cheminée [ ʃ(ə)mine ] n. f.
• 1170; bas lat. caminata, de caminus « âtre », gr. kaminos
1 ♦ Dispositif formé d'un foyer et d'un tuyau qui sert à évacuer la fumée. ⇒ âtre, foyer. Parties d'une cheminée : capuchon, chambranle, contrecœur, écran, encadrement, fronton, fumivore, garde-feu, grille, hotte, jambage, languette, manteau, récupérateur, rideau, souche, tablier, tuyau. Plaque, chenets de cheminée. Allumer du feu, brûler du bois, du charbon, faire une flambée dans la cheminée, dans l'âtre. Devant la cheminée (cf. Au coin du feu). Cheminée encrassée par la suie. Feu de cheminée. Ramoner une cheminée. La cheminée ronfle, tire bien. — Cheminée prussienne : sorte de poêle que l'on adapte à la cheminée. Cheminée fermée. ⇒ insert.
2 ♦ Partie inférieure de la cheminée qui sert d'encadrement à l'âtre. Cheminée de pierre, de marbre. Garniture de cheminée. Dessus de cheminée (⇒ trumeau) . « une cheminée ordinaire, en marbre noir, surmontée d'une grande glace rectangulaire » (Robbe-Grillet).
3 ♦ Partie supérieure du conduit qui évacue la fumée et que l'on voit sur le toit. Cheminées emportées par le vent. Chapeau, champignon de cheminée. — Spécialt Cheminée de locomotive, de navire. Paquebot à trois cheminées. Cheminée d'usine : tuyau de maçonnerie surmontant un foyer, un fourneau d'usine. « Les cheminées des usines poussaient d'immenses panaches bruns » (Flaubert). Appos. Col cheminée : col d'un tricot qui couvre le bas du cou.
♢ Par anal. Cheminée des fées : colonne ou pyramide argileuse coiffée d'un bloc (qui l'a protégée de l'érosion). — Cheminée d'un volcan, par où passent les matières volcaniques. — Alpin. Corridor vertical étroit.
4 ♦ Trou, conduit vertical. ⇒ puits. Cheminée d'aération.
5 ♦ Techn. Cheminée d'équilibre : ouvrage (ou formation naturelle) servant de régulateur de pression dans un système hydraulique.
⊗ HOM. Cheminer.
● cheminée nom féminin (bas latin caminata, de caminus, fourneau, du grec kaminos) Dispositif maçonné comprenant, outre un foyer, un conduit de tirage et d'évacuation des gaz, des accessoires de fumisterie : La cheminée est bouchée. Partie visible de cet ensemble et son revêtement décoratif, à l'intérieur d'une pièce d'habitation : S'appuyer sur la tablette de la cheminée. Extrémité supérieure du conduit, en saillie sur la toiture (le terme technique est souche) : De ma fenêtre, on découvre une forêt de cheminées. Conduit servant à évacuer les gaz d'une fosse, l'air vicié d'une pièce, par aspiration naturelle : Cheminée d'aération, de ventilation. Aéronautique Orifice circulaire ménagé au sommet de la voilure d'un parachute pour assurer la stabilité au cours de la descente. Alpinisme Passage étroit plus ou moins vertical dans une paroi rocheuse, dont la largeur permet à un homme de s'y glisser. Commerce Ensemble de produits présentés verticalement dans un rayon. Cuisine Incision verticale faite dans un appareil pour en faciliter la cuisson. Métallurgie Soufflure étroite et allongée débouchant en surface d'une pièce moulée. Mines Galerie de faible diamètre très inclinée (ou même verticale), creusée dans le minerai ou le stérile et pouvant servir à l'aérage, à la circulation du personnel, à l'évacuation du minerai ou à l'amenée du remblai. ● cheminée (expressions) nom féminin (bas latin caminata, de caminus, fourneau, du grec kaminos) Col cheminée, haut col roulé, légèrement décollé du cou. Cheminée des fées, pyramide ou colonne de terre coiffée d'une pierre qui en protège la partie supérieure. Cheminée diamantifère, gîte minéralisé filonien épousant la forme de colonnes irrégulières. Cheminée volcanique, passage utilisé par les produits volcaniques pour atteindre la surface. Cheminée de jet, cheminée dans laquelle on culbute le minerai. Cheminée d'équilibre, ouvrage servant de régulateur de pression dans certaines usines hydrauliques. ● cheminée (homonymes) nom féminin (bas latin caminata, de caminus, fourneau, du grec kaminos) cheminer verbe ● cheminée (synonymes) nom féminin (bas latin caminata, de caminus, fourneau, du grec kaminos) Dispositif maçonné comprenant, outre un foyer, un conduit de tirage...
Synonymes :
- âtre
Géographie. Cheminée des fées
Synonymes :
- demoiselle coiffée
Géologie. Cheminée diamantifère
Synonymes :
- pipe
cheminée
n. f.
d1./d Construction à l'intérieur d'une habitation, aménagée en foyer et dans laquelle on fait du feu. Syn. (Québec) foyer.
d2./d Extrémité du conduit de cheminée, destiné à évacuer la fumée et qui dépasse du toit; ce conduit lui-même.
— Feu de cheminée: inflammation de la suie déposée sur les parois d'un conduit de cheminée.
d3./d Tuyau servant à l'évacuation des fumées dans les machines et dans certains foyers industriels. Cheminée d'usine.
d4./d GEOL Cheminée d'un volcan: canal par lequel se fait l'ascension des gaz, des fumées et de la lave.
|| Cheminée de fée: colonne argileuse dégagée par l'érosion et que protège un chapeau de roche résistante.
d5./d ALPIN étroite fente rocheuse.
⇒CHEMINÉE, subst. fém.
A.— Construction en maçonnerie qui permet d'allumer un feu dans une habitation et se compose d'un foyer (ou âtre) à découvert et d'un conduit ménagé à l'intérieur du mur, et communiquant avec l'extérieur pour laisser s'échapper la fumée et assurer un bon tirage. Grande cheminée à large foyer et à manteau élevé (VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'archit., 1872, p. 311).
SYNT. Cheminée ancienne, rustique, moderne, bretonne, lorraine; cheminée monumentale; vieille, petite cheminée, haute cheminée de marbre blanc, grande cheminée sculptée, vaste cheminée renaissance, immense cheminée villageoise, hautes cheminées à hottes; cheminée à large manteau; cheminée d'appartement, de cuisine, de salon, de salle à manger, de chambre; hotte de la cheminée; manteau, chambranle, tablier, tablette de la cheminée; foyer, âtre de la cheminée; chenêts, soufflet, pinces, pincette de la cheminée; cheminée qui tire mal.
— Hirondelle de(s) cheminée(s). Hirondelle commune qui, cherchant la chaleur, fait son nid à l'intérieur d'une grande cheminée de bois. L'oiseau le plus généralement répandu sur tout le globe, est l'hirondelle de cheminée, ou de rivage (Voyage de La Pérouse, t. 3, 1797, p. 77).
— Spéc. Cheminée (à la) prussienne. Poêle qui s'adapte entre les jambages d'une cheminée d'appartement, son tuyau allant se loger dans le conduit en maçonnerie de la cheminée :
• 1. Les grandes et vénérables cheminées du XVIe siècle ne recèlent pas, sous leur manteau, les ignobles et économiques cheminées à la prussienne qui savent se nicher sous de moins grandes.
FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 180.
— Loc. fig., fam., vieilli. [P. allus. aux cheminées, suffisamment vastes pour que l'on puisse s'installer à l'intérieur, sous leur manteau, pour parler] Sous (le manteau de) la cheminée. En secret et en dehors des voies normales. Toutes les infamies qui se pratiquent sous le manteau d'une cheminée ou autrement (BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 131). Entrons dans un ménage Où, sous la cheminée, on bâcle un mariage (BARBIER, Satires, Matrimonium, 1865, p. 131) :
• 2. ... il est comme ces grands seigneurs qui ont une charge honoraire, et les entrées aux jours de gala; mais le cabinet leur est clos; ce ne sont pas là leurs affaires. (...); il sert de paravent à tout ce qui se passe sous le manteau de la cheminée. Si le mari est jaloux, c'est de lui; tient-on des propos? c'est sur son compte; c'est lui qu'on mettra à la porte un beau matin que les valets auront entendu marcher la nuit dans l'appartement de madame; ...
MUSSET, Le Chandelier, 1840, I, 1, p. 23.
B.— P. méton.
1. Endroit où brûle le feu.
a) Foyer, âtre de la cheminée :
• 3. Comme la soirée était un peu humide, nous avions allumé un petit feu de bois dans la cheminée de la salle; et cela nous aidait à parler de notre vie passée, sans aucun effort; car l'on sait que le feu facilite le jeu de la mémoire et rappelle de loin les souvenirs les plus oubliés.
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 126.
SYNT. Cheminée sans feu, chauffée, chargée; cheminée garnie de bûches, emplie de charbons rougeoyants, recouverte de cendres; feu de cheminée; feu qui flambe, brûle, pétille dans la cheminée; faire, allumer du feu dans la cheminée; jeter du bois, des papiers dans la cheminée; remettre une bûche dans la cheminée; bourrer la cheminée.
— Au coin de la cheminée. Synon. au coin du feu. S'asseoir, parler, tricoter, travailler... au coin de la cheminée.
— [La Nuit de Noël] Mettre son soulier, placer son sabot... dans la cheminée (pour que le Père Noël, s'introduisant par le tuyau de la cheminée, y dépose les cadeaux).
b) Encadrement (ou chambranle, avec le manteau et les jambages) en plâtre, pierre, marbre... qui entoure le foyer et fait saillie dans la pièce. Durtal, adossé à la cheminée (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 32). Une cheminée de marbre dont les deux montants parallèles empiétaient sur le sol en griffes contractées (COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-Cuir, 1893, 3e tabl., 3, p. 110). Devant le foyer, un tapis en chenilles de laine; sur la cheminée, (...), deux grands vases d'albâtre (GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 765).
SYNT. Cheminée en pierre, de briques, de porphyre, de bois; cheminée plaquée de marbre; cheminée ornée, garnie d'une pendule, de vases, de fleurs, de porcelaines rares; garniture, parure, flambeaux, pendules de cheminée; la glace, les vases, les candélabres de la cheminée; s'accouder, s'adosser à la cheminée; s'appuyer contre la cheminée; poser qqc. sur la cheminée.
— Proverbial, vieilli. Faire une croix à la cheminée. Faire véritablement une croix sur l'encadrement de la cheminée à l'occasion d'un événement particulier dont on veut garder la trace :
• 4. — Tu as manqué de confiance en nous, lui dit Michel Chrestien, nous ferons une croix à la cheminée et quand nous serons à dix...
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 243.
♦ Au fig., p. iron. [A propos d'un événement] Il faut faire une croix à la cheminée. Il faut considérer cet événement comme tout à fait extraordinaire.
2. Endroit par où s'échappe la fumée.
a) Conduit de la cheminée, ménagé à l'intérieur du mur et communiquant avec l'extérieur pour laisser s'échapper la fumée et assurer un bon tirage. Par la cheminée filtre la lumière du ciel, des tons verts tombent d'en haut sur les pierres de l'âtre (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 416) :
• 5. Le Petit Savoyard, de Guiraud, je crois, ne serait plus possible. Celui-là est tout de même de la Savoie, (...). Malin, profite de notre sensiblerie. ramone très bien la première cheminée et ne va pas jusqu'en haut des autres. Il crie quand il est au milieu. On le fait déjeuner. Il bat des mains pour secouer la suie, ...
RENARD, Journal, 1906, p. 1082.
SYNT. Cheminée noire, encroûtée de suie, bouchée, débouchée; suie (qui tombe) des cheminées.
♦ Feu de cheminée. Incendie se produisant à l'intérieur du conduit de la cheminée par inflammation de la suie.
b) En partic. Partie supérieure et terminale du conduit en maçonnerie — ou tuyau métallique terminant ce conduit — en saillie au-dessus du toit et visible de l'extérieur. Une cigogne a fait son nid autour de la cheminée (QUINET, Ahasvérus, 1833, 3e journée, la mort, p. 179). La cheminée des cuisines faisait une grosse fumée de fabrique (ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 719). Un océan de cheminées, de tuiles rouges, d'ardoises violettes (COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e part., 8, p. 189). Sous la forêt malsaine de leurs cheminées à pigeons tristes, les rangées d'alvéoles de la rue Descartes (ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 167) :
• 6. ... j'entendis sa voix me crier :
— Michel! Michel! Et je m'arrêtai, comme si la cheminée m'était tombée sur la tête.
— Qu'est-ce que tu veux, Marguerite? lui dis-je, sentant mon cœur battre à défoncer ma poitrine.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 202.
• 7. ...
Il reste encore un pays
Qu'on n'aperçoit que du toit,
Sur le maquis des cheminées,
C'est le grand ciel qui s'en va.
JOUVE, Tragiques, Livre de la nuit, 1922, p. 48.
SYNT. Fumées, orifice des cheminées; grosse, haute(s) cheminée(s); cheminées fumantes, fumeuses; cheminée qui fume, cheminées qui se dressent (à l'horizon).
C.— [P. anal. de forme et/ou de fonction avec le conduit d'une cheminée]
1. Tout conduit de dégagement de produits de combustion (fumées, vapeurs, gaz...). De longs bâtiments d'usine, de hautes cheminées crachant de la suie (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1207). La vapeur d'eau qui se dégage abondamment pendant la cuisson s'échappe par une cheminée à tirage (J. BOURDE, Les Trav. publ., t. 2, 1929, p. 113). Ces bateaux, à la cheminée losangée de rouge, à la coque d'émail blanc (MORAND, New-York, 1930, p. 63).
SYNT. Cheminée d'usine, de haut-fourneau, de locomotive, de chauffage central.
— Cheminée d'appel (dans un système de combustion). Conduit déterminant le tirage.
♦ P. ext. [Dans un système de ventilation] Conduit d'aération. Une circulation de l'air (...) emporte l'humidité extraite du bois hors de la chambre de séchage, par des cheminées d'aération (J. CAMPREDON, Le Bois, 1948, p. 58).
Spéc., MINES. Cheminée (d'appel ou d'aération ou d'aérage). Galerie, puits servant à l'aération de la mine, à la circulation des mineurs ou à l'évacuation du minerai :
• 8. La compagnie, depuis dix ans, se proposait de combler cette fosse morte; mais elle attendait d'avoir installé au Voreux un ventilateur. Car le foyer d'aérage des deux puits, qui communiquaient, se trouvait placé au pied de Réquillart, dont l'ancien goyot d'épuisement servait de cheminée.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1366.
— P. ext.
a) ARM., HIST. [En parlant d'un fusil à piston] Petite pièce cylindrique où se place la capsule fulminante.
b) TECHNOL. [Dans une lampe] Cylindre de verre ouvert à sa partie supérieure, qui protège la flamme, détermine le tirage et laisse s'échapper la fumée.
c) VOLCANOLOGIE. Canal d'ascension des laves qui débouche dans le cratère du volcan.
2. Tout conduit ou orifice de dégagement.
— AÉRONAUTIQUE
♦ [Dans un parachute] Orifice situé au sommet de la voilure et servant à laisser s'échapper l'air gonflant le parachute lors d'une descente pour en assurer la stabilité (d'apr. Lar. encyclop.).
♦ Synon. de trou d'air.
— MAR. Orifice par où passe le mât de hune.
— MUS. [Dans un tuyau d'orgue] Petit cylindre, ouvert à ses deux extrémités, plus étroit que le tuyau d'orgue et qui s'adapte à sa partie supérieure pour la fermer partiellement et modifier le timbre (cf. tuyau d'orgue bouché). Cheminée d'un tuyau d'orgue; tuyaux à cheminée.
— TECHNOL. Orifice d'emplissage et de vidange d'une fosse d'aisances.
— THÉÂTRE. [Machinerie]. ,,Sorte de tuyau, de puits, où passent les cordages supportant les contre-poids nécessaires aux manœuvres des décors`` (LITTRÉ). Cheminées de contre-poids.
3. [P. anal. de forme seulement]
— COIFFURE, HIST. [Au Moy. Âge] (Coiffure en) cheminée. Coiffure féminine en hauteur dont la forme pyramidale évoque celle d'une cheminée en tourelle sur un toit. Synon. (coiffure en) mitre.
— GÉOGR. PHYS.
♦ Cheminée des fées. Colonne, pyramide d'argile surmontée d'un rocher qui la protège du ravinement que les eaux de ruissellement exercent autour d'elle. Synon. demoiselle.
♦ [En montagne, dans le lang. des alpinistes] Couloir étroit, proche de la verticale, dans un mur de rochers ou de glace, dans lequel l'alpiniste s'élève par un jeu d'efforts opposés sur les deux parois.
— IMPR. ,,Intervalles de mots malencontreusement en regard sur plusieurs lignes successives, donnant à l'œil l'impression d'un long couloir blanc à travers la page`` (VOYENNE 1967).
Rem. Lar. encyclop. enregistre également un emploi en carrosserie : ,,Séparation munie d'une glace mobile et qui, placée à l'intérieur d'une voiture, isole les voyageurs de l'avant de ceux de l'arrière``.
Prononc. et Orth. :[()mine]. Pour [] muet cf. chemin. Ds Ac. 1694-1932. Homon. cheminer. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1170 « salle munie d'une cheminée » (CHR. DE TROYES, Cligès, éd. W. Foerster, 5562) — XVIIIe s., Dole ds GDF.; 2. dernier tiers XIIe s. « ensemble architectural permettant de faire du feu dans une pièce » (G. DE BERNEVILLE, St Gilles, 2728 ds T.-L.); 2e moitié XIIe s. ceminee de marbre (Aiol, 1130 ds T.-L.); 3. ca 1160 keminee « conduit de cheminée dépassant du toit » (Flore et Blanchefor, 1814 ds T.-L.); p. ext. 1832 « intérieur du tuyau d'un bateau à vapeur » (RAYMOND); 1857 « id. d'une usine » (FLAUB., Mme Bovary, III, V, p. 169 ds ROB.). B. p. anal. 1649 en parlant d'un volcan (SCARRON, Virgile travesti, III, 148b ds RICHARSON); 1690 orgue (FUR.); 1829 « verre de lampe » (BOISTE); 1831 mar. « trou permettant le passage du mat de hune » (WILL.); 1866 mines cheminée d'aérage (Lar. 19e); 1890 alpinisme (DG). Du b. lat. [camera] caminata « salle pourvue d'une cheminée » (584 Bréquigny et la Porte du Theil, p. 79a d'apr. DIEZ5, p. 80; VIIIe s. ds NIERM.) puis « cheminée » (IXe s. Hincmar, ibid.), dér. de « fourneau, cheminée », lui-même empr. au gr. « fourneau » et « conduit de cheminée ». Camminus (chemin) qui a causé, du fait de l'homon., la disparition du simple, aurait aussi contribué au maintien du -i- par étymol. populaire, v. BL.-W.5 et FEW t. 2, p. 139. Fréq. abs. littér. :3 762. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 438, b) 9 629; XXe s. : a) 6 290, b) 4 122. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, pp. 217-221; p. 444. — QUEM. 2e s. t. 2 1971.
cheminée [ʃ(ə)mine] n. f.
ÉTYM. V. 1170; du bas lat. caminata « salle pourvue d'une cheminée », puis « cheminée », de caminus « âtre », grec kaminos.
❖
1 (Sens général). Dispositif formé d'un foyer et d'un tuyau qui sert à évacuer la fumée; spécialt, la cheminée considérée surtout dans son foyer. ⇒ Âtre, foyer. || Parties d'une cheminée. ⇒ Âtre, avaloir, avant-foyer, cadre, capuchon, chambranle (cit. 2), chantignole, conduit, contrecœur, croissant, ébrasement, écran, encadrement, enchevêtrure, fond, fronton, fumivore, garde-cendres, garde-feu, grille, hotte, jambage, languette, linteau, manteau, mitre, pare-étincelles, poterie, rideau, soubassement, souche, soupente, tablette, tablier, tabourin, trappe, trémie, trumeau, tuyau. || Cheminée avec, sans hotte. || Allumer du feu, brûler du bois, du charbon, faire une flambée dans la cheminée, dans l'âtre. ⇒ Chauffage. || Passer la soirée devant la cheminée (→ Au coin du feu). || Cheminée encrassée par la suie. || Tuyau de cheminée coudé. ⇒ Dévoiement. || Ramoner une cheminée. || Accessoires disposés dans la cheminée. ⇒ Chenet, landier, marmouset, pelle, pincette, soufflet. || Cheminée qui fume. ⇒ Fumée. || La cheminée ronfle, tire bien. ⇒ Tirage.
♦ Cheminée de cuisine. — (1763, in D. D. L.). || Cheminée à la prussienne : sorte de poêle que l'on adapte à la cheminée. — Cheminée encastrée (foyer noyé dans le mur), demi-encastrée, en épi. || Cheminée centrale. — (Incluant le tuyau). || Une haute cheminée (→ ci-dessous, 3.).
1 Pourvu que, blasonnée
D'un écusson altier,
La haute cheminée,
Béante, illuminée,
Dévore un chêne entier
Hugo, Odes, V, 25, 4.
2 Je possédais une petite cheminée de fonte émaillée, dite, je ne sais pourquoi, cheminée prussienne.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, VIII, p. 117.
2 Partie inférieure de ce dispositif (cheminée, 1.) qui avance dans une pièce et sert d'encadrement. || Cheminée de pierre, de marbre, de plâtre, de briques, de maçonnerie. || Cheminée à tablette. || Garnir une cheminée de bibelots. || Garniture de cheminée. — (1888, in D. D. L.). || Dessus de cheminée.
3 Une cheminée haute dont les jambages étaient de bois grossièrement cannelé, laissait pendre à une crémaillère, une marmite pleine de pommes de terre.
Lamartine, les Confidences, Raphaël, 14.
3.1 Il y a la cheminée, dont il n'a encore presque rien retenu : une cheminée ordinaire, en marbre noir, surmontée d'une grande glace rectangulaire; son tablier de fer, levé, laisse voir un amas de cendres grises, légères, mais pas de chenets; sur la tablette repose un objet assez long, pas très élevé (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 191.
♦ ☑ Fig. et vieilli. Agir sous la cheminée, sous le manteau de la cheminée. ⇒ Manteau (cit. 17).
♦ ☑ Loc. vieillie. Faire une croix à la cheminée (pour noter un événement mémorable).
3 (V. 1160). Partie supérieure du conduit qui évacue la fumée et qui est visible sur le toit. || Le vent abattit quelques cheminées. || Chapeau, champignon de cheminée, surmontant la souche.
♦ Hirondelle de cheminée, des cheminées : l'hirondelle commune, qui accroche parfois son nid aux cheminées.
♦ Spécialt. || Cheminée de locomotive, de machine à vapeur. — Cheminée de navire. || Paquebot à trois cheminées. || Cheminée carénée. — Cheminée d'usine : tuyau de maçonnerie surmontant un foyer, un fourneau d'usine. || On voyait au loin les cheminées des usines, de la fabrique.
4 Les cheminées des usines poussaient d'immenses panaches bruns qui s'envolaient par le bout.
Flaubert, Mme Bovary, III, V.
5 Un groupe d'immenses cheminées d'usines et de fonderies, qu'alimentent chaque jour quatre ou cinq grands vapeurs anglais chargés de charbon, projettent dans le ciel, par leurs bouches géantes, des vomissements tortueux de fumée, retombés aussitôt sur la ville en une pluie noire de suie (…)
Maupassant, la Vie errante, III, p. 37.
♦ Feu de cheminée. ⇒ 1. Feu.
♦ Par anal. de forme. || Cheminée des fées : colonne ou pyramide argileuse coiffée d'un bloc (qui l'a protégée de l'érosion).
♦ ☑ Loc. fig. Coiffure en cheminée : coiffure de femme en hauteur, au moyen âge.
4 (1649). || Cheminée d'un volcan, cheminée volcanique, par où passent les matières volcaniques.
6 Quant à la cheminée volcanique qui établissait la communication entre les couches souterraines et le cratère, on ne pouvait en estimer la profondeur par le regard, car elle se perdait dans l'obscurité.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 132 (1874).
7 Je passe d'une brèche à l'autre par une cheminée rocheuse de dix mètres de hauteur à peine, presque un escalier, et c'est à cet instant que se produit l'incident qui aurait pu ruiner tous nos espoirs.
R. Frison-Roche, Nahanni, p. 147.
5 Trou, conduit cylindrique. || Cheminée d'aération.
♦ Cheminée d'appel (d'une mine) : sorte de prise d'air.
♦ Mus. Petit cylindre qui s'adapte à un tuyau d'orgue pour modifier le timbre.
6 Techn. || Cheminée d'équilibre : ouvrage (ou formation naturelle) servant de régulateur de pression dans un système hydraulique.
8 Le gouffre de la Hennemorte fonctionne d'ailleurs encore en cheminée d'équilibre, le niveau des eaux passant probablement, en crue, de − 446 à − 346.
Félix Trombe, la Spéléologie, p. 22.
7 Imprim. « Intervalles de mots malencontreusement en regard sur plusieurs lignes successives, donnant à l'œil l'impression d'un long couloir blanc à travers la page » (Voyenne, 1967, in T. L. F.). → Escalier.
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HOM. Formes du v. cheminer.
Encyclopédie Universelle. 2012.