chauvin, ine [ ʃovɛ̃, in ] adj. et n.
• 1843; de N. Chauvin, type du soldat enthousiaste et naïf de l'Empire
2 ♦ Par ext. Qui a une admiration outrée, partiale et exclusive pour son pays; nationaliste et xénophobe. Un Français chauvin. ⇒ franchouillard. — N. C'est un chauvin.
⊗ CONTR. Impartial.
chauvin, ine
adj. et n Péjor. Qui professe un patriotisme exagéré et aveugle. Un comportement chauvin.
|| Subst. Un chauvin de la pire espèce.
|| Par ext. Qui manifeste une admiration exclusive pour sa ville, sa région, etc.
⇒CHAUVIN, subst. masc. et adj.
A.— Vx. Soldat valeureux :
• 1. Je remarque avec attendrissement que vous [Barbès] êtes resté chauvin, comme disent nos jeunes beaux esprits de Paris, c'est-à-dire guerrier et chevalier...
SAND, Correspondance, t. 5, 1812-76, p. 163.
• 2. Des deux ministres de la Guerre de la Commune, le premier Rossel, ancien Fléchois, était un soldat de haute valeur, un chauvin, comme on disait alors...
L. DAUDET, Les Universaux, 1935, p. 78.
B.— (Celui) qui manifeste un patriotisme fanatique. Synon. cocardier. Parti chauvin, propagande chauvine, instincts chauvins. Si nous ne sommes plus chauvins, nous restons pacifiquement patriotes (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 216) :
• 3. Quant aux Alsaciens-Lorrains, dites hautement que, quarante ans après la guerre, ils aiment toujours la France, répugnent toujours à la brutale domination des Prussiens, que les jeunes gens, filles ou garçons de vingt ans, sont là-bas des chauvins français, ...
BARRÈS, Mes cahiers, t. 8, 1909-11, p. 27.
• 4. Jaurès (...) dénonçait, une fois de plus, le danger des politiques de conquête et de prestige, la mollesse des diplomaties, la démence patriotique des chauvins, les stériles horreurs de la guerre.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 448.
• 5. Je plantai des drapeaux alliés dans tous les vases. Je jouai au vaillant zouave, à l'enfant héroïque. J'écrivis avec des crayons de couleur : « vive la France ». Les adultes récompensèrent ma servilité. « Simone est terriblement chauvine », disait-on avec une fierté amusée.
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 30.
Rem. Le subst. fém. est attesté par Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., ROB.
— P. ext. (Celui) qui admire avec excès et sans discernement tout ce qui appartient à son propre pays et dénigre systématiquement tout ce qui est étranger :
• 6. Cette tradition de raillerie française à l'égard de la Belgique, (...) avait quelque chose de bas, et de disgracieux pour les Français; peut-être d'origine chauvine : la « grande nation » se moquant du petit royaume.
LARBAUD, Journal, 1935, p. 346.
• 7. ... la révélation de ces énormes foules creusées, soulevées par les vagues d'une joie ou d'une furie presque toujours chauvine, me donne une vue que je n'avais pas sur les conséquences politiques du sport.
MAURIAC, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, p. 177.
Prononc. et Orth. :[], fém. [-vin]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1843, 18 janv. (SAINTE-BEUVE, Correspondance, t. 5, p. 38). Du nom de Nicolas Chauvin, type du soldat patriote naïvement exalté des armées du premier Empire, mis en scène par Cogniard dans la Cocarde tricolore (d'apr. LARCH., p. 79 : Je suis Français! Je suis chauvin). Fréq. abs. littér. :25.
DÉR. 1. Chauviniste, subst. et adj. Synon. de chauvin. Attesté ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop., QUILLET 1965. — []. — 1re attest. 1859 (L. LARCHEY, Les Excentricités de la lang. fr. en 1860, p. 446); de chauvin, suff. -iste. 2. Chauvinique, ad., vx. De caractère chauvin. Attesté ds Lar. 19e-20e, GUÉRIN 1892 qui citent Proudhon : La démocratie s'est faite chauvinique. — 1re attest. av. 1865 (Proudhon ds Lar. 19e); de chauvin, suff. -ique.
BBG. — DARM. 1877, p. 44. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 37. — MIGL. 1968 [1927], p. 67, 195. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 467.
chauvin, ine [ʃovɛ̃, in] adj.
ÉTYM. 1843; du nom de (Nicolas) Chauvin, type du soldat enthousiaste et naïf de l'Empire, mis en scène par Cogniard dans la Cocarde tricolore.
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1 Vx. Patriote valeureux, courageux.
1 Je remarque avec attendrissement que vous (Barbès) êtes resté chauvin, comme disent nos jeunes beaux esprits de Paris, c'est-à-dire guerrier et chevalier (…)
G. Sand, Correspondance, t. V, 1812-76, p. 163, in T. L. F.
REM. Le mot n'a pris sa valeur péj. (2.) que tard dans le cours du XIXe s.; le sens positif de « patriote » est encore chez Barrès, L. Daudet (1935).
2 Qui a ou manifeste un patriotisme fanatique et belliqueux. ⇒ Cocardier, patriotard. || Esprit chauvin et borné. || Caractère chauvin. || Ardeur chauvine. || Journal chauvin.
2 Si Bloch nous avait fait des professions de foi méchamment antimilitaristes une fois qu'il avait été reconnu « bon », il avait eu préalablement les déclarations les plus chauvines quand il se croyait réformé pour myopie.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIV, p. 62.
♦ Par ext. Qui a une admiration outrée, partiale et exclusive pour son pays. || Il est chauvin et méprise tous les étrangers. ⇒ Xénophobe.
♦ N. (Un, une chauvine).
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CONTR. Impartial, xénophile.
DÉR. Chauvinique, chauvinisme, chauviniste.
Encyclopédie Universelle. 2012.