BRENNER
BRENNER
Le col du Brenner (Brenner, Brennero: «passage») est, avec le Gothard helvétique, l’une des voies majeures de franchissement des Alpes. Bien que cette région soit maintenant sectionnée par la frontière austro-italienne, elle ne forme qu’une seule unité géographique et ethnique. Sur le trajet le plus direct entre l’Allemagne du Sud et la plaine du Pô, le seuil du Brenner est un ensellement tectonique, où la nature alpine demeure rude. Dans ce couloir où s’engouffrent les vents glacés du Nord, l’économie rurale, à base de forêts et d’alpages, est beaucoup plus médiocre que dans le Tyrol septentrional. Ce n’est pas elle, mais bien la fonction de circulation, qui fait la fortune de la région. Le sillon du Brenner a été approfondi, du côté de l’Autriche, par une diffluence du glacier quaternaire de l’Inn, puis par la Sill, qui conflue avec cette dernière à Innsbruck, et, au sud, par l’Isarco (Eisach), tributaire de l’Adige (Etsch). Sur le versant nord, en amont de Matrei, la vallée s’élève en gradins, et se rétrécit en gorges, jusqu’au col, constitué par un plateau de 5 kilomètres de long (en territoire italien) et culminant à 1 374 mètres. Le versant méridional est beaucoup plus raide mais un peu plus chaud et abrité. Par Gozzo (Colle Isarco, Gossensass), Vipiteno (Sterzing) et Fortezza (Franzenfeste), on gagne Bressanone (Brixen). Au confluent de l’Isarco et du Talfer, une terrasse bien cultivée, couverte de vignes et de vergers, est le site de Bolzano (Bozen), dans le Trentin-Haut-Adige. À l’étroite parenté physique des deux volets du col a répondu jusqu’en 1918 — et répond encore en grande majorité — l’uniformité ethnique. C’est, en effet, par le Brenner que les Germaniques, de souche bavaroise, ont débordé le plus largement sur le versant méridional des Alpes. Le Haut-Adige est une terre de vieille civilisation allemande.
L’histoire du Brenner est liée aux phases de développement et de déclin qui marquèrent, au cours des siècles, le commerce international et au progrès des moyens de transport. La région du Brenner voit passer en 1860 plus de 25 000 voitures à cheval; en 1867, le passage est franchi par le rail. L’ingénieur Karl von Etzel réunit Innsbruck à Bolzano, par une ligne de 129 kilomètres, la seule grande liaison internationale qui traverse les Alpes à ciel ouvert. C’est une prouesse technique remarquable, avec vingt-sept tunnels d’accès et un grand nombre de viaducs. Le chemin de fer aura immédiatement un gros trafic, qui tue pratiquement le transit routier. La route a cependant repris une éclatante revanche avec la réalisation, entre 1959 et 1962, de l’autoroute. Le projet naît en 1950 avec l’appui de Munich et des régions de la haute Italie. Cette admirable artère, aux pentes limitées (de 1,3 à 3,7 p. 1 000), à deux ou à trois voies, a nécessité d’énormes investissements. L’ouvrage le plus spectaculaire est le pont de l’Europe (Europabrücke) qui, sur une longueur de 820 mètres, enjambe la vallée de la Sill à une hauteur atteignant 190 mètres. Le Brenner routier est l’un des axes les plus chargés de tout l’arc alpin, et le plus fréquenté de la section orientale de la chaîne. Du nord descendent le bois, les produits chimiques et alimentaires, les machines; du sud remontent les fruits, les légumes, le vin, les machines agricoles, les matériaux de construction et le marbre. Le rail a enregistré des perfectionnements, avec la mise en double voie et l’électrification. Mais la voie ferrée porte le poids de l’âge, avec ses courbes à faible rayon et ses fortes rampes, qui limitent la vitesse commerciale à moins de 80 kilomètres à l’heure. Elle écoule cependant un mouvement considérable de voyageurs (troisième rang alpin, après le Gothard et le Simplon) et de marchandises (les deux tiers du trafic ferroviaire entre l’Autriche et l’Italie).
Le Brenner, ancienne artère maîtresse des communications de l’Empire austro-hongrois vers le sud, assure essentiellement un rôle de liaison et d’échanges: lien direct entre le Tyrol du Nord et son annexe orientale à travers le territoire italien, malgré la coupure politique; jonction Italie-Autriche, qui a fait éclore une forte activité commerciale et touristique, au long du Wipptal; enfin, trait d’union entre l’Italie et le monde germanique, et même au-delà avec le nord de l’Europe. Depuis le Moyen Âge, le Brenner permet non seulement l’échange des biens, mais le brassage des courants de civilisation.
Brenner
(col du) col des Alpes orient. (1 370 m), reliant la vallée de l'Adige à celle de l'Inn, à la frontière italo-autrichienne.
Encyclopédie Universelle. 2012.