BROUILLARD
Brouillards et nuages sont dus à la condensation de la vapeur d’eau saturante sur des «germes», ou «noyaux de condensation», toujours présents dans l’atmosphère. Ces noyaux, du moins les plus efficaces d’entre eux, donnent naissance à des gouttelettes submicrométriques atteignant très rapidement un diamètre de quelques micromètres. Les processus de condensation interviennent fréquemment en altitude, les volumes d’atmosphère où se forment ces populations de gouttelettes constituant ce que nous appelons les nuages. Mais lorsque des conditions physiques particulières permettent la condensation dans la couche d’air qui est en contact avec le sol, on appelle brouillard les formations nuageuses traînant à la surface de la Terre.
Caractéristiques physiques
Le terme «brouillard» évoque d’emblée l’absence de visibilité; un brouillard dense peut ne permettre qu’une visibilité extrêmement réduite: quelques mètres parfois. En revanche, au-delà de 1 500 à 1 800 mètres de visibilité, le brouillard ne mérite plus ce nom; l’atmosphère sera dite brumeuse . La brume diffère physiquement du nuage ou du brouillard: la saturation n’y est pas atteinte; sur les noyaux de condensation les plus hygroscopiques, les microgouttelettes, éléments constitutifs des nuages, ne sont encore qu’à l’état embryonnaire. Parfois, la brume est dite «sèche», et la visibilité médiocre qui en résulte est due à une densité élevée de particules en suspension dans l’atmosphère.
Il y a moins d’un siècle, on pensait encore que les gouttelettes constituant nuages et brouillards étaient des «vésicules», ou bulles creuses, seule explication possible du fait que les éléments du brouillard semblaient ignorer la pesanteur et ne pas tomber sur le sol ou le mouiller. En réalité, les vitesses de chute de ces gouttelettes sont tellement faibles que leur sédimentation au sol ne peut modifier leur évolution naturelle. Des gouttelettes d’eau de 1, de 5 ou de 10 micromètres de diamètre ont en effet des vitesses de chute de 0,03, de 0,7 et de 3 millimètres par seconde. Une gouttelette de 5 micromètres, dimension normale pour un brouillard déjà dense, descend ainsi de 2,50 m environ par heure.
Des expressions mathématiques extrêmement complexes permettent de calculer le facteur de transmission de la lumière à travers une population de gouttelettes présentant un spectre de répartition dimensionnelle donné, qui est associé à un nombre moyen de gouttelettes par centimètre cube. De même, selon le type de brouillard et les conditions de formation, le nombre de gouttelettes par centimètre cube peut varier de 100 à 500-600, les diamètres moyens de 5 à 10 micromètres avec des valeurs extrêmes de 2 à 50-60 micromètres pour certains éléments. Malgré ces valeurs impressionnantes – de 108 à 109 gouttelettes par mètre cube –, le contenu en eau liquide condensée, par mètre cube d’air au niveau du sol, reste compris entre quelques décigrammes et moins de cinq grammes.
Modes de formation et techniques de dissipation
Les conditions de formation des brouillards au sol sont en général différentes de celles auxquelles on doit les formations nuageuses en altitude.
Si l’on excepte la plupart des brouillards de montagne, accrochés au relief, et qui sont en fait de véritables nuages, formés par le refroidissement adiabatique des masses d’air en cours d’ascension, on peut classer les brouillards selon deux processus principaux de formation.
– Les brouillards de rayonnement se produisent lorsque, la nuit, par ciel clair, le sol se refroidit par rayonnement. La température fictive apparente de rayonnement du ciel au zénith, la nuit, en l’absence de nuages, descend en effet entre 漣 60 et 漣 100 0C, car l’espace, voisin du zéro absolu, ne peut intervenir dans des échanges radiatifs avec le sol qu’après «filtrage» par les différentes couches de l’atmosphère, où la présence des constituants mineurs – vapeur d’eau, dioxyde de carbone, ozone – introduit dans le domaine infrarouge de très nombreuses et très importantes bandes d’absorption-émission.
En l’absence totale de vent au niveau du sol, ce refroidissement radiatif permet à la végétation d’abaisser sa température au-dessous du point de rosée, ou de givre, selon les saisons. En revanche, une brise légère brasse par mélange les couches d’air froid en contact immédiat avec le sol et refroidit suffisamment les masses d’air voisines pour que les processus de condensation puissent intervenir dans toute la masse. Il est à noter que si la brise s’intensifie, la mince pellicule d’air froid des basses couches ne suffit pas à maintenir les conditions favorables à la condensation dans la nouvelle zone de brassage turbulent qui en résulte.
On a appliqué ces principes dans la lutte contre les gelées de printemps. De puissants ventilateurs permettant un brassage vertical de l’air sont mis en service pour éviter que la végétation n’atteigne le point de givre; une autre technique consiste à émettre des nuages artificiels formant écran aux températures très basses de la voûte céleste, la nuit, par ciel clair.
– Les brouillards d’advection sont la conséquence de tout refroidissement au-dessous du point de rosée d’une masse d’air, à la suite d’un déplacement horizontal de cet air, transporté par le vent à la surface du sol. De l’air froid peut ainsi être amené à se mélanger avec l’air chaud et humide en contact avec l’eau – océans, mers, lacs ou rivières – ayant la température convenable. La surface des eaux «fume» littéralement, et rapidement des brouillards très denses se forment. Un vent chaud et humide peut brutalement envahir des zones où la température du sol, nettement plus basse, a permis aux couches d’air en contact avec le sol de se refroidir et de stagner dans les creux du relief. Tous les brouillards marins sont dus à ces mécanismes; là encore la vitesse du vent intervient, mais uniquement pour déterminer l’épaisseur de la couche de brouillard au-dessus de la surface de la mer.
Les brouillards sont des météores qui, sans constituer un danger réel, gênent beaucoup les activités humaines. En dehors des brouillards toxiques – comme le smog (contraction de smoke , fumée, et de fog , brouillard), dont l’agression sur les voies respiratoires des êtres vivants est due surtout aux effluents de l’industrie, tel l’anhydride sulfureux –, les brouillards perturbent considérablement les transports. Aussi la dénébulation des aérodromes est-elle une question qui restera toujours d’actualité, malgré les techniques d’aide à l’atterrissage par plafond et visibilité nuls. Selon la température de l’air, deux techniques totalement différentes sont utilisées:
– pour les températures inférieures à 0 0C, on dissipe sans trop de difficulté les brouillards en favorisant la formation des germes de glace, soit en refroidissant localement par des émissions de gaz frigorigène (propane, dioxyde de carbone), soit en émettant des noyaux glaçogènes isomorphes de la glace;
– pour les températures supérieures à 0 0C, on est, en principe, amené à revaporiser l’eau des microgouttelettes, en fournissant à l’air la quantité de chaleur nécessaire; le procédé est coûteux, il exige la mise en jeu d’énergies thermiques importantes.
Des techniques par ensemencement ou captures mécaniques ou électrostatiques ont été envisagées, mais les expérimentations en sont encore au stade du laboratoire.
1. brouillard [ brujar ] n. m. ♦ Phénomène atmosphérique produit par de fines gouttelettes d'eau en suspension dans l'air près du sol qui limitent la visibilité. ⇒ brume, 1. vapeur; bruine, crachin. Nappe de brouillard. Brouillard dense, épais, à couper au couteau. Brouillard givrant. Après dissipation des brouillards matinaux. Brouillard toxique. ⇒ smog. Dissiper le brouillard. ⇒ dénébuler. « Le fond de la vallée s'enfume d'un brouillard blanc, qui s'effile, se balance et s'étale » (Colette).
♢ Fig. Obscurité, confusion. « la tête hallucinée, dans un brouillard d'inconscience et de bonheur » (Istrati). Loc. Avoir un brouillard devant les yeux, voir à travers un brouillard : voir trouble. Être dans le brouillard : ne pas voir clair dans une situation qui pose des problèmes. ⇒ nager (cf. Être dans le cirage, le coaltar). Fam. Foncer dans le brouillard.
♢ Phys. Suspension de gouttelettes dans un gaz saturé en vapeur. ⇒ aérosol.
brouillard 2. brouillard [ brujar ] n. m.
♦ Comm. Livre de commerce, où l'on note les opérations à mesure qu'elles se font (cf. Main courante).
● brouillard nom masculin (ancien français brouillas, de brouiller) Nuage stratifié (stratus) reposant sur la surface du sol, presque toujours par temps calme, formé de gouttelettes d'eau liquide pleines. (Il y a brouillard quand la visibilité est inférieure à 1 km, brume au-delà.) Trouble qui affecte la vue. Très petites fleurs vendues par les fleuristes, en général pour accompagner d'autres fleurs. (Nom scientifique gypsophile.) ● brouillard (citations) nom masculin (ancien français brouillas, de brouiller) Max Jacob Quimper 1876-Drancy 1944 Brouillard, étoile d'araignée. Le Cornet à dés Gallimard ● brouillard (expressions) nom masculin (ancien français brouillas, de brouiller) Être dans le brouillard, avoir des pensées confuses ; ne pas voir clairement la situation. ● brouillard (synonymes) nom masculin (ancien français brouillas, de brouiller) Nuage stratifié (stratus) reposant sur la surface du sol, presque...
Synonymes :
- brouillasse (familier)
- brume
Être dans le brouillard
Synonymes :
- obscurité
- ombre
- ténèbres
● brouillard
nom masculin
(de brouiller)
Registre sur lequel on inscrit les opérations comptables au fur et à mesure qu'elles se réalisent.
● brouillard (synonymes)
nom masculin
(de brouiller)
Registre sur lequel on inscrit les opérations comptables au fur...
Synonymes :
brouillard
n. m. Nuage formé au voisinage du sol par des gouttelettes microscopiques dues à un refroidissement de l'air humide. Le brouillard voile le paysage. Syn. (Louisiane) boucane.
|| Voir à travers un brouillard: avoir la vue troublée.
— Fam. Foncer dans le brouillard: aller résolument son chemin sans se laisser arrêter par les difficultés.
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brouillard
n. m. Registre sur lequel on inscrit des opérations comptables, à mesure qu'elles se font.
I.
⇒BROUILLARD1, subst. masc.
A.— 1. MÉTÉOR. Ensemble de gouttelettes d'eau en suspension dans l'air qui se forme au niveau du sol par suite du refroidissement des couches inférieures de l'air :
• 1. ... comme il était tombé toute la nuit une pluie fine, il restait encore un brouillard humide qui retardait son [du soleil] apparition.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 158.
• 2. Je suis sorti sur le balcon. Le soir est tombé. Les brouillards gris qui traînent sur la terre durant la chaleur du jour se sont écartés.
GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, p. 257.
2. P. anal.
a) Atmosphère rendue opaque comme par un brouillard. Brouillard de fumée :
• 3. Et, comme, en passant près de la fontaine, le voyageur y plongea le bout de son bâton, — l'eau bouillonna soudain. Et l'on vit s'élever dans l'air un brouillard de fumée, noire et puante.
MURGER, Les Nuits d'hiver, 1861, p. 220.
• 4. ... la vapeur des haleines avec les fumées des candélabres faisait un brouillard dans l'air.
FLAUBERT, Trois contes, Hérodias, 1877, p. 191.
b) Voile qui nimbe les corps et les objets et en estompe les contours. Avoir un brouillard devant les yeux :
• 5. Elle [Valérie] se posa de manière à rendre Crevel ... déchaussé de sa cervelle jusqu'aux talons, tant elle fut drôle et sublime de nu visible à travers le brouillard de la batiste.
BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 294.
• 6. C'étaient des cheveux blonds, d'un blond cendré, d'un blond de poudre, et il y en avait, et ils étaient fins, un brouillard d'or autour de la tête.
A. DAUDET, Le Petit Chose, 1868, p. 261.
— P. métaph. [Avec une idée de menace] :
• 7. L'avenir lui paraissait gros de nuages gris; des brouillards perpétuels s'étaient amassés autour de sa tête, au lieu du rayon de soleil qui dorait jadis son existence.
CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mlle Mariette, 1853, p. 189.
B.— Au fig. Confusion dans la prise de conscience ou dans le souvenir :
• 8. Dans le brouillard d'un mal de tête, idées pour la symphonie. Ne pas prendre le ton dithyrambique d'hier; en faire quelque chose de très lié, d'organique, de charnu. Commencer par un cri?
P. SCHAEFFER, À la recherche d'une mus. concr., 1952, p. 58.
• 9. Le pardon est la totale franchise, mais le malentendu est la fuite dans les brouillards de l'approximation; ...
JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais quoi et le presque-rien, 1957, p. 171.
— Locutions
♦ Foncer dans le brouillard. Disparaître, s'éclipser rapidement. Arg. milit. Foncer dans le brouillard. Monter à l'assaut.
♦ Être dans le brouillard. Ne plus savoir exactement ce que l'on fait. Arg. Être dans le brouillard. ,,Être gris, commencer à y voir trouble`` (FRANCE 1907).
PRONONC. ET ORTH. :[]. BUBEN 1935, § 212, rappelle : ,,Brouillard, a. fr. brouillas, anciennement brouas, dérivé de brou, d'origine germ. [fait partie des mots] dans lesquels un r analogique a été ajouté par substitution de suffixe à l'époque où les consonnes finales cessaient de sonner. Purement graphique et muet au commencement, cet r est devenu plus tard sonore comme dans les autres mots où il était étymologique.``
ÉTYMOL. ET HIST. — 1re moitié XVe s. broillars (CH. D'ORLÉANS, Ballades, XCVI, 10, éd. P. Champion, Paris, 1956, p. 151); 1538 brouillard (EST.).
Altération par changement de suff. (-ard, péj. cf. blafard, hagard, etc.) de l'a. fr. brouillas « brouillard » (ca 1210, bruillat, G. DE COINCY, Mir. Vierge, 11, 5 dans T.-L.; 1379 brouillas, J. DE BRIE, Bon Berger, 103, ibid. — 1690, FUR. : quelques uns disent encore brouillas, 1771, Trév. : brouillard, autrefois brouillas), dér. de brouiller étymol.; suff. -as (v. NYROP t. 3, § 179 et FEW t. 15, 1, p. 300a).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 413. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 591, b) 4 699; XXe s. : a) 3 710, b) 3 301.
II.
⇒BROUILLARD2, ARDE, adj. et subst. masc.
I.— Adj. Papier brouillard. Buvard, papier non encollé qui absorbe l'encre fraîche ou laisse passer l'eau d'un liquide soumis au filtrage. À trente pas, une maison, un bateau à vapeur semblent des taches sur du papier brouillard (TAINE, Notes sur l'Angleterre, 1872, p. 10).
II.— Subst. masc. Registre de commerce sur lequel on inscrit au jour le jour les opérations. Synon. main courante.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1. 1496-1544 « brouillon, manuscrit » subst. (MAROT, Rondeaux, 76 dans HUG.); d'où 1680 (RICH. : Brouillard de marchand. Livre où le marchand écrit tous les jours, & où il raye & éface ce qu'il lui plait); 2. 1611 papiers brouillars (COTGR.). Dér. de brouiller étymol.; suff. -ard péj.; cf. lat. médiév. brolhardus « id. » 1516 dans DU CANGE t. 1, p. 755c. Le m. fr. brouillas « brouillon d'une lettre » est attesté seulement fin XVIe s. (Baïf dans HUG.).
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 11, 12, 420, 446. — KUHN 1931, p. 169, 225, 233. — ROG. 1965, p. 65.
1. brouillard [bʀujaʀ] n. m.
ÉTYM. 1538, Estienne; broillars, XVe, Ch. d'Orléans; altér. par changement de suff. de l'anc. franç. brouillas (1210, jusqu'au XVIIe), de brouiller. → Broue, brouet.
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1 Phénomène atmosphérique naturel produit par des gouttes d'eau extrêmement petites qui flottent dans l'air près du sol et provoquent une diffusion intense de la lumière. ⇒ Brume, vapeur; brouillasse, bruine, crachin; → Nuage, cit. 4. — Météor. || Brouillard d'advection, de rayonnement. || Brouillard pellucide (cit.). — Cour. || Un brouillard épais, dense, opaque (Cf. Purée de pois). || Le brouillard d'automne (→ Vergogneux, cit.). ☑ Un brouillard à couper au couteau. || Des phares qui percent le brouillard (⇒ Antibrouillard). || Envelopper de brouillard. ⇒ Embrumer. || Des nappes de brouillard. || L'humidité du brouillard. || Le brouillard s'élève; se dissipe. || Un navire, un avion pris dans le brouillard. || Signaux de brouillard. || Brouillard artificiel pour camoufler un navire, une armée. || Brouillard givrant : brouillard dont les gouttelettes d'eau forment du givre à la surface du sol. — Vx. || Il fait brouillard : il y a du brouillard. Mod. || Il fait du brouillard. ⇒ Brouillarder (rare).
1 Quand il fait mouillé, quand il fait brouillard, je ne sors point (…)
Mme de Sévigné, 1226, 16 oct. 1689.
2 La vapeur des brouillards ne voile point les cieux.
Racine, Lettres.
3 (…) Montagnes que voilait le brouillard de l'automne.
Lamartine, Harmonies… « Milly ».
4 (…) un brouillard flottait comme une écharpe sur les sinuosités de la Toucques.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », 2.
5 Les lointains de la rade étaient noyés dans un brouillard blanchâtre fait d'embruns et de pluie.
Loti, Mon frère Yves, III, p. 15.
6 Il faisait sombre dans la chambre : un brouillard jaune était tendu contre les vitres, comme un écran (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, p. 555.
7 Le fond de la vallée s'enfume d'un brouillard blanc qui s'effile, se balance et s'étale comme une onde.
Colette, la Paix chez les bêtes, « Nonoche ».
8 La ville était morte et ruisselait sous le brouillard.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 100.
8.1 (…) le brouillard, sensible et têtu comme un homme fort et triste, tombe dans la rue, épargne les maisons et nargue les rencontres.
Éluard, « Quelques poètes sont sortis », in Œ. compl., Pl., t. I, p. 79.
♦ Par ext. || Un brouillard de fumée.
♦ Par analogie :
9 C'étaient des cheveux blonds, d'un blond cendré, d'un blond de poudre, et il y en avait, et ils étaient fins, un brouillard d'or autour de la tête.
A. Daudet, le Petit Chose, II, 10.
♦ Phys. Suspension de gouttelettes dans un gaz saturé en vapeur. ⇒ Aérosol.
2 ☑ Loc. métaphorique et fig. Avoir un brouillard sur les yeux, devant les yeux; voir à travers un brouillard : avoir la vue troublée, distinguer les objets avec peine (→ Avoir un voile devant les yeux).
♦ Techn. || Brouillard de fond. ⇒ Bruit, cit. 43 et supra.
♦ ☑ Fam. N'y voir que du brouillard : n'y rien comprendre (→ N'y voir que du feu).
♦ ☑ Loc. (Vx). Une créance hypothéquée sur les brouillards de la Seine, de la rivière…, dont rien ne garantit le paiement.
10 Quinze mille écus (…) assignés sur les brouillards de la rivière Seine.
Furetière, le Roman bourgeois, I, 30.
3 Par métaphore ou fig. Vieilli. Obscurité, confusion. || Un esprit plein de brouillards, confus, trouble.
11 Sans nous plonger dans les brouillards de la métaphysique.
♦ Le brouillard de l'ennui, de l'oubli, de la tristesse.
12 (…) ce sont en moi d'étranges marques d'oubli. À l'éblouissante quinzaine qu'avait ouverte la rencontre avec Georges, une sorte de brouillard et d'éclipse avait succédé.
Sainte-Beuve, Volupté, XIV.
13 (…) l'invariable ennui, le profond ennui, le brouillard intérieur, le néant devenu sensible.
France, le Petit Pierre, X.
♦ Être dans les brouillards, dans le brouillard : être un peu ivre.
♦ ☑ Loc. Être dans le brouillard : ne pas voir clair dans une situation qui pose des problèmes. ☑ Foncer dans le brouillard : agir de manière déterminée, brutale, alors qu'on ignore l'essentiel de la situation.
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DÉR. Brouillarder, brouillardeux. — V. aussi Brouillasser.
COMP. Antibrouillard, microbrouillard.
HOM. 2. Brouillard.
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2. brouillard [bʀujaʀ] n. m.
ÉTYM. 1611; « brouillon », 1496; de brouiller.
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1 Vx. En appos. || Papier brouillard : papier non collé. ⇒ Buvard.
2 N. m. Comm. Livre de commerce où l'on note les opérations à mesure qu'elles se font. ⇒ Brouillon (vx), main (main courante).
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HOM. 1. Brouillard.
Encyclopédie Universelle. 2012.