carabin [ karabɛ̃ ] n. m.
• 1803; carabin de Saint Côme « élève chirurgien » 1650; « cavalier » 1575; p.-ê. de escarrabin, mot du Midi, de la famille de escarbot « nécrophore », par métaph.
♦ Fam. et vieilli Étudiant en médecine.
● carabin nom masculin (peut-être altération du moyen français escarrabin, ensevelisseur de pestiférés) Aux XVIe et XVIIe s., soldat de la cavalerie légère. Familier. Étudiant en médecine.
⇒CARABIN, subst. masc.
A.— Vieux
1. Soldat armé d'une carabine, chargé de harceler l'ennemi.
— P. ext. Personne qui agit sans esprit de suite; en partic. ,,Homme qui, dans une conversation, dans une dispute, ne fait que jeter quelques mots vifs, et puis se tait, ou s'en va`` (Ac. 1835-78). Il a tiré son coup en carabin (Ac. 1835-78).
— JEUX. Celui qui hasarde volontiers un coup sans prendre une part suivie au jeu.
2. P. anal. ,,Garçon chirurgien qui ne restait que quelque temps dans le même hôpital`` (Ac. 1932).
B.— Usuel, fam.
1. Étudiant en médecine :
• 1. Je ne récrirai pas ma vie elle est devant moi sur la table
Elle est comme un cœur de chair arraché pantelant lamentable
Un macchabée aux carabins jeté pour la dissection.
ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, p. 93.
— [P. réf. à l'esprit, aux mœurs, aux traditions partic. de ces étudiants] Blague, plaisanterie, gouaillerie, audaces, inconscience de carabin; mystification de salle de garde et de carabin :
• 2. ... son mépris des hommes, de leurs vices, de leurs malheurs, s'envenime avec l'âge et les forfanteries de carabin qui l'ont aidé si longtemps ne suffisent plus à le rassurer.
BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 934.
— Emploi subst. apposé :
• 3. L'esprit carabin se perd, mon ami; on nous remplace par des types à lunettes, des coupeurs de fil en quatre, des physiciens, des chimistes...
BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1405.
— Emploi adj. :
• 4. Tu me trouvais un peu carabin. Je dégradais mon intelligence en laissant s'atrophier en moi les qualités délicates de la vie affective.
BARRÈS, Leurs figures, 1901, p. 295.
2. Péj., plus rare. Médecin :
• 5. — Quatre jours! maugréa le chevalier dès que le docteur fut parti, c'est impossible; ce carabin veut ma mort.
THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, p. 189.
Rem. On rencontre ds certains dict. a) Le subst. fém. pop. carabine, désignant la maîtresse d'un carabin ou, p. ext., la maîtresse d'un étudiant. Attesté ds Lar. 19e, GUÉRIN 1892 ainsi que LARCH. 1872, FRANCE 1907 et ESN. 1966. b) Le subst. fém. carabinade, fam., inus. Farce, plaisanterie de carabin, d'étudiant en médecine. Il a fait une carabinade, et s'en est allé (Ac. 1835-78). Attesté ds tous les dict. du XIXe s., ds Lar. 20e et Lar. encyclop.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1583-90 carabin « soldat de cavalerie légère » (BRANTÔME, Capitaines estrangers, le duc d'Albe, I, 106 ds HUG.), terme hist. dep. Trév. 1704; d'où p. métaph. iron. 2. 1650 carabin de St Côme [patron des chirurgiens] « chirurgien » (L. RITHER, L'Ovide bouffon, 2, 109 ds QUEM.); p. ext. 3. 1803 carabin « étudiant en médecine » (Courrier des spectacles, 24 pluviose an XI ds Fr. mod., t. 13, p. 291). Orig. incert.; 1 est peut-être une altération du m. fr. (e) scarrabin « ensevelisseur des pestiférés » (dep. 1521, Arch. munic. de Montélimar ds GDF.; devenu carabin au XVIIe s., ibid.), mot qui appartient prob., p. métaph. iron., à la famille de escarbot, certains de ces insectes fouillant la terre ou le fumier (v. FEW t. 11, s.v. scarabaeus; BL.-W5; DAUZAT 1973; EWFS2); l'évol. sém. s'explique prob. par la réputation qu'avaient les soldats carabins de faire rapidement passer leurs ennemis de vie à trépas. 2 est issu de 1 en raison de la mauvaise renommée des chirurgiens et parce qu'ils faisaient penser à des soldats enrôlés sous la bannière de St Côme, leur patron. Fréq. abs. littér. :61. Bbg. BROSSOLLET (J.). Sur qq. traces des anc. épidémies de peste ds la lang. et la lég. Vie Lang. 1971, p. 101. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 3. — POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 300 (s.v. carabinade). — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 116, 380; t. 2 1972 [1925], p. 342; t. 3 1972 [1930], p. 107.
carabin [kaʀabɛ̃] n. m. et adj.
ÉTYM. 1803; « cavalier », v. 1585; carabin de Saint-Côme « élève chirurgien », 1650; p.-ê. de escarrabin « ensevelisseur de pestiférés », mot du Midi, de la famille de escarbot « nécrophore », et, par métaphore, « soldat de cavalerie légère »; pour P. Guiraud, carabin ne peut, pour des raisons chronologiques, être rattaché à escarrabin; mais la relation entre les sens 1 et 2, bien établie, est d'ordre métaphorique.
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1 Anciennt. Soldat de cavalerie légère, au XVIe siècle. || L'arquebuse longue ou carabine (1.), arme du carabin.
2 (1803). Mod., fam. Étudiant en médecine. — REM. Le mot n'a pas normalement de féminin, à cause de l'homonymie avec carabine; on dira : elle est carabin.
1 Le Dr Fiessinger prétend que son goût pour les blanchisseuses et les boniches provenait d'anciennes habitudes de carabin.
A. Billy, Sainte-Beuve, sa vie et son temps, I, Le romantique, 6, p. 51.
♦ (Par référence à l'esprit, aux traditions propres à ces étudiants). || Farce, plaisanterie, blague de carabin, de goût plus ou moins macabre ou obscène. || Chansons de carabins.
♦ En appos. (ou adjectif) :
2 J'ai été (…) externe, un simple externe, mais qui n'avait pas les yeux dans sa culotte, un débrouillard, quoi, un vrai carabin… L'esprit carabin se perd, mon ami; on nous remplace par des types à lunettes, des coupeurs de fil en quatre (…)
Bernanos, Monsieur Ouine, in Œ. roman., Pl., p. 1405.
3 Baudelaire (…) a dû plus d'une fois longer les anciens bâtiments de l'École (de Médecine). Rien ne s'oppose donc à l'idée qu'ayant eu très jeune l'odorat offensé par ces odeurs, elles lui aient inspiré les vers de la Charogne. L'élément « carabin » qu'on découvre dans son œuvre vient de là.
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 52.
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DÉR. (Du sens 1.) Carabine.
Encyclopédie Universelle. 2012.