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coloris

coloris [ kɔlɔri ] n. m.
• 1615; adj. XVIe; it. colorito, de colorire « colorier »
1Effet visuel qui résulte du choix, du mélange et de l'emploi des couleurs dans un tableau. « La vigueur et l'éclat du coloris » (Diderot). Beauté d'un coloris. La gamme de coloris d'un peintre. palette.
2Couleur (du visage, des fruits). carnation. Le coloris d'une pêche. Le coloris des joues. 1. teint.
3Fig. Éclat d'un style imagé et vivant. couleur. « le style français qui a le plus de coloris » (Stendhal).

coloris nom masculin (italien colorito) Art d'assortir, d'employer les couleurs en peinture ; effet qui en résulte : Le coloris de Titien. Éclat et teinte du visage, des fleurs, des fruits : Ces deux roses n'ont pas le même coloris. Nuance agréable ou délicate de la couleur : Tissus aux riches coloris. Littéraire. Éclat d'un style expressif, imagé. Manière dont sont combinés les différents timbres des instruments.

coloris
n. m.
d1./d Nuance résultant du mélange des couleurs, de leur emploi dans un tableau.
d2./d Par ext. Coloration, éclat naturel. Le coloris d'un visage, d'un fruit.

⇒COLORIS, subst. masc.
A.— Façon d'utiliser, d'agencer les couleurs et, p. méton, l'effet obtenu. Coloris au pochoir (cf. Ch.-L. CARABELLI, [Lang. de l'impr.]). Coloris mode (Catal. de jouets [Magasins des Trois-Quartiers], 1936).
Spéc., PEINT. (cf. couleur I A 3). Vous savez que chaque artiste a son style (...). Si c'est un peintre, il a son coloris, riche ou terne, ses types préférés, nobles ou vulgaires, ses attitudes, sa façon de composer (TAINE, Philos. de l'art, t. 1, 1865, p. 2). Ce qui fait dans un tableau la beauté du coloris, ce n'est ni la variété, ni la richesse des tons isolés, c'est leur harmonie (G. SÉAILLES, Eugène Carrière, essai de biographie psychologique, 1911, p. 56) :
1. Le grand Margaritone n'avait en sa possession qu'un petit nombre de couleurs, et il les employait dans toute leur pureté, sans jamais rompre les tons. Il en résulte que son coloris offre plus de vivacité que d'harmonie.
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 149.
SYNT. a) Coloris + adj. Coloris chaud, dominant, éteint, frais, léger, sobre, tendre, violent. b) Subst. + coloris. Beauté, délicatesse, éclat, force, justesse, raffinement, splendeur du coloris.
B.— P. métaph. ou au fig.
1. MUS. Effet résultant de l'emploi des instruments, des sons, des timbres. Coloris harmonique, instrumental, musical :
2. ... tantôt [c'est] l'emploi de registres inaccoutumés qui, en altérant les timbres, fournit le coloris intense de la plupart des pièces descriptives [de Debussy]...
A. CORTOT, La mus. fr. de piano, 1930, p. 14.
3. Employés en soli, et accompagnés, souvent par des timbres de nature différente, (...) flûtes, hautbois, cor anglais, bassons apporteront leur note picturale bien personnelle et constitueront une source de grande variété dans le coloris orchestral.
Arts et litt. dans la société contemp., 1935, p. 3812.
2. LITT. Tonalité générale d'une œuvre. Poésie, différente dans ses coloris, selon les mœurs et la nature dont elle réfléchissoit les teintes (CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, p. 330) :
4. Plus je vis, plus je vois que dans notre affaire Molière seul est classique. Son coloris est déplaisant pour moi, mais la force du comique et le bon sens me ramènent à lui.
STENDHAL, Journal, t. 5, 1801-18, p. 90.
5. ... tout mon être, mes sens et mon intelligence me portent à admirer l'œuvre (...) que je vais analyser [Germinie Lacerteux]. Je trouve en elle les défauts et les qualités qui me passionnent (...) une audace large et superbe, une vigueur extrême de coloris et de pensée...
ZOLA, Mes haines, 1866, p. 55.
Spéc. [En parlant du style d'une œuvre, d'un auteur et p. oppos. à la banalité, à la fadeur] Éclat. La chartreuse de Parme. — Il y a du coloris, une atmosphère. Mais le livre est surchargé d'intrigues embrouillées (BARRÈS, Mes cahiers, t. 10, 1913-14, p. 64) :
6. Le vers de M. de Bornier est avant tout scénique et clair, solide et bien rimé. Faut-il dire qu'il lui manque parfois l'image, le coloris dans l'expression, et un peu du bruissement de ces belles ailes d'or qui couronnent le casque du bon Gérard?
A. DAUDET, Pages inédites de critique dramatique, 1897, p. 53.
C.— P. ext. Teinte :
7. Il existe une analogie frappante entre le jeu des rayons de lumière et le jeu de nos passions. Les passions donnent un coloris différent aux événemens de la vie, suivant les périodes que nous parcourons; les rayons de lumière donnent une couleur différente aux objets, suivant que la texture de leurs élémens...
CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, p. 185.
8. C'est ce rebondissement des ondes lumineuses sur les corps mats qui donne à toute chose son coloris propre.
BOIGEY, La Science des couleurs et l'art du peintre, 1923, p. 3.
1. En partic.
a) [En parlant d'un être humain] Les couleurs du visage (cf. couleur I A 1). Un visage d'un ovale à rendre fou Raphaël, un teint d'un coloris délicieux, des teintes bien fondues, veloutées (BALZAC, Un Début dans la vie, 1842, p. 370). Un visage au frais coloris (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 29).
[P. oppos. à la pâleur (cf. couleur I B 1)] Un léger coloris venait ranimer ses traits abattus (P. DE KOCK, Zizine, 1836, p. 54). Un tressaillement dans la face, la plus légère touche de coloris ajoutée par un sentiment (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1846, p. 419).
b) [En parlant de la végétation (cf. couleur I B 1)] Le coloris de la végétation (MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 165). Les plantes attirent les insectes par des coloris et par des encens (COCTEAU, Bacchus, 1952, II, 6, p. 126).
2. Au fig. (cf. couleur III). Ce coloris pernicieux dont la passion embellit le vice (Mme COTTIN, Claire d'Albe, 1799, p. 188) :
9. ... il [Rousseau] a su, comme l'a dit Byron, donner à la folie l'apparence de la beauté, et recouvrir des actions ou des pensées d'erreur avec le céleste coloris des paroles.
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 2, 1851-62, p. 30.
10. Il est vrai, les événements prennent, au long du chemin, quand on se retourne, un coloris curieux, un air d'entente avec nous.
CHARDONNE, Le Chant du Bienheureux, 1927, p. 50.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. colorifique. Qui produit une (des) couleur(s). Tout ce qu'une couleur gagne en lumière, elle le perd en énergie colorifique, et la preuve, c'est qu'à force de lumière elle irait s'évanouir dans le blanc (Ch. BLANC, Gramm. des arts et du dessin, 1876, p. 566). Attesté ds Ac. compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e, Lar. 20e, LITTRÉ, GUÉRIN, QUILLET 1965.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1615 (E. BINET, Essay sur les Merveilles de nature d'apr. L. Tolmer ds Fr. mod., t. 14, p. 284). Empr., avec substitution de suff., à l'ital. colorito, terme de peint. dep. fin XVe-début XVIe s. (L. de Vinci ds BATT.), part. passé substantivé de colorire « colorer », dér. de colore (couleur). Fréq. abs. littér. :165.
DÉR. Colorisation, subst. fém. a) Apparition d'une couleur; changement de couleur dans une substance. Nous ne nous étendrons pas davantage ici sur les phénomènes innombrables de la colorisation (Nouv. manuel complet du fabricant de couleurs, t. 1, 1884, p. 25 [encyclop. Roret]). b) Application de couleurs. Colorisation électromagnétique (cf. la plupart des dict. gén.). c) Musique (cf. coloris B). Nous donnons ici, pour les artistes (...) le système de la colorisation (C. DURUTTE, Esthétique mus. Résumé élémentaire de la technie harmonique, 1876, p. 396). []. 1res attest. a) 1690 pharm. (FUR.), b) 1741 « coloration » (P. Yves ANDRÉ, Essai sur le Beau d'apr. L. Tolmer ds Fr. mod., t. 14, p. 299); dér. irrég. de coloris (coloriser n'étant pas attesté), suff. -(a)tion.
BBG. — GOHIN 1903, p. 367. — HOPE 1971, p. 281. — LEMAGNY (J. C.). B. Bibl. Fr. Bbg. 1969, pp. 412-414.

coloris [kɔlɔʀi] n. m.
ÉTYM. 1615; adj., XVIe; ital. colorito, de colorire « colorier ».
1 Effet visuel qui résulte du choix, du mélange et de l'emploi des couleurs dans un tableau. Couleur. || Les coloris, le coloris dominant d'une peinture. || Coloris chaud, vif, vigoureux. || Coloris frais, tendre, éteint (→ Blanchâtre, cit. 1). || Beauté, perfection, vigueur d'un coloris. || Ce tableau pèche par le coloris. || Gamme de coloris d'un décorateur.
1 Malgré leurs efforts, il manquait
Le coloris de la nature;
Sous ses yeux, des Amours badins
Ranimaient ces touches savantes
Avec un pinceau que leurs mains
Trempaient dans les couleurs brillantes
De la palette de Rubens.
Voltaire, le Temple du goût.
2 La vigueur et l'éclat du coloris sont deux choses diverses; on est éclatant sans vigueur, et vigoureux sans éclat.
Diderot, Salon de 1767, t. XIV, p. 323, in Pougens.
2 Couleur (du visage, des fruits). Carnation. || Le coloris d'une pêche. || Vivacité du coloris. || Le coloris des joues. Teint.
3 Quand j'ai bu du vin de Champagne, j'ai, le lendemain, le coloris obscur, les nuances brouillées et des erreurs au teint qui me vieillissent de dix années.
J.-F. Regnard, Critique du Légataire universel, 8, in Littré.
3 Caractère vivant et imagé (du style). Éclat. || Coloris du style. || Ce style manque de coloris.
4 Je lis avec grand plaisir un morceau de Montaigne, que je n'avais pas lu depuis deux ans. Son style peint supérieurement son caractère. C'est peut-être le style français qui a le plus de coloris.
Stendhal, Journal, p. 89.
5 Entre autres conseils remarquables, et qu'il faut retenir pour se rendre compte du style, Buffon recommande « qu'on ajoute le coloris à l'énergie du dessin ». Il veut qu'on donne à chaque objet une forte lumière; il exprime le désir que chaque pensée soit une image.
Antoine Albalat, l'Art d'écrire, IV, p. 48.
4 Musique :
6 Le coloris, comme le mot lui-même l'indique, est la coloration vocale que l'on donne à ce qu'on interprète; selon la musique et les paroles qu'on chante, le coloris de la voix doit varier (…) Tantôt sombre, tantôt lumineux, tantôt monotone et tantôt changeant, le coloris de la voix doit refléter l'état d'âme que le musicien a voulu traduire.
Initiation à la musique, p. 141.
DÉR. Colorier, coloriste.

Encyclopédie Universelle. 2012.