BÉARN
BÉARN
Province du sud-ouest de la France qui a formé plus de la moitié est du département des Pyrénées-Atlantiques (chef-lieu, Pau). La vicomté de Béarn, créée au IXe siècle, fut l’un de ces États pyrénéens qui associaient la montagne pastorale à un piémont agricole. Cinq dynasties se succédèrent à sa tête: les Centulle (jusqu’en 1134), les Gabarret (1134-1173), les Moncade (1173-1290), les comtes de Foix-Béarn (1290-1472) et les rois de Navarre (1472-1572). La situation du Béarn, entre la Gascogne et l’Aragon, permit à ses vicomtes de mener une heureuse politique de bascule à partir du XIe siècle, pour accéder à une souveraineté de fait au début du XIVe siècle. De plus, par une série de mariages, ils acquirent de nombreux fiefs: Gabardan (XIIe s.), Marsan et Foix (XIIIe s.), Bigorre et Albret (XVe s.), devenant ainsi la plus grande maison des marches méridionales.
Le règne de Gaston Phœbus (1343-1391) illustre la politique dictée dès 1290 par l’union du Béarn au comté de Foix aux dépens de l’Armagnac. Une «guerre de Cent Ans pyrénéenne» s’ensuivit, marquée par la brillante victoire de Phœbus à Launac (1362) qui consacrait l’hégémonie béarnaise sur le Sud-Ouest pyrénéen, de Foix à Orthez, la capitale. En même temps, Phœbus profita du conflit franco-anglais, puisqu’il possédait des territoires dans les deux zones d’influence, pour refuser de prêter l’hommage pour le Béarn «car il le tenait de nulluys». À l’intérieur, il ignora les deux assemblées consultatives (grands vassaux et représentants des villes) et le For général , charte des libertés béarnaises de 1188; il centralisa l’administration, rendit la taille permanente, réorganisa l’armée et la justice et s’entoura d’une cour brillante. À sa mort cependant, les deux assemblées fusionnèrent dans les états de Béarn pour désigner son successeur; leur pouvoir croîtra jusqu’à équilibrer celui du vicomte à la fin du XVe siècle. Pays rural, la vicomté avait une faible densité de population (10 à 12 hab. au km2). À partir du XVe siècle cependant, Pau prit son essor et devint la capitale. Les marchands et les rouliers béarnais, profitant de l’insécurité sur la Garonne, détournèrent le commerce de Toulouse vers Bayonne. Ils échangeaient les textiles flamands et anglais contre le pastel languedocien ou les laines espagnoles.
Bien que prise en tenaille entre France et Espagne, la souveraineté béarnaise se maintint au XVIe siècle. Elle fit se cristalliser un véritable nationalisme qui trouva dans la Réforme une alliée. Les nombreux protestants furent protégés par Marguerite d’Angoulême et sa fameuse cour, par sa fille surtout, l’énergique Jeanne d’Albret qui, selon Agrippa d’Aubigné, «n’avait de femme que le sexe». Mais on sait qu’Henri de Navarre devint roi de France en 1589; il pouvait déclarer: «Je donne la France au Béarn.» Louis XIII, devant le refus du Conseil souverain de rétablir le catholicisme, n’en imposa pas moins l’annexion en 1620. Et, bien qu’il eût promis de respecter les fors (privilèges), la centralisation royale élimina peu à peu le particularisme local. Le Béarn fut rattaché suivant l’époque à différentes généralités. Il conserva cependant ses états, une certaine autonomie financière (traites, gabelle) et l’usage du gascon pour les actes publics. Il eut même son parlement, issu de l’ancien Conseil souverain et de l’ancienne chancellerie de Navarre. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, une forte poussée démographique provoqua l’émigration de nombreux «cadets de Gascogne», malgré la prospérité due surtout au maïs, au fourrage et à l’industrie textile.
Béarn
anc. prov. franç., auj. partie du dép. des Pyr.-Atl., réunie à la Couronne en 1620. Il eut pour capitale Pau.
Encyclopédie Universelle. 2012.