autodafé [ otodafe ] n. m.
1 ♦ Cérémonie au cours de laquelle les hérétiques condamnés au supplice du feu par l'Inquisition étaient conviés à faire acte de foi pour mériter leur rachat dans l'autre monde. Des autodafés. — Supplice du feu.
2 ♦ (1826) Action de détruire par le feu. Autodafé de livres.
● autodafé nom masculin (espagnol auto de fe, jugement sur des matières de foi) En Espagne, à partir du XIVe s., et dans l'empire espagnol, proclamation solennelle d'un jugement prononcé par l'Inquisition sur un impie, un juif ou un hérétique ; exécution du coupable, généralement par le feu. Destruction par le feu d'un objet (en particulier des livres) que l'on désavoue, que l'on condamne.
autodafé
n. m.
d1./d HIST Cérémonie où les hérétiques condamnés par l'Inquisition étaient incités à confesser la foi catholique avant d'être brûlés.
d2./d Destruction par le feu. Faire un autodafé de ses papiers de famille.
⇒AUTODAFÉ, subst. masc.
A.— Cérémonie expiatoire au cours de laquelle étaient lues et exécutées les sentences prononcées par l'Inquisition (princ. en Espagne et dans l'empire espagnol de la fin du XVe s. au début du XIXe s. mais surtout au XVIe s.), qui, le plus souvent, condamnait à périr par le feu les hérétiques, les juifs et plus généralement toute personne déclarée coupable d'avoir enfreint les lois religieuses :
• 1. Cette guerre [la croisade des Albigeois] vit naître l'Inquisition, et se distingua par ses auto-da-fés.
CHATEAUBRIAND, Ét. hist., 1831, p. 316.
• 2. ... lui [Charles-Quint] qui a éprouvé les inconvénients de n'avoir pas étouffé en Allemagne le Luthérianisme au berceau, il n'a de cesse qu'on ne fasse leur procès aux hérétiques d'Espagne et qu'on ne les brûle. Il a ainsi sa part jusque dans les auto-da-fé qui n'eurent lieu qu'après sa mort.
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 3, 1863-69, p. 212.
• 3. Notez qu'il n'y a pas de juifs dans toute l'Espagne, sinon une paire de banquiers à Madrid. « Nous leur faisons peur, » disent en riant les Espagnols, qui sont de bonnes gens et très doux. Mais c'est vrai : l'Inquisition et les autodafés ont laissé chez les israélites une réelle répugnance à passer la Bidassoa.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, 1902-04, p. 319.
B.— P. ext. Toute destruction par le feu faite de propos délibéré (en partic. de livres jugés dangereux) :
• 4. ... Vous prîtes possession du château (...) Vous fîtes un immense auto-da-fé de nos titres et de nos archives.
G. SAND, Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 245.
• 5. Plutarque a menti, la destruction des capitales antiques est l'œuvre des militaires et l'autodafé des livres dans les temps historiques est le produit de l'officialité, de l'intolérance, de l'intransigeance, du fanatisme, quel que soit le régime ou l'idéologie de l'état moderne qui veut ça, et non de la barbarie.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 323.
PRONONC. ET ORTH. :[] ou [-]. Également [-] (PASSY 1914) et [oto-] (DUB.) a) Attesté sous la graph. auto-da-fé ds Ac. 1798, 1835, BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ (cf. aussi ex. 1, 2, 4). Attesté sous la graph. autodafé ds Ac. 1878, 1932, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., DG, Pt Lar. 1906, ROB., Lar. encyclop., QUILLET 1965, DUB. et Lar. Lang. fr. (cf. aussi ex. 3, 5). b) L'expr. auto-da-fé ,,tirée d'une langue étrangère ne prend point de s au pluriel`` (LAV. Diffic. 1846). (Cf. aussi ex. 2; cf. toutefois l'ex. 1). Sous la forme francisée, autodafé prend normalement s au plur. (cf. ex. 3).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1714 auto-da-fé « lecture et exécution publique de la sentence par laquelle l'Inquisition condamnait les hérétiques au supplice du feu » (LESAGE, Gil Blas, XII, 1 ds ROB. : Seigneur cavalier, vous venez apparemment dans cette ville pour voir l'auguste cérémonie de l'auto-da-fé [...] Vous verrez, reprit-il, une des plus belles processions qui aient jamais été faites : il y a, dit-on, plus de cent prisonniers parmi lesquels on en compte plus de dix qui doivent être brûlés); 1759 autodafé « id. » (VOLTAIRE, Candide, VI, ibid).
Empr. à l'esp. auto de fe « id. » (BRUNOT, t. 6, 2, II, 1240; RUPP., p. 84; en raison du texte d'où est tirée la 1re attest., influencé par plusieurs romans esp.) croisé avec le port. auto da fe « id. », tous deux signifiant proprement « acte de foi » (acte et foi).
STAT. — Fréq. abs. littér. :36.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882 (s.v. auto-da-fé). — Foi t. 1 1968. — MARCEL 1938. — Pol. 1868. — ST-EDME t. 2 1825 (s.v. auto-da-fé). — TONDR.-VILL. 1968.
autodafé [otodafe] n. m.
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1 Cérémonie au cours de laquelle les hérétiques condamnés au supplice du feu par l'Inquisition étaient solennellement conviés à faire acte de foi pour mériter leur rachat dans l'autre monde. || Des autodafés. — Supplice du feu.
1 Seigneur cavalier, vous venez apparemment dans cette ville pour voir l'auguste cérémonie de l'auto-da-fé… Vous verrez, reprit-il, une des plus belles processions qui aient jamais été faites : il y a, dit-on, plus de cent prisonniers parmi lesquels on en compte plus de dix qui doivent être brûlés (…)
J'aperçus bientôt les Dominicains qui marchaient les premiers, précédés de la bannière de l'Inquisition. Ces bons pères étaient immédiatement suivis des tristes victimes que le Saint-Office voulait immoler ce jour-là (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, XII, 1 (→ San-benito).
2 Une Juive de dix-huit ans, brûlée à Lisbonne au dernier autoda-fé (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXV, 12.
3 Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel autodafé; il était décidé par l'université de Coïmbra que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.
Voltaire, Candide, VI.
4 Cependant, si Newton était né en Portugal, et qu'un dominicain eût vu une hérésie dans la raison inverse du carré des distances, on aurait revêtu le chevalier Isaac Newton d'un san-benito dans un autoda-fé.
Voltaire, Dict. philosophique, Newton et Descartes.
5 Je sèmerai les feux, les brandons, les clartés, les braises, et partout, au-dessus des cités, je ferai flamboyer l'autodafé suprême, joyeux, vivant, céleste ! — O, genre humain, je t'aime !
Hugo, Torquemada, Prologue, p. 56.
Encyclopédie Universelle. 2012.