bah [ ba ] interj.
• bah marquant l'indifférence 1794; ba marquant le doute 1170
♦ Interjection exprimant l'insouciance, l'indifférence. Bah ! j'en ai vu bien d'autres. ⇒ bof.
⊗ HOM. Bas, bât.
⇒BAH, interj.
Fam. Exprime, suivant la nature du ton, l'étonnement mêlé de doute, l'absence de surprise ou de désappointement; ou au contraire, et le plus souvent, l'indifférence ou l'insouciance :
• 1. — Voilà un grand malheur, ai-je dit. — Bah!, reprit Ampère, c'est partout la même chose.
DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 136.
• 2. — O Pauline, m'écriai-je en lui serrant la main, je voudrais être riche!
— Bah! Pourquoi? dit-elle d'un air mutin.
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 153.
• 3. — Mon lieutenant, dit La Guillaumette, nous cherchons de l'argent que nous avons perdu.
— Ah bah!
L'étonnement outré qu'il affectait avait toute l'insolence d'un démenti à froid.
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e part., 9, p. 201.
• 4. Le cousin continuait, hésitant et désabusé : — Je puis pas bien vous dire. Je sais pas si j'aurai l'argent. Ça doit être vendu vendredi matin, dernier délai? Je vous enverrai bien une dépêche la veille ou le matin?
— Ah! Bah! Bah! Bah! Vous savez bien que pour vingt mille de plus vous feriez la bonne affaire.
MALÉGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 204.
Rem. Souvent répété ou en loc. exclam. ah bah!
— Emploi subst., rare :
• 5. Bah! Signifie Ce mal est peu de choses, et on y va remédier. Ce bah! me paraît inusuel. On dit ce n'est rien! Le bah! usuel exprime insouciance, celui-ci énergie.
G. ESNAULT, [Commentaire des Misérables lors du dépouillement I.G.L.F.], 1937.
PRONONC.— 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. : bas, bât.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1170 ba interj. marquant le doute (Rois, p. 36, Ler. de Lincy ds GDF. : Mais les fiz Belial distrent entre sei : Ba! purrad nus cist de nos enemiz salver?), attest. isolée; non attesté dans les dict. jusqu'à 1823, BOISTE; 2. ca 1200 ba interj. marquant refus, négation, mécontentement (Aucassin et Nicolette, éd. H. Suchier, 10, 45 ds T.-L. : Pere, fait Aucassins, ne m'alés mie sermonant, mais tenés moi mes covens. — Ba! Quex covens, biax fix?); seulement dans ce texte et non attesté dans les dict. jusqu'à 1823, BOISTE; 3. 1216 ba interj. marquant l'étonnement (R. DE CLARY, Constantinople, éd. Hopf, 101 ds T.-L. : ba, seigneur, dene connissiés vus que che fust chi femme Kyrsaac? ... Ba, dene me connissiés vus?) — 1285, J. BRETEL, Tournois Chauvency ds T.-L.; non attesté dans les dict. jusqu'à 1823, BOISTE; 4. 1794 bah interj. marquant l'indifférence (Fabre d'Églantine ds Lar. 19e : ... Malgré vous et les vôtres, On vous fera bien voir... — Bah! j'en ai bien vu d'autres).
Onomat., imitant les cris d'étonnement, etc., dans la lang. parlée; à rapprocher du verbe batare « bayer » dér. d'une onomat. de forme voisine, exprimant l'étonnement dans diverses lang. i.-e. (cf. IEW, s.v. bata-).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 396. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 634, b) 4 001; XXe s. : a) 1 979, b) 1 208.
bah [ba]
ÉTYM. 1170, ba marquant le doute; 1794, bah marquant l'indifférence.
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♦ Interjection exprimant l'étonnement, le doute et le plus souvent l'indifférence, l'insouciance. || Ah bah ! est-ce possible ? || Bah ! j'en ai vu bien d'autres.
1 Vilaine marée ! se disait Pencroff, en fixant d'un coup de poing son chapeau que le vent disputait à sa tête. Mais bah ! on en viendra à bout tout de même !
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 24.
2 Maintenant, je me sais par cœur. Le cœur aussi. Bah ! toute la terre est marquée, tous les pavillons couvrent les territoires (…)
Valéry, Monsieur Teste, p. 31.
3 Enver Pacha lui a affirmé que les Allemands avaient trouvé une invention si extraordinaire que, d'ici quelques mois, rien, vous entendez rien, absolument, ne pourrait leur résister ! (…)
— Ah ! bah ! Et c'est sérieux cette invention-là ? (…)
— Elle m'en a parlé très sérieusement, mon cher ! (…)
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 68.
➪ tableau Principales interjections.
Encyclopédie Universelle. 2012.