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BREST
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BRES

Le long d’une rade de 150 kilomètres carrés, véritable mer intérieure, s’étend la ville de Brest. Un tiers de cette superficie offre des fonds de plus de 12 mètres aux plus basses eaux. L’inconvénient de ce golfe réside dans l’étroitesse de sa passe d’entrée (2 km de large, de 35 à 50 m de fond), débouchant sur une mer particulièrement difficile, semée d’îles et d’écueils, parcourue par de violents courants de marée et maintes fois recouverte de brumes. Sur la rive nord, granitique, de cette rade, une modeste rivière descendue du plateau Léonard découpe la profonde gorge du Penfeld, isolant, à l’est, un éperon rocheux destiné à devenir le noyau primitif de la ville du quartier de Recouvrance, longtemps fort mal relié à la ville principale.

On sait peu de choses sur la période ancienne. Le réseau routier romain du Léon, centré sur Kérilien, laisse le site de Brest à l’écart. L’isthme du Penfeld a été barré à la fin du IIIe siècle par un mur, soubassement de l’actuel château. Ce n’est pourtant guère qu’au XIe siècle que la place forte apparaît avec quelque certitude. Du XIe au XVIIe siècle, Brest est donc un château qui a, sans doute, joué un rôle politique et militaire non négligeable, mais qui n’était doublé que par une agglomération des plus modestes. De cette première phase, on retiendra quelques sièges marquants. En 1342, le roi d’Angleterre Édouard III s’empare de la forteresse que Du Guesclin tente de reprendre, en vain, en 1373. Les tentatives de Jean IV, réitérées en 1386 et en 1387, ne furent pas plus couronnées de succès. C’est probablement lors de ces sièges que l’artillerie a été employée pour la première fois en Bretagne. Rendue par les Anglais en 1395, la place fut, de nouveau, assiégée, cette fois par l’armée et la flotte anglaise, en 1406. Suivit enfin le siège de 1489 par Jean de Rieux au service du roi de France. Reconstruit à partir de 1560, le château sert, durant les guerres de la Ligue, de base aux troupes royales. Sourdéac résiste victorieusement au siège de 1592: Brest constitue ainsi dans la Bretagne du duc de Mercœur, l’un des rares îlots «royalistes». À ce moment, l’agglomération compte à peine 1 500 âmes. Avec Richelieu, Brest s’identifie avec la Royale , la marine militaire, l’arsenal et l’escadre, «la force de la France au bout de la France» (Michelet). La grande campagne de construction de la forteresse débute en 1631 et se prolonge au long des deux siècles suivants. À Richelieu succéda Colbert, puis Duquesne, l’intendant de Seuil, et, à partir de 1683, Vauban. Devenu le pivot de la guerre maritime franco-anglaise, le port, illustré par l’arrivée de l’ambassade du Siam, fut un instant menacé, en 1694, par un débarquement anglo-hollandais dans la presqu’île de Camaret, promptement repoussé par Vauban. À la fin du règne de Louis XIV, la ville est désormais constituée et compte environ 15 000 habitants (quatrième ville de Bretagne après Nantes, Rennes et Saint-Malo - Saint-Servan). Au XVIIIe siècle, l’ingénieur Dajot et ses émules élèvent sur les rives du Penfeld les grands bâtiments austères disparus en 1944: magasin général et corderie, bagne, casernes et voilerie. Brest fut la grande base de l’armée française envoyée, après 1777, aux États-Unis. En 1789, la ville, où le sans-gêne des officiers rouges se heurte à l’hostilité de la bourgeoisie, compte alors quelque 25 000 habitants, en dépit des grandes épidémies de 1754 et de 1779. La période révolutionnaire fut des plus mouvementées. Les fédérés brestois jouèrent un rôle essentiel dans la journée parisienne du 10 août 1792. La flotte, minée par le départ des officiers nobles et l’insubordination, ne fut que d’une efficacité limitée. Pourtant, la première moitié du XIXe siècle constitue l’apogée de la marine à voile. La construction, en 1869, du port de commerce dans l’anse de Portrein n’ajoute en effet pas d’activité notable nouvelle. De 60 000 habitants au début du second Empire, on passe à 90 000 en 1911, et à 100 000 (dont 10 000 marins, 4 000 ouvriers de l’arsenal et 6 000 retraités de la marine) en 1936. La Seconde Guerre mondiale fut une rude épreuve. Cent soixante-cinq bombardements furent dirigés contre l’escadre allemande du Gneisenau , puis contre la base sous-marine. En 1944, Brest, que défendaient les parachutistes du général allemand Ramcke, subit un siège de quarante-trois jours. En 1946, le chiffre de la population était tombé à 75 000 personnes. La destruction fut complétée par l’explosion accidentelle, en 1947, de l’Ocean Liberty . Après un court essor du port de commerce (1945-1949), dû aux importations américaines, la ville ne fut longtemps animée que par la reconstruction et la flotte.

Chef-lieu d’arrondissement du Finistère, Brest est, après Rennes, le deuxième centre urbain et industriel de Bretagne. La ville comptait, en 1990, 147 863 habitants; la création d’une communauté urbaine a donné une structure d’ensemble à une agglomération de 201 469 habitants, la plus importante du Finistère; elle doit encore l’essentiel de son activité à la Marine nationale (85 000 personnes en vivent): base navale de l’Atlantique et arsenal. Le Penfeld peut recevoir et abriter de gros navires; il débouche dans une vaste rade de 15 000 hectares et de 10 à 12 mètres de profondeur moyenne, communiquant avec l’Océan par un goulet de 2 kilomètres de large. La prépondérance de la fonction militaire a profondément marqué la physionomie et la mentalité de la ville: la construction aéronautique ainsi que l’armement occupent 5 244 salariés.

Brest a fondé de grands espoirs sur le développement de son port pétrolier, assorti d’infrastructures techniquement très modernes, mais celui-ci a souffert de la crise. Ajoutée à la diminution du trafic pétrolier, la concurrence de Lisbonne a gravement affecté la réparation navale. Le port de commerce souffre d’être privé d’un arrière-pays industriel. Cependant, le trafic, bien que modeste (1 866 123 t en 1992, alors qu’il dépassait 2 500 000 t en 1963), alimente une industrie de rupture de charge. À la zone industrielle portuaire sont venues s’ajouter trois autres zones industrielles (électricité, électronique, matériel magnétique, mécanique de précision). Les activités tertiaires, qui occupent 74,3 p. 100 de la population active, restent groupées dans le centre-ville reconstruit suivant un plan en damier. Des jardins occupent l’emplacement des anciens remparts. Sur la rive droite de la Penfeld qui coupe la ville en deux, le quartier de Recouvrance, reconstruit, a conservé son individualité.

L’université de Bretagne occidentale a été créée en 1968. Enfin, l’implantation d’Océanopolis, centre de culture scientifique et technique de la mer inauguré le 21 juin 1990, symbolise l’avenir maritime de la cité.

Brest
v. de France, ch.-l. d'arr. du Finistère, au fond de la rade de Brest; 153 099 hab. Port milit. et comm. Aéroport. Arsenal. Industries. Instituts océanographiques.
La ville fut détruite par les bombardements alliés en 1944.
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Brest
(jusqu' en 1921 Brest-Litovsk) v. de Biélorussie; 222 000 hab.; ch.-l. de la prov. du m. nom.
En mars 1918, le traité de Brest-Litovsk conclut la paix entre l'Allemagne et les Soviets. La ville fut polonaise de 1919 à 1939.

Encyclopédie Universelle. 2012.