber, exagérer. — Grandir.
DÉR. Atténuance, atténuant, atténuateur, atténuement.

Encyclopédie Universelle. 2012.