bordée [ bɔrde ] n. f.
• 1546; de bord
1 ♦ Vx Ligne de canons rangés sur chaque bord d'un vaisseau. Par ext. Décharge simultanée des canons d'un même bord. — Mod. Salve de l'artillerie du bord. Lâcher sa bordée. — Loc. fig. Une bordée d'injures, d'insultes.
2 ♦ (1704) Partie de l'équipage de service à bord. Bordée de bâbord, de tribord, de quart.
3 ♦ Route parcourue par un navire qui louvoie sans virer de bord. Faire, courir une bordée. Tirer des bordées. ⇒ louvoyer; bord.
♢ Loc. fam. (1833) Tirer une bordée : courir les bars, les cabarets. ⇒ virée.
● bordée nom féminin (de bord) Poids de projectiles lancés en une minute par toutes les armes d'une unité. Ensemble des canons rangés sur chaque bord d'un navire de guerre. Décharge simultanée des canons d'une même batterie. Route que suit un navire qui louvoie sous les mêmes amures ; temps que le parcours a duré. Chacune des deux parties de l'équipage. ● bordée (expressions) nom féminin (de bord) Familier. Bordée d'injures, suite d'invectives violentes. Bordée de neige, au Canada, chute de neige très abondante. Populaire. Tirer une bordée, en parlant des matelots ou des militaires, courir les cafés, les lieux de plaisir. Tirer des bordées, synonyme de tirer des bords. ● bordée (homonymes) nom féminin (de bord) bordé nom masculin border verbe ● bordée (synonymes) nom féminin (de bord) Tirer des bordées
Synonymes :
bordée
n. f.
d1./d MAR Décharge simultanée de tous les canons du même bord d'un navire.
|| Fig. Une bordée d'injures.
d2./d Moitié de l'équipage d'un navire.
d3./d MAR Chemin que parcourt un navire qui louvoie entre deux virements de bord.
d4./d Fig., Fam. être en bordée, en escapade.
⇒BORDÉE, subst. fém.
MARINE
A.— [En parlant du mouvement d'un navire ou du service à bord]
1. Chemin parcouru par un bâtiment sans virer de bord. Continuer sa bordée, courir la bordée, prolonger la bordée (Voyage de La Pérouse, t. 2, 1797, p. 24, 44, 335); pousser des bordées (GIDE, Le Voyage d'Urien, 1893, p. 20) :
• 1. Les vents de sud nous attendaient à une lieue au large de la pointe de Clostercam; ils furent d'abord clairs et très-modérés : nous louvoyâmes avec assez de succès, et les bordées nous furent favorables.
Voyage de La Pérouse, t. 3, 1797, p. 79.
• 2. Cependant le nageur et le navire approchaient insensiblement l'un de l'autre; dans une de ses bordées, le petit bâtiment vint même à un quart de lieue à peu près de Dantès. Il se souleva alors sur les flots, agitant son bonnet en signe de détresse; ...
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 259.
— P. ext. [En parlant d'une distance quelconque parcourue à pied] :
• 3. Les copains coururent quelques bordées à la recherche d'une auberge.
ROMAINS, Les Copains, 1913, p. 128.
2. P. méton. Partie de l'équipage affectée au service à bord sur un côté du navire en marche ou au repos. Prendre leur bordée (FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 386); Le soir venu, la bordée de jour remontait pour être remplacée par la bordée de nuit. (VERNE, Les 500 millions de la Bégum, 1879, p. 88) :
• 4. À onze heures, les passagers et John Mangles regagnèrent leurs cabines. À l'avant, la bordée de quart se promenait sur le pont du yacht. À l'arrière, l'homme de barre était seul à son poste.
VERNE, Les Enfants du Capitaine Grant, t. 3, 1868, p. 226.
3. Arg. Absence illégale, débauche qui se prolonge. Coupeau tira une bordée, cette nuit-là. (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 780); un marin en bordée (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 43) :
• 5. — ... Pas honteux! ... l'iniforme français... troufés saouls sur la foie piplique... en pordée ... sâles comme des cochons! ... ah nom de tieu de nom de tieu! ... et brigatier encore! ... cavalier de 1re classe! ...
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e partie, 10, p. 207.
B.— ARTILL. DE MAR.
1. [P. anal. de A 2] Ligne d'artillerie disposée au complet sur le flanc d'un vaisseau.
— P. méton. Décharge simultanée de tous les canons situés d'un même côté du navire. Lâcher une bordée (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 95) :
• 6. ... la batterie de la pointe des galets fit acte d'hostilité. Le Léopard répondit par une bordée de coups de canon et mit à terre un détachement qui, avec le concours du chef des Travaux publics Decugis et d'un groupe local rempli d'ardeur, eût tôt fait de régler l'incident.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 55.
— P. ext. Salve d'artillerie ou fusillade particulièrement nourrie :
• 7. Déjà, malgré les chevaux tués, malgré le désordre que la bordée meurtrière avait jeté parmi les rangs, toute la batterie remontait une pente, venait s'établir plus en avant, à quelques mètres de l'endroit où Maurice et Jean étaient couchés.
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 313.
— Région. Grosse quantité de. Quelques bordées de grêlons (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, p. 31). Au Canada. Une grosse bordée de neige (G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 94).
2. Fig. et fam. Attaque verbale, grosse quantité de ... La bordée de boutades (BALZAC, La Maison Nucingen, 1838, p. 596); Le colonel lança une bordée de jurons (VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 165); une bordée de bêtises (G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 384) :
• 8. D'autres, au rebours, s'énervaient, renversaient des bancs, se heurtaient au poêle, balayaient à grands gestes hasardeux les quarts et les gamelles accrochés à des clous; jusqu'au moment où de la chambrée unanime, arrachée à sa bienheureuse torpeur, s'élevait une bordée d'injures qui leur permettait enfin de repérer leur place au son des voix connues.
AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 73.
— Absol. Essuyer la première bordée (HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 23).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1546 « espace parcouru par un navire au plus près du vent, sans virer de bord » (Convention entre le comte d'Eu et les habitants du Tréport, 4 oct. dans JAL1); 1833 fig. et fam. tirer une bordée « aller de cabaret en cabaret » (Vidal dans LARCH. 1880); 2. 1690 (FUR. : Bordée. Pieces d'artillerie qui sont le long des côtez d'un vaisseau); av. 1755 fig. « beaucoup d'injures dites à la fois » (SAINT-SIMON, 264, 30 dans LITTRÉ); 3. 1704 « partie de l'équipage de service à bord » (Trév.); d'où 1845 (BESCH. : Bordée [...] Ensemble des hommes qui composent la bordée).
Dér. de bord étymol. A; suff. -ée.
STAT. — Fréq. abs. littér. :763. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 011, b) 1 278; XXe s. : a) 1 145, b) 1 008.
BBG. — MILLEPIERRES (F.). Mots venus de la mer. Vie Lang. 1961, p. 22. — ROG. 1965, p. 98. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 166.
bordée [bɔʀde] n. f.
ÉTYM. 1546, sens 3; de bord.
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♦ Marine.
b Décharge simultanée des canons d'un même bord. — Mod. Salve de l'artillerie du bord. || Bordée de coups de canon. || Lâcher sa bordée.
1 L'un des vaisseaux lâcha à l'autre une bordée.
Voltaire, Candide, 20.
2 (1704). Partie de l'équipage de service à bord. || Bordée de bâbord, de tribord, de quart. || Petite, grande bordée.
3 Route parcourue par un navire qui louvoie sans virer de bord. || Faire, courir une bordée. || Tirer des bordées. ⇒ Louvoyer.
2 Nous fûmes obligés de courir des bordées entre l'île et la côte d'Asie (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, II, 13.
3 La « Claymore » quitta Bonnenuit, passa devant Boulay-Bay, et fut quelque temps en vue, courant des bordées (…)
Hugo, Quatre-vingt-treize, I, II, 1.
♦ ☑ Loc. fig. (1833). Courir, tirer une bordée : aller de cabaret en cabaret (en parlant des marins, et, par anal., de militaires, de jeunes, etc.). → Cavaler, cit. 5.
4 (…) trois jeunes hommes à la tournure délurée, à la tête intelligente, qui couraient leur bordée de départ au moment de s'en aller en Chine.
Loti, Mon frère Yves, LXXI, p. 170.
♦ Spécialt. Marcher en titubant. Syn. : tirer des bords. ⇒ Bordailler.
4.1 Cette indécise allure convient à l'heure nocturne et au quartier, où il est habituel de marcher en louvoyant, ou, comme disent encore les marins, de tirer des bordées.
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 87.
♦ Par anal. (avec la bordée des marins). Débauche, beuverie systématique dans un ou plusieurs cabarets. ⇒ Virée.
♦ Argot mar. et régional. Absence non autorisée. ⇒ Escapade.
4 (Métaphore du sens 1 : coups de canon). || Une bordée de… Grande quantité (de ce qui est assimilé à des coups).
4.2 Une bordée de rires accueillit cette réponse.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 8.
♦ (Av. 1755). || Une bordée d'injures, d'insultes. ⇒ Cascade. || Recevoir, essuyer une bordée d'injures.
4.3 Cette banderille, encore qu'hypothétique, plantée dans son dos, Martial vit rouge. Il ne rêva plus que viol, persécution et bordées d'injures.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 93.
♦ Ellipt. et vx. || Une bordée.
5 C'était le seul homme qui l'eût subjugué (M. le duc), et qui lâchait quelquefois des bordées effroyables (…)
Saint-Simon, Mémoires, 264, 30.
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HOM. Bordé, border.
Encyclopédie Universelle. 2012.