bovarysme [ bɔvarism ] n. m.
• 1865; de Madame Bovary, roman de Flaubert
♦ Évasion dans l'imaginaire par insatisfaction; pouvoir « qu'a l'homme de se concevoir autre qu'il n'est » (J. de Gaultier).
● bovarysme nom masculin (du nom de l'héroïne du roman de Flaubert, Madame Bovary) Comportement d'une femme que l'insatisfaction entraîne à des rêveries ambitieuses ayant un rôle compensatoire.
bovarysme
n. m. Insatisfaction de soi de nature romanesque. Barbey d'Aurevilly a forgé le mot bovarysme pour définir le trouble de l'héroïne du roman de Gustave Flaubert Madame Bovary.
⇒BOVARYSME, subst. masc.
[P. réf. au principal personnage du roman de G. Flaubert] ,,Faculté départie à l'homme de se concevoir autre qu'il n'est en tant que l'homme est impuissant à réaliser cette conception différente qu'il se forme de lui-même`` (GAULTIER, Le Bovarysme, 1902, p. 217) :
• Rosette, la concubine d'Antoine Quérard nom d'un personnage de Ch. Bataille dans un roman du même nom, reste donc sa concubine, mais, comme elle aime Paul et qu'elle le lui a dit, elle se dégrade de plus en plus, et, dès cette heure, elle passe à l'état de bovarisme absolu.
BARBEY D'AUREVILLY, Les Œuvres et les hommes, Les Romanciers, Paris, Amyot, 1865, p. 290.
Rem. On rencontre dans la docum. les néol. a) Bovaryque, adj. Propre au bovarysme. Conceptions, mensonges bovaryques. ,,Il n'est de réalités que de cette sorte, et ces réalités il n'est pas permis de les contester. Les raisonnements que l'on poursuit à leur occasion peuvent être justes ou erronés, mais elles-mêmes ne sont ni vraies, ni fausses, elles existent. Tel est le caractère de la formule bovaryque : elle n'est pas la conclusion d'un raisonnement, elle est l'expression d'un mode de vision et peut devenir aussi une méthode de vision`` (ID., ibid., p. 55). b) Bovaryser, verbe intrans. Avoir le comportement de l'héroïne de l'œuvre de G. Flaubert : Madame Bovary. ,,Réfugié, faute d'argent pour continuer des études très mal commencées à Coïmbre, chez les deux tantes : la bigote sauvage et la bigote sentimentale qui déjà hébergaient le doux maniaque « l'Amiral » (...) le Héros [d'un roman] bovaryse éperduement`` (LARBAUD, Jaune, bleu, blanc, 1927, p. 253).
Prononc. et Orth. :[]. Barbey d'Aurevilly (cf. ex. supra) écrit bovarisme p. anal. avec les autres mots en -isme formés à partir d'un nom propre : Don Juanisme, Gaullisme, etc. L'alternance /y dans ce mot est à rapprocher de celle qu'on note dans Trotskysme (cf. Pt ROB.) écrit aussi trotskisme (cf. Lar. encyclop. et Pt ROB. II). Cette rem. peut s'appliquer également à bovaryste alternant avec bovariste, cf. infra. Étymol. et Hist. 1865 bovarisme, supra. Dér. du rad. de bovaryste; suff. -isme. Fréq. abs. littér. :116.
BBG. — MIGLIORINI (B.). Dal Nome proprio al nome comune. Florence, 1968, p. 72. — ROG. 1965, p. 120.
bovarysme [bɔvaʀism] n. m.
ÉTYM. 1865, Barbey d'Aurevilly; de (Madame) Bovary, roman de Flaubert.
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♦ Didact. Pouvoir « qu'a l'homme de se concevoir autre qu'il n'est » (J. de Gaultier, le Bovarysme, 1902, in Lalande) et « par suite, de se faire une personnalité fictive, de jouer un rôle qu'il s'attache à soutenir malgré sa vraie nature et malgré les faits » (Lalande). — (Psychol.). Attitude psychologique dans laquelle ses aspirations insatisfaites, alliées à un manque d'autocritique, poussent le sujet (généralement une femme, pour des raisons socioculturelles) à s'évader d'une réalité qu'il juge médiocre pour se réfugier dans une vie imaginative et romanesque, surtout dans le domaine sentimental. — Cour. Évasion dans l'imaginaire par insatisfaction.
1 Somme toute, nous ne sommes pas très loin ici, me semble-t-il, de ce que M. Jules de Gaultier appellera le bovarysme — nom qu'il donne, d'après l'héroïne de Flaubert, à cette tendance qu'ont certains à doubler leur vie d'une vie imaginaire.
Gide, Dostoïevsky, p. 236.
2 Le même bovarysme (…) qui chez l'un aboutit à l'échec, peut aboutir chez un autre à la réussite.
A. Porot, citant J. Delay, Névrose et Création, 1954, in Manuel alphabétique de Psychiatrie, 1975.
Encyclopédie Universelle. 2012.