condamné, ée [ kɔ̃dane ] adj. et n.
1 ♦ Que la justice a condamné à une peine. Un innocent condamné. — N. (1753) Un condamné. ⇒ bagnard, banni, détenu, repris de justice. « Le Dernier Jour d'un condamné », roman de Hugo. Condamné à mort. La cigarette du condamné, la dernière cigarette offerte avant sa mort. Gracier un condamné.
2 ♦ Qui n'a aucune chance de guérison, va bientôt mourir. Un malade condamné. ⇒ inguérissable; incurable, perdu.
3 ♦ Par ext. Obligé (à). ⇒ contraint. Les gens condamnés aux travaux les plus durs; à quitter leur pays.
4 ♦ Ouverture, endroit condamné, définitivement clos, où l'on ne peut plus aller, passer.
● condamné, condamnée nom Personne frappée d'une condamnation judiciaire.
condamné, ée
adj. et n.
d1./d Qui s'est vu infliger une peine.
|| Subst. Un condamné à mort.
d2./d Malade condamné, dont la maladie est mortelle.
d3./d Obligé, astreint (à). être condamné à l'immobilité.
d4./d Porte, fenêtre condamnée, par laquelle on ne peut plus passer.
⇒CONDAMNÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de condamner.
II.— Adj. et subst.
A.— Frappé d'une condamnation par la justice. Condamné à mort, à payer, à restituer, à une amende, à la détention perpétuelle. Vous êtes condamné (HUGO, Correspondance, 1869, p. 214).
— Emploi subst. Les condamnés par contumace (Code civil, 1804, art. 28, p. 7).
1. Condamné à mort et p. ell., condamné. Frappé de la peine de mort. Julien Sorel, condamné à mort pour un assassinat (P. BOURGET, Essais de psychol. contemp., 1883, p. 243) :
• 1. Nous sommes condamnés, nous devons tous périr;
Naître, c'est seulement commencer à mourir...
Et l'enfant, hier encor chérubin chez les anges,
Par le ver du linceul est piqué sous ses langes.
T. GAUTIER, Poésies, 1872, p. 262.
— Condamné (à mort), subst. L'exécution d'un condamné. La cigarette et le verre de rhum du condamné (SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 231). Au moment où le condamné a la tête dans la guillotine, il devrait y avoir un silence avant que le couteau tombe (RENARD, Journal, 1894, p. 232) :
• 2. Renoldi ressentit au cœur un coup violent, et il fut inondé d'un délire de joie, comme un condamné qui reçoit sa grâce.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Une passion, 1882, p. 829.
2. P. anal. Condamné (à mourir). Selon l'avis des médecins, frappé d'une maladie mortelle. Synon. perdu, confisqué (vieilli). Se savoir condamné :
• 3. « Reste qu'il y a aujourd'hui par le monde des milliers de malades jadis condamnés par les médecins, et qui sont en train de devenir plus ou moins centenaires. »
BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1241.
— P. métaph. La mode meurt jeune, et cet air condamné qu'elle a, lui donne de la noblesse (J. COCTEAU, Portraits-souvenirs, 1935, p. 95).
3. P. ext. et au fig. Condamné à. Astreint à, obligé à (faire ou subir quelque chose) :
• 4. ... David, qui avait été homme de peine en fabrique, devinait qu'elle souffrait dans le ventre, comme tant de jeunes filles condamnées à travailler debout. C'est tuant, pour une femme.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 158.
B.— Frappé d'une sanction sévère.
1. [En parlant d'une pers. ou d'un produit de son esprit, etc.] Frappé d'un blâme; blâmé, rejeté comme mauvais. Ce livre sot, si durement condamné par son succès même (BLOY, Exégèse des lieux communs, 1902, p. 135).
2. [En parlant d'une chose] Frappé d'une interdiction, dont l'usage est interdit parce que dangereux :
• 5. Quelquefois, avant de me remettre un livre, maman en épinglait ensemble quelques feuillets; dans La Guerre des mondes de Wells je trouvai ainsi un chapitre condamné.
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 83.
— Spécialement
a) MAR. Bâtiment condamné. Destiné à la démolition, et, de ce fait, hors d'usage.
— P. métaph. Un moulin à vent (...) tournait, mélancolique épave grise, à moitié pourrie et condamnée (MAUPASSANT, Pierre et Jean, 1888, p. 380).
b) Lieu, ouverture condamné(e). Synon. barré, bouché, obturé. Trois jours après, la chaumière était fermée, volets clos, porte condamnée (J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 229) :
• 6. Cette rue aboutit à une poterne condamnée par un mur en maçonnerie, et au-dessus de laquelle croît un bouquet d'arbres...
BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 6.
Encyclopédie Universelle. 2012.