barque [ bark ] n. f.
• déb. XIVe; provenç. barca, lat. imp.
♦ Petit bateau ponté ou non. ⇒ embarcation, esquif. Barque à rames, à voiles (⇒ voilier) . Barque à moteur. Barque de pêcheur. Promenade en barque. Mauvaise barque. ⇒ coquille (de noix), rafiot. Sortes de barques. ⇒ barcasse, 2. barge, cange, canot, gondole, patache, pinasse, pirogue. — Loc. fig. Mener la barque : diriger, être le maître. « C'est moi qui mène la barque, c'est moi qui décide » (F. Mauriac). Il mène bien sa barque : il s'occupe bien de ses affaires. Charger la barque : être trop ambitieux, surestimer ses possibilités dans un projet.
● barque nom féminin (italien barca, du bas latin barca) Petite embarcation, pontée ou non. Cuve utilisée en teinturerie. ● barque (citations) nom féminin (italien barca, du bas latin barca) Gaston Bachelard Bar-sur-Aube 1884-Paris 1962 La barque de Caron va toujours aux enfers. Il n'y a pas de nautonier du bonheur. L'Eau et les Rêves José Corti ● barque (expressions) nom féminin (italien barca, du bas latin barca) Familier. Bien, mal mener, conduire sa barque, diriger, mener bien ou mal ses propres affaires. Familier. Charger la barque, avoir des exigences, des ambitions excessives ;exagérer. Quatre-, cinq-, six-mâts barque, très grands voiliers dont seul le mât d'artimon porte une voile aurique. Trois-mâts barque, voilier à trois mâts dont seuls les deux premiers portent des voiles carrées. ● barque (synonymes) nom féminin (italien barca, du bas latin barca) Petite embarcation, pontée ou non.
Synonymes :
barque
n. f.
d1./d Petit bateau non ponté.
|| Loc. fig. Conduire, mener sa barque: conduire, de telle ou telle manière, une entreprise. Il a bien mené sa barque.
d2./d MYTH, RELIG Nacelle. Barque des défunts.
— ANTIQ GR Barque de (ou à) Charon, que Charon utilisait pour passer les morts de l'autre côté de l'Achéron.
⇒BARQUE, subst. fém.
A.— 1. Petit bateau ponté ou non, avec ou sans mât(s) et de faible capacité. Barque à rames, à voiles; barque de pêche(ur), de sauvetage; barque frêle, rapide :
• 1. ... un passeur était assis sur la proue de sa bèche, espèce de barque abritée sous des toiles ou pavois, comme une gondole.
BOREL, Champavert, Dina la belle Juive, 1833, p. 149.
• 2. ... les canots, eux aussi, s'éloignaient vers les barques, un homme à l'arrière, qui godillait, un homme à l'avant...
QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 125.
SYNT. Barque à eau. ,,Petit bâtiment non ponté dont on se sert pour le transport d'eau douce, ou d'eau de mer pour les salines`` (BESCH. 1845). Barque à vivier. ,,Barque destinée au transport du poisson vivant`` (GUÉRIN 1892). Barque d'avis ou aviso. ,,Barque destinée au transport d'ordres`` (Nouv. Lar. ill.). Barque de lamaneur, barque lamaneuse. ,,Celle qui, au Havre, sert pour toutes sortes de pêches`` (Ac. Compl. 1842). Barque latine. ,,Barque à voiles triangulaires`` (Lar. 20e) :
• 3. C'était un gonflement comme un réseau de mer
que l'on a retiré de la vague marine.
C'était un tremblement comme un filet amer
que l'on a mis à sécher sur la barque latine.
PÉGUY, La Tapisserie de Notre-Dame, 1913, p. 819.
♦ Arrimage en travers de barque. Arrimage dans le sens latéral au lieu du sens horizontal. P. ext., en parlant de poids lourds, camions, locomotives, etc. (d'apr. LE CLÈRE 1960) :
• 4. — C'est Cléristin? dit la vieille [marchande de tabac] ... Je n'ai pas encore ton tabac sous la main. Tu m'as tout salopé en foutant mes trucs barque à travers. Ton tabac est là-dessous dans ces caisses.
GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, p. 178.
Rem. 1. Le mot est empl. en poésie comme synon. de navire (cf. PÉGUY, La Tapisserie de Notre-Dame, 1913, p. 676 et LE CLÈRE 1960). 2. Péj. ,,Le nom de barque se donne aussi par dérision à un bâtiment qui a de mauvaises qualités`` (WILL. 1831).
— P. méton. Ensemble de personnes installées dans une barque :
• 5. Mais on verra qui je suis...
Le père! Le Bœuf! Le patron! ... Allez!
Tout le monde en bas. (Il crie vers l'escalier.)
Qu'elles dévalent toutes, toutes! La Parisienne, avec sa peinture! Les filles, les cousines, les pensionnaires, les employées! Toute la barque! Toute la barque!
AUDIBERTI, Les Femmes du Bœuf, 1948, p. 124.
— [P. anal. de fonction] Barque aérienne, barque-oiseau, barque volante (GUILB. Aviat. 1965).
2. P. métaph. ou au fig.
• 6. Il y a dans les traditions littéraires un double fleuve. Le premier coule à découvert; le second, occulte, fut jusqu'en ces dernières années insoupçonné. Ces deux littératures roulent sur le même fond de sable : l'homme et ses vieux malheurs; très souvent, ils s'en vont, parallèles, l'un à fleur de terre, l'autre dedans, — portant au même but, le définitif oubli, d'identiques barques.
GOURMONT, Esthétique de la lang. fr., 1899, p. 257.
• 7. Ce petit garçon qui, à sept ans, débarqua là, d'un bateau que l'opulence de son père avait affrété pour l'amener de Guadeloupe en France faire ses études, y était rapporté par les flots de la vie, dans la barque étroite et triste que l'on sait [son cercueil].
F. JAMMES, Mémoires, 1922, p. 76.
— En partic.
a) MYTH. et POÉT. La barque de Caron (pop. la barque à Caron), la barque fatale, infernale, ou simplement la barque. ,,La nacelle dans laquelle les anciens poètes supposaient qu'après la mort les âmes traversaient le Styx pour entrer dans les enfers`` (Ac. 1932). P. ext., la mort. Passer dans la barque (de Caron). Mourir :
• 8. Ah! je voudrais par quelque pouvoir de conjuration que lui aussi [Allan] m'endorme avec lui pour toujours, me fasse mourir à ce monde de fantômes, et, couchés côte à côte dans la barque funèbre, glisser, enfin morts au monde, vers ce pays inconnu dont une malédiction l'exile et que tout lui rappelle.
GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 131.
b) [La barque errante est le ,,symbole immémorial de la destinée humaine`` (HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 336).] Entreprise, intérêts, affaires privées ou publiques. (Bien/mal) conduire, gouverner, mener la/sa barque. Commander; diriger bien ou mal ses propres affaires ou les affaires publiques :
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 224.
c) [La barque est le symbole de l'Église gouvernée par le pape, en tant que successeur de saint Pierre le pêcheur] La Barque de l'Apôtre, la barque du pêcheur :
• 10. Voilà ce que j'ai vu par le nocturne espace,
en ce monde où l'Agneau divin bêle et trépasse
pour l'âme et pour la chair d'Adam dur et têtu;
où le Sang qui nous lave a perdu sa vertu;
où la barque de Pierre, aux trois courants livrée,
heurte les rocs aigus, et s'en va, démembrée,
en haute mer, portant, sous les cieux assombris,
la pauvre Chrétienté qui charge ses débris.
LECONTE DE LISLE, Poèmes barbares, 1878, p. 346.
• 11. ... quand je vous vois vous acharner à vous mener vous-même en barque, (...), quand je vous vois vous enfoncer dans le mensonge, (...), non que vous mentiez, (...)! mais parce que vous n'arrêtez pas de prendre le faux pour le vrai, de choisir le faux, de préférer le faux, j'ai envie de la prendre, votre tête, (...), et de la poser, crac, devant la vérité, la véritable vérité.
AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, III, p. 182.
B.— Emplois techn.
1. PÊCHE. ,,Sorte de viviers occupant toute la superficie d'une barque pour le transport du poisson vivant`` (Nouv. Lar. ill.).
2. TECHNOLOGIE :
• 12. ... la gemme [de pin] est conservée dans d'immenses réservoirs en bois auxquels on donne le nom de barques.
Ch. COFFIGNIER, Les Vernis, 1921, p. 118.
a) ,,Cuve en bois utilisée dans l'industrie de la teinture et de l'apprêt des tissus, pour contenir certains bains dans lesquels on fera circuler l'étoffe à traiter`` (DUVAL 1959).
b) ,,Sorte de bassin ou grand baquet pour les brasseurs`` (Lar. 19e).
Prononc. :[]. Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — [1238, d'apr. son dérivé barquette]; début XIVe s. barque de cantier « le plus gros canot de bord, chaloupe d'un bateau de mer » (PHILIPPE DE NOVARE, Mémoires, éd. C. Kohler, Paris, 1913, p. 98 : Il et sa gent se recuillirent en la barque de cantier o grant avoir que il portoyent). Rem. Fin XIIe s. indiqué par KLUGE20, s.v. Barke pour une forme pic. n'est pas confirmé par la documentation.
Étant donné le caractère en partie italianisant du texte dont est tirée la 1re attest. fr. (l'aut. est Philippe de Novare, né en Italie), plus prob. empr. à l'ital. barca (BRUNOT t. 16, p. 209; KOHLM., p. 31; WIND, p. 134; VIDOS, p. 236; SAR., p. 43), attesté dép. début XIVe s. (DANTE, Inf., 8-25 dans BATT.) qu'à l'a. prov. barca (REW3, n° 952; COR. t. 1); barca, de même que l'a. prov. barca (dep. XIVe s., Vie de St Honorat dans RAYN.), l'esp. barca (dep. ca 1140, Cid d'apr. COR.) et le port. barca (dep. 911, texte de lat. médiév. d'apr. MACH.) est issu du lat. tardif hisp. barca (v. barge).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 245. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 338, b) 3 572; XXe s. : a) 3 965, b) 2 399.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 168, 262, 264. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 214, 216. — KEMNA 1901, p. 53, 55, 68; pp. 75-76, 114-115; p. 157, 221. — LAMMENS 1890, pp. 45-46. — QUEM. 2e s. t. 2 1971, p. 13. — SAR. 1920, p. 43.
barque [baʀk] n. f.
ÉTYM. Déb. XIVe; ital. barca, du lat. barica, du grec baris « galiote égyptienne » (→ 2. Barge); Guiraud préfère un roman barica, rattachable à barrique.
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♦ Petit bateau de faible capacité, ponté ou non. ⇒ Bateau, embarcation. || Barque à rames, à avirons; barque à voiles. ⇒ Voilier. || Barque de pêcheur. || Le patron de la barque. || Barque de plaisance. || Promenade en barque. || Barque de passage, barque traversière. ⇒ Bac, bachot, toue. || Barque de sauvetage. ⇒ Canot. || Petite barque. ⇒ Barquerolle, barquette, barquot; esquif. || Mauvaise barque. ⇒ Barcasse, coquille (de noix), rafiot. || Conduire une barque; le pilote d'une barque. || Le balancement de la barque. || La barque est secouée (→ Arquer, cit. 2). || La barque prend l'eau. || Amarrer une barque (→ Amarre, cit. 1 et 2). || Les agrès (cit. 1) d'une barque. || Les compartiments d'une barque. || Barque antique à deux rames ou deux rangs de rames. ⇒ Birème. || Sortes de barques. ⇒ Barge, bélandre, 2. bette, biscaïenne, cange, canot, coble, couralin, filadière, gig, gondole, gribane, norvégienne, patache, picoteux, pinasse, pirogue, plate, satteau, saugue, sinagot, taureau, tillole, toue, voirolle, warnetteur.
1 Une barque est au bord; les rameurs, le vent même,
Tout pour notre départ montre une hâte extrême (…)
La Fontaine, Appendice aux Fables, V, 93.
2 J'aperçois un canot vide sur le rivage, emplissons-le de cocos, jetons-nous dans cette petite barque, laissons-nous aller au courant (…)
Voltaire, Candide, 17.
3 Le voyage des Argonautes n'était en comparaison (avec un voyage de circumnavigation) que le passage d'une barque d'un bord de rivière à l'autre.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 34.
4 La barque errante
Berça sur l'onde transparente
Deux couples par l'amour conduits (…)
Lamartine, Méditations, II, 1.
5 (…) une longue chose, plus noire que la nuit, qui doit être une barque, — une barque suspecte et sans fanal, amarrée près de la berge.
Loti, Ramuntcho, I, 8, p. 88.
♦ Par métonymie. Le contenu de la barque. || Toute la barque a pu être sauvée.
♦ ☑ Fig. Mener, conduire la, sa barque : diriger, être le maître. || Il mène bien sa barque : il conduit bien son entreprise. || Mener la barque de l'État (→ Précepte, cit. 2).
6 Je te conjure de tout mon cœur de prendre la conduite de notre barque (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 3.
7 Vous êtes sur les lieux, c'est à vous de conduire la barque.
Mme de Sévigné, 345, 13 novembre 1673.
8 Cela dit, fais ce que tu voudras. Je me sens de taille à mener la barque tout seul.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXXII, p. 221.
9 C'est moi qui mène la barque, c'est moi qui décide.
F. Mauriac, la Pharisienne, 41.
♦ ☑ Loc. fam. Mener qqn en barque, le tromper, le faire marcher. ⇒ Bateau (mener en). — ☑ Charger la barque : être trop ambitieux ou imposer une charge excessive à qqn, un groupe. || « “Il ne faut pas trop charger la barque ni imposer aux agriculteurs trop de réformes à la fois”, a expliqué le ministre » (le Monde, 30 juil. 1999, p. 32).
♦ Myth. || La barque de Charon (Caron), la barque fatale, infernale : la nacelle dans laquelle le nautonier Charon passait les âmes qui traversaient le Styx pour entrer dans les Enfers.
10 D'empêcher que Caron, dans la fatale barque,
Ainsi que le berger ne passe le monarque :
C'est d'un scrupule vain s'alarmer sottement (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
11 Je vois déjà la rame et la barque fatale (…)
Racine, Iphigénie, Préface.
♦ Aussi, dans ce sens : la barque.
12 Elle pourrait bien passer un jour dans la barque comme les autres (…)
Mme de Sévigné, 265.
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DÉR. et COMP. Barcasse, barquette, barquot. Débarquer, embarquer.
Encyclopédie Universelle. 2012.