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BURGRAVE
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BURGRAVE

Terme qui au Moyen Âge a deux significations bien distinctes: en Flandre jusqu’au XIIe siècle et à l’est de l’Elbe jusque vers la fin du Moyen Âge, burgrave désigne le commandant de la garnison d’un château, qui, outre ses fonctions militaires, possède des attributions administratives et judiciaires dans une circonscription; dans l’ouest et le sud de l’Allemagne, le burgrave est le bailli du prince dans les villes, dont les fonctions diminuent lentement: à la fin du Moyen Âge il fait surtout office de juge. La fonction, héréditaire, tend à devenir un simple titre honorifique.

burgrave [ byrgrav ] n. m.
XVe; du moy. haut all. burcgrâve « comte d'un château, d'une ville »
Hist. Dans le Saint Empire, Commandant d'une ville ou d'une citadelle (fonction, puis titre nobiliaire). « Les Burgraves », drame de V. Hugo.

burgrave nom masculin (moyen haut allemand burcgrâve, de burg, château, et grâve, comte) Titre donné, dans le Saint Empire, au commandant militaire d'une ville ou d'une citadelle, représentant soit l'empereur, soit un prince ecclésiastique ou laïque.

⇒BURGRAVE, subst. masc.
HIST. [Féodalité germanique]. Commandant d'une place forte ou d'une ville; p. ext. titre ou dignité de certains seigneurs châtelains. Les burgraves du Rhin :
1. ... l'esprit des temps et la nature des lieux avaient fait croître une singulière race de seigneurs. Du lac de Constance aux Sept-Montagnes, chaque crête du Rhin avait son burg et son burgrave. Ces formidables barons du Rhin, (...) maîtrisaient le ravin et la vallée...
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 120.
2. Le château de La Roche-Maurice était un vrai château de burgrave, un nid de vautours au sommet d'un mont. On y monte par une pente presque à pic, le long de laquelle des blocs de maçonnerie éboulés servent de marches.
FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 353.
P. iron., littér. Vieillard dont les idées paraissent démodées :
3. Pour quels Burgraves nous prend-il [Flaubert] de nous servir ces antiques billevesées?
VERLAINE, Œuvres posthumes, t. 2, Voyage en France par un Français, 1896, p. 106.
PRONONC. :[]. PASSY 1914 propose également la finale -.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1413 bourchgrave, bourgrave (G. DE LANNOY, Voyages et ambassades, éd. Ch. Potvin, p. 34 : Et ont [les Russes] deux officiers, ung duc et un bourchgrave, qui sont gouverneurs de laditte ville [Novgorod] [...] bourgrave); 1482, 25 déc., Arbois, burgrave (ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 10, 1825, p. 882 : Traité entre la France et le duc d'Autriche au sujet des Pays Bas ... [il s'agit de la ville d'Arras] Et au regard de l'institution des officiers que le comte d'Artois a accoûtumé d'instituer, comme bailly [...] Burgrave [...]); 1549 burgrave (Des Estats et mais. ill. de la chrestienté, I, 86b dans Revue des Études rabelaisiennes, t. 9, p. 302 : Burgrave d'une ville); devenu terme hist.; très en vogue parmi les Romantiques; 1826-28 (HUGO, La Chasse du burgrave, Odes et ballades, t. 1, p. 482 : Il n'est pour vous comte d'Empire Pire Que le vieux burgrave Alexis Six!); 1843 (HUGO, Les Burgraves), d'où par dérision, désigne en 1850 les membres de la commission de l'Assemblée législative chargée de préparer la loi du suffrage restreint; 1877 [texte composé en 1852] (HUGO, Hist. d'un crime : La gauche s'était bornée d'abord à un peu d'ironie et m'empruntant un mot auquel on attachait, à tort, du reste, l'idée de décrépitude, avait appelé les seize commissaires les burgraves); 1864, synon. de barbon (LABICHE, Le Point de mire, I, VII, t. 9, p. 370).
Empr. au m. h. all. tardif burcgrâve « châtelain » LEXER (all. Burggraf, WEIGAND) composé de burc (all. Burg, v. bourg) « château, ville » et de grâve (all. Graf) « comte »; la forme bourchgrave de 1413 est à rapprocher du corresp. m. néerl. burchgrave (VERDAM, s.v. borchgrave).
STAT. — Fréq. abs. littér. :64.
BBG. — BEHRENS D. 1923, p. 39. — COLOMB. 1952/53, pp. 236-237.

burgrave [byʀgʀav] n. m.
ÉTYM. 1482; bourchgrave, bourgrave, 1413; all. Burggraf « comte d'une forteresse », de Burg (→ Burg), et Graf « comte ».
1 Hist. Dans le Saint Empire, Commandant d'une ville ou d'une citadelle (fonction, puis titre nobiliaire). Burg (cit. 1). || Les Burgraves, drame de V. Hugo.
2 Fam., vx. Vieillard à idées arriérées. Barbon.REM. Sens en usage dans la deuxième moitié du XIXe s.
DÉR. Burgraviat.

Encyclopédie Universelle. 2012.