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bernique

bernicle [ bɛrnikl ] ou bernique [ bɛrnik ] n. f.
• 1742; bret. bernic
Patelle. « Nous prenions les berniques au bout de nos couteaux, et nous les mangions toutes vivantes » (Loti). bernique bernique [ bɛrnik ] interj.
• 1756; p.-ê. de bren « son »
Fam. et vieilli Exprime que l'espoir qu'on a est mal fondé et sera déçu. rien (à faire). « Il faut de l'argent pour être heureux; sans argent, bernique ! » (Balzac). macache.

⇒BERNIQUE, interj.
Pop. [Exprime le désappointement] Plus rien, rien à faire! Vous comptez sur lui : bernique! (Ac. 1798-1932) :
1. PÈRE UBU. — Bernique! Débrouille-toi, mon ami; pour le moment, nous faisons notre Pater Noster. Chacun son tour d'être mangé.
JARRY, Ubu Roi, 1895, IV, 6, p. 77.
2. Je leur donnais des cigares et ils n'aimaient pas le tabac. Alors, bernique, c'est fini. Plus de cadeaux.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 115.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1725 arg. brenicle (GRANVAL, Cartouche, gloss. dans SAIN. Lang. par., p. 77 : Brenicle, rien, non); 1756 bernique (J.-J. VADÉ, Nicaise, p. 62 : [Mme Clément :] Mais sçachons donc pour quel motif vous ne voulez plus de ma nièce ... Julien, Bernique, J'aime st'objet charmant. Nicaise, ça Manzell'Angelique [?]).
Orig. obsc.; l'hyp. la plus vraisemblable est celle d'une forme normanno-pic., dér. de bren, bran « excrément, ordure » lui-même empl. comme interj. dep. le XVe s.; à rapprocher des dér. emberniquer, déberniquer ... (berniquet), répandus dans le Nord-Ouest et le centre de la France; un croisement est possible avec d'autres interj. d'un emploi similaire au XVIe s. : brique euphémisme pour bren (HUG.) et nique (J. Orr, v. bbg.); SAIN. Lang. par., p. 77, P. GUIRAUD, L'Arg., p. 24 et K. E. M. George dans Fr. Mod., t. 38, p. 309 voient dans bernique le même mot que bernicle « coquillage » d'où « objet sans valeur », mais cette hyp. est rejetée sans doute avec raison par EWFS2 et J. Orr; il en est de même pour celle de L. Spitzer dans Z. rom. Philol., t. 42, p. 193, qui rattache bernique au nom d'un jeu de cartes connu en Picardie : jeu de barnik ou bernik, sorte de jeu de drogue (qui aurait désigné primitivement les coups donnés avec le jeu de cartes sur les doigts du perdant : le perdant ayant bernique « rien » au lieu du gain espéré) rapproché lui-même de bernicles « instrument de torture » du XIIIe s. (JOINVILLE, S. Louis dans GDF.), et de bericle, besicles « lunettes ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :28.
BBG. — GEORGE (K. E. M.). Formules de négation et de refus en fr. pop. et arg. Fr. mod. 1970, t. 38, p. 309. — ORR (J.). Autres étymol. scabreuses. In : Essais d'étymol. et de philol. fr. Paris, 1963, pp. 46-49.

bernicle [bɛʀnikl] ou bernique [bɛʀnik] n. f.
ÉTYM. 1742; breton bernic.
Patelle (→ Régal, cit. 2).
1 Nous prenions les berniques au bout de nos couteaux, et nous les mangions toutes vivantes, en mordant à même dans nos tartines (…)
Loti, Mon frère Yves, XXI, 73.
2 Impossible de ne pas succomber un peu au désespoir, et l'armée du souvenir, etc., en profita, lâcha sur nous ces sensations maudites de l'enfance, celles qu'on ne retrouvera jamais plus (…) de délicats animaux, d'anémones de mer et de bernicles, ces perceptions fragiles et muettes (…)
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 23.
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bernique [bɛʀnik] interj.
ÉTYM. 1756; bernicle (argot), 1725; p.-ê. de bren « son », et, fig., « ordure, merde », le rattachement à bernique « patelle » ou au picard barnik « jeu » est sans base sûre.
Fam., vieilli. Exprime que l'espoir qu'on a est mal fondé et sera déçu (Littré). Non, rien (à faire).
1 Il faut de l'argent pour être heureux; sans argent, bernique !
Balzac, in Pierre Larousse.
2 Mais pour en savoir plus, bernique !
Bernanos, Un crime, in Œ. roman., Pl., p. 729.
3 Elle m'a déjà fait essayer beaucoup de pentes quand nous faisions du ski mais quant à essayer la vie pour lui dire quel goût elle a, bernique ! Qu'elle s'y frotte et s'y pique.
Benoîte et Flora Groult, Journal à 4 mains, p. 42.
tableau Principales interjections.

Encyclopédie Universelle. 2012.