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BOURDAINE
BOURDAINE

BOURDAINE

L’écorce de la bourdaine (Frangula alnus Miller ou Rhamnus frangula L.; rhamnacées), violacée et mouchetée de claires lenticelles liégeuses, est sans doute le meilleur purgatif végétal de la flore européenne. On le sait au moins depuis le XIIIe siècle (Pietro Crescenzi), mais les premières descriptions et figures de l’arbrisseau datent de la Renaissance (Tragus, Matthioli, Dodoens). On distingua assez tôt les effets de la drogue fraîche, purgative et vomitive, de ceux, laxatifs, de l’écorce sèche. Des travaux récents ont précisé sa composition et ses usages.

L’écorce de bourdaine renferme des composés anthraquinoniques (franguline en particulier) qui se dédoublent en sucres et en oxyméthylanthraquinones à action laxative. Fraîche, elle possède un principe amer irritant (rhamnotoxine) qui disparaît à l’ébullition et à la dessiccation. Le produit officinal devrait avoir au moins trois ans. Ce laxatif doux, également cholagogue, vermifuge, favoriserait en sus le travail de la rate; il combat très efficacement la constipation. Particulièrement indiquée dans les cas de sensibilité de l’intestin, aux femmes enceintes, aux hémorroïdaires, à ceux qui ont subi une opération de l’abdomen, aux enfants, la bourdaine est bénéfique aux hépatiques, aux obèses, contre la cellulite. Elle ne produit ni irritation ni accoutumance. Son action est cumulative, durable après administration. Il faut, pour l’infusion, 15 à 30 grammes par litre d’eau (ou une cuillerée à café d’écorce brisée par tasse); aromatiser à la menthe, à l’anis, etc.; une tasse le soir. On peut prendre la poudre d’écorce (de 1 à 2 g dans de la confiture) au début des repas. La décoction a été employée utilement en usage externe contre la gale et certaines dermatoses. Les fruits, non comestibles, irritants, sont tinctoriaux. Verts, ils teignent la laine en jaune, mûrs en gris bleuâtre, mûrs et fermentés en un vert très résistant.

bourdaine [ burdɛn ] n. f.
• 1410; borzaine v. 1200; p.-ê. refait sur l'a. fr. bourd « bâtard », lat. burdus « mulet »
Arbuste des sous-bois humides (rhamnacées), appelé aussi aulne noir, dont l'écorce est utilisée pour ses vertus laxatives. Nerprun bourdaine. Tisane de bourdaine.

bourdaine nom féminin (préroman burgena) Variété de nerprun croissant dans les bois frais, dont le bois fournissait autrefois le charbon des poudres à canon, et dont l'écorce fournit une tisane purgative. (La bourdaine est parfois confondue avec l'aulne.)

⇒BOURDAINE, subst. fém.
BOT. Arbrisseau de la famille des rhamnacées, à l'écorce purgative et dont le bois sert à la fabrication de la poudre de chasse ou de la poudre à canon. Synon. aulne noir, pastel bourd. Le bois de bourdaine est seul employé en France pour les poudres de guerre et de chasse (A. LEDIEU, E. CADIAT, Le Nouv. matériel naval, t. 1, 1890, p. 40) :
Un ramier s'échappait des cimes (...) et, çà et là, traînaient, abandonnées, de ces tiges de bourdaines que les tresseurs de paniers n'ont pas trouvées assez droites ou assez saines, après les avoir coupées.
CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 27.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. des XIXe et XXe siècles.
Prononc. et Orth. :[]. Durée mi-longue sur [] ouvert dans PASSY 1914. (Pour l'indication d'une durée longue, cf. FÉL. 1851, LITTRÉ et DG). Ac. 1798 donne uniquement bourdaine. Ac. 1835 et 1878 admettent bourdaine ou bourgène. On retrouve cette dernière forme à côté de bourdaine dans BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, Nouv. Lar. ill., GUÉRIN 1892, DG (qui la transcrit : bour-jèn), Pt Lar. 1906, Lar. 20e, ROB. et QUILLET 1965. Ac. Compl. 1842 introd. bourdaigne qu'on rencontre également dans Lar. 19e et Nouv. Lar. ill. Étymol. et Hist. Av. 1204 a. norm. borzaine (Charte citée par P. Meyer dans Romania, t. 1, p. 422); apr. 1350 (?) bourdaine (Usem. de la for. de Brecelien, Cart. de Redon, Eclairc., CCCLXXX dans GDF. Compl.); cf. début XVe s. norm. bourdaine (Coutumier des foréts Evreux, Moutiers, Roseux dans DELISLE, La Classe agricole ... en Normandie, New-York, s.d., p. 352); dans les dict. sous la forme bourdaine à partir de COTGR.; 1775 bourgène (VALMONT DE BOMARE, Dict. d'hist. nat., Paris, Brunet, p. 543). Orig. obsc.; le mot est aussi attesté par le topon. lat. Boscum de Bordena (XIIIe s. dans FEW t. 21, 1, p. 115a) aujourd'hui la Bourdaine, Seine-Maritime; il représente un pré-roman burgena, dér. d'un type contenu dans le basque burgi, v. bourg-épine; les formes en -rd- issues de -rg-sont caractéristiques des parlers de l'Ouest (cf. ardille pour argile, FEW t. 1, p. 137a). Fréq. abs. littér. :3.
BBG. — CARNOY (A.). Probl. ling. Broussailles et proto-i.-e. Orbis 1956, t. 5, p. 112. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 133.

bourdaine [buʀdɛn] ou (rare) bourgène [buʀʒɛn] n. f.
ÉTYM. Après 1350, bourdaine; bourgène, 1775; orig. obscure, p.-ê. de l'anc. normand borzaine (v. 1200), d'une forme préromane burgena (cf. basque burgi), les formes en -rd- issues de -rg- étant caractéristiques des parlers de l'Ouest.
1 Arbuste (Rhamnacées) à écorce laxative et dont le bois sert à la fabrication de la poudre de chasse.
0 Il se trouvait en fait au seuil d'une forêt de bouleaux doucement vallonnée que parsemaient des taillis de bourdaine.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 182.
tableau Noms d'arbres, arbustes et arbrisseaux.
tableau Noms de plantes médicinales.
2 Tisane faite avec l'écorce de cet arbre. || Une tasse de bourdaine.

Encyclopédie Universelle. 2012.