colonie [ kɔlɔni ] n. f.
• 1308; lat. colonia, de colonus → 1. colon
1 ♦ Vx Réunion de personnes parties d'un pays pour aller en habiter, en exploiter un autre. Colonies romaines, grecques établies dans l'Antiquité autour de la Méditerranée. Envoyer une colonie outre-mer. — Mod. La population qui se perpétue à l'endroit où se sont fixés les fondateurs (⇒ 1. colon). La colonie prospère, s'accroît.
2 ♦ (1636) Le lieu où vivent les colons. Une colonie fertile, aride. — Les colonies (d'un pays). Vivre aux colonies.
3 ♦ Établissement fondé par une nation appartenant à un groupe dominant dans un pays étranger à ce groupe, moins développé, et qui est placé sous la dépendance et la souveraineté du pays occupant dans l'intérêt de ce dernier (⇒aussi mandat, protectorat, tutelle). Ensemble de colonies (⇒ empire, 1. union) . L'administration, les fonctionnaires d'une colonie (⇒ gouverneur, résident) . Les colonies anglaises (⇒ dominion) , espagnoles, françaises. Colonie de peuplement, d'exploitation. L'émancipation, l'indépendance des colonies. ⇒ décolonisation.
4 ♦ (1859) Anciennt Colonie pénitentiaire : établissement pour jeunes délinquants. — COLONIE DE VACANCES : groupe d'enfants réunis pour un séjour de vacances à la mer, à la montagne, à la campagne (cf. Centre de vacances). Abrév. fam. (1966) COLO . Des colos.
5 ♦ (1835) Ensemble des personnes originaires d'un même lieu (pays, province, ville) et qui en habitent un autre. La colonie russe de Paris. — Groupe de personnes vivant en communauté. Une petite colonie d'artistes.
6 ♦ (1771) Réunion d'animaux vivant en commun. Colonie d'abeilles. ⇒ essaim, ruche. Colonie de castors.
♢ Biol. Population d'organismes semblables, issus du même individu par bourgeonnement ou scissiparité, et vivant en relation étroite. Colonies d'algues, de bactéries. Les colonies ont une forme fixe, spécifique d'une espèce.
⊗ CONTR. Métropole. Individu.
● Colonie centre d'accueil pour les enfants en vacances, à l'initiative d'un organisme social ou municipal, et dans lequel sont organisées des activités de loisirs.
colonie
n. f.
d1./d Groupe de personnes qui quittent leur pays pour s'établir dans une autre contrée. C'est une colonie de Phocéens qui fonda Marseille.
— Lieu où viennent se fixer ces personnes.
d2./d Territoire étranger à la nation qui l'administre et l'entretient dans un rapport de dépendance politique, économique et culturelle. Le ministère des Colonies (devenu ministère de la France d'outre-mer) créé en 1894 disparut en 1959.
d3./d Par ext. Ensemble de personnes appartenant à une même nation et résidant à l'étranger. La colonie américaine de Paris.
d4./d Colonie de vacances: centre de vacances et de loisirs; groupe d'enfants en vacances à la campagne, à la montagne ou à la mer, sous la surveillance d'animateurs.
d5./d ZOOL Rassemblement d'animaux, généralement d'une même espèce. (Agglomération d'individus, dans les groupes inférieurs: cnidaires, tuniciers, etc.; réunion en vue de la reproduction chez divers vertébrés.)
⇒COLONIE, subst. fém.
A.— Groupement de personnes, et le plus souvent p. méton., lieu où les personnes sont établies.
1. Groupe d'émigrants qui ont quitté leurs pays pour cultiver, peupler, exploiter une terre étrangère. Les colonies [grecques] multipliées viennent peupler et exploiter les côtes (TAINE, Philos. de l'art, t. 2, 1865, p. 168) :
• 1. Supposons qu'une colonie de vingt ou trente familles s'établisse dans un canton sauvage, couvert de broussailles et de bois, et dont, par convention, les indigènes consentent à se retirer.
PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 213.
• 2. ... ils [Jeanne et son mari] traversèrent Cargèse, le village grec fondé là jadis par une colonie de fugitifs chassés de leur patrie.
MAUPASSANT, Une Vie, 1883, p. 76.
— P. ext. Population qui se développe à l'endroit où se sont fixés les premiers colons.
— P. méton. Territoire étranger placé sous la dépendance politique d'une métropole qui a assumé la tâche de le mettre en valeur et d'en civiliser les habitants. Colonies d'exploitation, de plantation, de peuplement, de commerce (CAP. 1936). Les colonies sont faites pour être perdues. Elles naissent avec la croix de mort au front (MONTHERLANT, Le Maître de Santiago, 1947, p. 613) :
• 3. ... les Britanniques se tiennent prêts à exploiter militairement eux-mêmes la réussite des Américains vers Casablanca en pénétrant dans nos colonies de l'Afrique occidentale.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 360.
2. Ensemble des personnes de même nationalité ou venant d'une même province établies dans une ville ou une région d'un pays étranger ou dans une autre ville ou région de leur propre pays. La colonie française de Londres; la colonie auvergnate de Paris. Nous avons à présent, à Paris, une colonie russe, une colonie espagnole, une colonie levantine (L. HALÉVY, L'Abbé Constantin, 1882, p. 96) :
• 4. C'est au, contraire, un très grand succès, et toute la colonie française s'écrase littéralement dans la salle de Old Compton Street.
VERLAINE, Correspondance, t. 1, 1872, p. 74.
— P. ext. Réunion de personnes que rassemblent des affinités ou des situations communes. (Quasi-) synon. communauté. Il [l'édifice] s'émiette incessamment, et des colonies de maçons installées à ses pieds, réparent continuellement sa ruine continuelle (TAINE, Philos. de l'art, t. 1, 1865, p. 84) :
• 5. Il y avait là [à notre hôtel] toute une colonie d'étudiants, horde venue du midi de la Gascogne, braves garçons un peu glorieux, suffisants et réjouis...
A. DAUDET, Trente ans de Paris, 1888, p. 9.
• 6. ... on ne s'ennuyait pas aux Genêts. Ces demoiselles avec leurs familles (...) y composaient une colonie très brillante et très vivante...
O. FEUILLET, Honneur d'artiste, 1890, p. 30.
3. ÉDUCATION
a) Colonie de vacances. Groupement, et p. méton., séjour collectif d'enfants en plein-air pendant la période des vacances scolaires :
• 7. La colonie de vacances permet à l'enfant d'acquérir une meilleure santé en facilitant son changement d'air, de régime, d'ambiance.
Pages documentaires, 1955, n° 1, p. 57.
b) Colonie sanitaire. Colonie de vacances réservée aux enfants déficients :
• 8. La colonie sanitaire reçoit des enfants dont l'état sanitaire est insuffisant, qui ne pourraient bénéficier suffisamment d'un séjour en colonie de vacances ordinaire.
Pages documentaires, 1953, n° 1, p. 70.
4. JUST. Colonie pénitentiaire
a) Groupement de condamnés aux peines dites coloniales réunis dans une possession française d'outre-mer.
b) Groupement de jeunes délinquants réunis dans un établissement spécial, à caractère le plus souvent agricole.
B.— P. anal. Groupement d'êtres vivants.
1. BACTÉRIOL. ,,Population autonome d'une espèce de microorganismes, entretenue en laboratoire pendant plus d'une génération`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Certaines levures donnent des colonies géantes en cercle à contour net (E. BOULLANGER, Malterie, brasserie, 1934, p. 375).
2. BOT. Rassemblement sur un même territoire de plantes, d'arbres, etc., d'une même espèce.
3. ZOOL. Réunion d'animaux vivants en communauté :
• 9. Les Bryozoaires sont des animaux très petits, mais qui vivent en colonies et peuvent ainsi former des masses parfois très grosses.
H. COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 455.
— En partic. Groupement formé par des oiseaux nichant tout près les uns des autres et appartenant tous à une même espèce. Une colonie de sternes (CUISIN 1969). Des colonies d'oiseaux nichés très haut dans les creux de la roche (GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 158).
Rem. On rencontre ds la docum. plusieurs emplois du mot coloniste. a) Subst. Habitant d'une colonie américaine (empr. à l'angl. colonist). Turgot était opposé à cette politique [soutenir les colonies américaines] (...) Il fut d'avis que, sans décourager les Colonistes, on temporisât indéfiniment (MAUROIS, Mes songes que voici, 1933, p. 119). b) Subst. et adj. Partisan de l'établissement de colonies. Le parti coloniste (Thiers ds Lar. 19e).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1308 « territoire administré par un gouvernement ou un prince d'un pays étranger » (Ystoire de li Normant, trad. de Aimé de Mont Cassin, éd. V. de Bartholomoeis, Livre II, XIX, p. 78, 14 : Et en ceste Regne se clame terre de demainne, et se [a] autre seignorie, se clame colonie, comme sont en cest Regne la terre qui a autre seignorie); b) 1635 (MONET, Abr. du parallèle des lang. fr. et lat., Genève, éd. Ouvion : Colonie, peuplade des personnes allans habiter, et peupler nouveau païs [...] le lieu où habite la nouvelle peuplade); 2. a) 1579 « population s'établissant dans un pays conquis » (FAUCHET, Antiquitez, I, 14 ds HUG.); b) 1767 « groupe, population d'animaux » (BUFFON, Histoire naturelle, éd. Lanessan, Quadrupèdes, t. 2, p. 194 ds IGLF); c) 1792 « groupe de personnes ayant certaines affinités, intérêts ou usages communs (d'abord des émigrés d'un même pays vivant dans la même ville) » (Mme DE STAËL, Lettres inédites à L. de Narbonne, p. 56); d) 1859 colonie pénitentiaire (DU CAMP, En Hollande, p. 191); e) 1907 colonie de vacances (Lar. pour tous). Empr. au lat. class. colonia désignant d'abord une propriété rurale, puis un établissement de Romains dans une région étrangère et déjà employé, à partir de l'idée de « groupe de population », pour désigner un groupe d'animaux (en parlant de l'essaimage des abeilles); cf. aussi les formes adaptées d'apr. l'accentuation lat., m. fr. coulongne (BERSUIRE, Trad. Tite-Live, B.N. 20312 ter, f° 10 v° ds GDF. Compl.) et coloine (1527 ds HUG.). Fréq. abs. littér. :1 628. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 036, b) 1 794; XXe s. : a) 1 342, b) 1 710.
colonie [kɔlɔni] n. f.
ÉTYM. 1579; à propos de l'Antiquité, 1308; lat. colonia. → Colon.
❖
1 Vx ou hist. Réunion, groupe de personnes parties d'un pays pour aller en habiter, en exploiter un autre. ⇒ Peuplement, émigration. || Envoyer une colonie outre-mer. || Les colonies grecques s'établirent autour de la Méditerranée.
1 L'effet ordinaire des colonies est d'affaiblir les pays d'où on les tire, sans peupler ceux où on les envoie.
Montesquieu, Lettres persanes, 122.
2 Environ deux siècles après la guerre de Troie, une colonie de ces Ioniens fit un établissement sur les côtes de l'Asie, dont elle avait chassé les anciens habitants.
Barthélemy, Anarchasis, 72.
2 Mod. La population qui se perpétue à l'endroit où se sont fixés les fondateurs (⇒ 1. Colon, 2.). || La colonie prospère, s'accroît.
3 (1635). Le lieu où vivent les colons. || Une colonie vaste, étendue. || Colonie fertile, aride. — Au plur. Ensemble des territoires colonisés (→ ci-dessous, 4.). || Vivre aux colonies, habiter les colonies.
3 M. Ulloa arriva dans la colonie avec quatre-vingts hommes de sa nation; la prise de possession devait, dans les règles ordinaires, suivre son débarquement.
G.-T. Raynal, Hist. philosophique…, XVI, 2.
4 (…) un valet tel qu'on en trouve beaucoup sur les côtes d'Espagne et dans les colonies; c'était un quart d'Espagnol né d'un métis (…)
Voltaire, Candide, XIV.
4 Établissement fondé par une nation appartenant à un groupe dominant dans un pays étranger à ce groupe, moins développé, et qui est placé sous la dépendance et la souveraineté du pays occupant dans l'intérêt de ce dernier (⇒ aussi Mandat, protectorat, tutelle). || Ensemble de colonies (⇒ Empire, union). || L'administration, les fonctionnaires d'une colonie (⇒ Gouverneur, résident). || Les colonies anglaises (⇒ Commonwealth, dominion), espagnoles, françaises. || Colonie de peuplement, d'exploitation. || L'émancipation, l'indépendance des colonies. ⇒ Décolonisation. || Colonies assimilées à des départements (cf. Département d'outre-mer).
5 Leurs terres où ils fondent une colonie.
6 C'est une grande querelle que celle de l'Angleterre avec ses colonies : savez-vous, mon ami, par où nature veut qu'elle finisse ? Par une rupture.
Diderot, Sur les lettres d'un fermier.
7 (…) des colonies peuvent être parfois à peu près complètement assimilées à des provinces ou des départements, comme c'est le cas pour quelques-unes de nos vieilles colonies françaises; mais le plus souvent, les colonies sont soumises à un régime tout à fait particulier qui ne ressemble en rien à celui des communes ou des provinces de la métropole.
Le Fur, Précis de droit international public, no 150.
5 a (1859). || Colonie pénitentiaire : établissement spécial pour jeunes délinquants. Anciennt. Territoire colonial où les condamnés aux travaux forcés purgeaient leur peine.
b (1879, colonie d'enfants; de l'all.). || Colonie de vacances : groupement d'enfants des villes que l'on fait séjourner à la campagne. ⇒ aussi Camp (de vacances).
7.1 Il a été tenté en Saxe, en 1879, dans les écoles du pays, un essai dont parle la Gazette d'Augsbourg, essai qui, d'après ce journal, a parfaitement réussi, et qui, pour cette raison, doit être continué à l'avenir. Il s'agit de colonies d'enfants pendant les vacances scolaires.
(Le) président d'une Société d'hygiène (…) eut l'idée d'essayer ce qu'il appela des colonies d'enfants, à établir pendant les vacances scolaires. D'après son plan, des enfants pauvres et chétifs des écoles de la ville devaient être, pendant les grandes vacances, envoyés à la campagne.
L. Figuier, l'Année scientifique et industrielle 1880, p. 337 (1879).
♦ Abrév. fam. || Colo, N. f. || « La “colo” est revenue comme chaque année avec l'été dans ce coin de Bretagne (…) Plougasnou, c'est un peu la capitale des “colos” » (le Nouvel Obs., 23 juil. 1973, p. 36).
6 (1835). Ensemble des personnes d'une même nationalité, d'une même région ou d'une même ville, qui habitent un autre pays, une autre région ou ville. || La colonie russe de Paris. || La colonie française de Londres. || La colonie auvergnate, bretonne de Paris. — Groupe d'hommes vivant en communauté. || Une petite colonie de bohèmes, d'artistes. ⇒ Communauté.
8 M. Lenormant m'a donné des nouvelles de la colonie de Dieppe et de l'agréable vie que vous y menez (…)
Sainte-Beuve, Correspondance, 482, 15 juil. 1835, t. I, p. 531.
9 (…) la grande salle qui servait de cuisine et de lieu de réunion à toute la famille, il faudrait dire la colonie, car la longueur de la table indiquait le séjour habituel d'une quarantaine de personnes.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 382.
7 (1767). Réunion (d'animaux) vivant en commun. || Colonie d'abeilles (cit. 1). ⇒ Essaim, ruche. || Une colonie de castors.
♦ Sc. nat. Réunion d'individus d'une même espèce, nés les uns des autres par bourgeonnement, scissiparité et restant unis. || Colonie de protozoaires, d'hydraires, de coralliaires (⇒ Corail, hydre). — Biol. || Colonie microbienne : ensemble de bactéries d'une même espèce ou variété, entretenues au laboratoire pendant plusieurs générations (⇒ Culture).
❖
CONTR. Métropole. — Individu.
Encyclopédie Universelle. 2012.