bigle [ bigl ] adj. et n.
• 1471; de biscler → bigler
♦ Vieilli Qui louche. ⇒ bigleux; vx 1. louche. « Il était bigle, c'est-à-dire qu'un de ses yeux ne suivait pas les mouvements de l'autre » (Balzac). Un regard bigle.
⊗ HOM. Beagle.
● bigle adjectif et nom Familier et vieux. Bigleux. ● bigle (homonymes) adjectif et nom beagle nom masculin
I.
⇒BIGLE1, adj.
Qui louche. Un homme, un regard bigle; avoir les yeux bigles :
• 1. ... il fut plus grand liseur que moi. Car il était bigle et, guignant de l'œil, il lisait deux pages à la fois.
A. FRANCE, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 351.
Rem. Attesté comme ,,vieilli`` ou ,,peu usité`` par l'Ac. 1835-1932, BESCH. 1845, LITTRÉ, DG et QUILLET 1965.
— P. métaph. :
• 2. Ses paroles mêmes étaient toutes déroutées, bigles comme ses regards. On ne savait positivement plus à qui il s'adressait.
A. DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, p. 159.
• 3. Et on fabrique de toi une image bigle et cela est toujours possible. Et l'on démontre ta bassesse et cela est toujours possible.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 858.
— Emploi subst. Le bigle a souri à la jeune fille (SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944 p. 969).
Rem. On rencontre dans la docum. un ex. où bigle de jambes signifie « dont les jambes ne sont pas symétriques, boiteux » : ,,Et l'enfant, tu le trouves assis sur le mur bas, les jambes pendantes. Et les autres lui lancent des pierres : « Eh! toi qui ne sais point courir, bigle de jambes! »`` (SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 936) et le néol. biglerie, subst. fém., fam. Fait d'être bigle, myopie, strabisme. Au fig. ,,Et le troisième tiers (...), le voilà qui trouve sa foi dans ce monument de logique que tu as imposé de construire. Et ta biglerie le pousse à vomir`` (SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 858).
PRONONC. ET ORTH. :[]. Var. bicle (cf. bicler) ds BESCH. 1845 et Lar. 19e (avec la mention ,,s'est dit`` ou ,,autrefois``).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1336 bigre « qui louche » (A.N. JJ 70, f° 58 r°, sans contexte dans GDF. Compl.); 1471 bigle (Lettre de Louis XI, IV, pp. 299-300; v. n° 33 dans Fr. mod., t. 4, p. 340); cf. 1550 (B. DE LA GRISE, trad. de GUEVERA, l'Orloge des Princes, II, 10 dans HUG.).
Prob. malgré le hiatus chronol., déverbal de biscler avec attraction de aveugle, v. bigler (FEW t. 1, p. 380; BL.-W.5; voir W. v. Wartburg dans R. de dialectol. rom., t. 3, p. 459). L'hyp. d'un empr. au prov. mod. biscle [PALAY, p. 155 « qui louche »] (EWFS2) que l'on fait remonter au lat. bisoculus (EWFS2) (d'où fr. biseuil « qui louche ») fait difficulté du point de vue de l'accentuation, qui proviendrait de bisclar (cf. ang. bicler < bisoculare) apr. généralisation du rad. faible.
STAT. — Fréq. abs. littér. :31.
BBG. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 68, 192; t. 2 1972 [1925], p. 322. — SIGURS 1963/64, p. 38.
II.
⇒BIGLE2, subst. masc.
Chien courant anglais, employé pour la chasse au lièvre et au lapin :
• La robe noire des épagneuls luisait comme du satin; le jappement des talbots valait celui des bigles chanteurs.
FLAUBERT, Trois contes, La Légende de st Julien l'Hospitalier, 1877, p. 89.
PRONONC. ET ORTH. :[]. Les dict. consultés admettent également l'orth. anglaise beagle (LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906, Lar. 20e, ROB., Lar. encyclop., QUILLET 1965), et l'orth. fr. bicle (Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1650 bigle (MÉN. : Bigles. Ce sont ces petits chiens de chasse qui nous sont venus d'Angleterre, semblables à nos briquets); 2. 1885 beagle (GUY, Plume et Poil, p. 35 dans BONN. : Comment voulez-vous que ces malheureux petits beagles, gros comme le poing, chassent la bête noire?)
1 empr. à l'angl. beagle « id. » (BONN.; BOULAN, p. 100; MACK. t. 1, p. 76; NYROP t. 1, § 66; FEW t. 18, pp. 20-21) au moment où cette race de chien fut introduite en France. 2 représente un nouvel empr. dû à l'anglomanie du XIXe s. Le m. fr. beegueule « criailleur, insolent et importun » (1470 dans GDF.) cf. bégueule est peut-être à l'orig. de l'angl. (ODEE; KLEIN Etymol.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1.
BBG. — BEHRENS Engl. 1927, p. 186. — BONN. 1920, p. 9. — BOULAN 1934, p. 100.
1. bigle [bigl] adj. et n.
ÉTYM. 1471, altér., p.-ê. d'après (aveugle) bigre, 1336; orig. incert., p.-ê. du provençal biscle, du lat. pop. bisoculus, de bis-, et oculus « œil »; Guiraud préfère y voir un doublet du régional bigue, bigot « boiteux », du rad. big. → Bigler.
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♦ Vx. Qui louche. ⇒ Bigleux, 1. louche. || Un enfant bigle. || Un regard bigle.
0 (…) ce drôle offrait je ne sais quoi de sinistre. Il était bigle, c'est-à-dire qu'un de ses yeux ne suivait pas les mouvements de l'autre (…)
Balzac, les Paysans, XI, Pl., t. VIII, p. 182.
REM. Le féminin biglesse (fréquent chez Sévigné) est aujourd'hui inusité.
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DÉR. Biglerie, bigleux.
HOM. Beagle, 2. bigle.
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2. bigle [bigl] n. m.
ÉTYM. 1650, Ménage; angl. beagle (1475), d'orig. inconnue, p.-ê. du moy. franç. beegueule « insolent, importun », de bée, et gueule.
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♦ Chien courant, basset à jambes droites, utilisé pour chasser le lièvre et le lapin. — Var. : beagle (1858).
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HOM. Beagle, 1. bigle.
Encyclopédie Universelle. 2012.