connivence [ kɔnivɑ̃s ] n. f.
• 1539; bas lat. conniventia, de connivere « cligner les yeux »
1 ♦ Vieilli Complicité qui consiste à cacher la faute de qqn. « Je pourrais aisément compter sur la connivence du premier président » (Voltaire).
2 ♦ Mod. Accord tacite. ⇒ entente, intelligence . Agir, être de connivence avec qqn (cf. Être de mèche, s'entendre comme larrons en foire). Un sourire de connivence. « De furtives et tacites connivences les liaient » (Martin du Gard).
● connivence nom féminin (bas latin coniventia, de conivere, laisser faire) Participation, entente secrète, intelligence non avouée en vue d'une action ; complicité : Agir de connivence avec quelqu'un. ● connivence (citations) nom féminin (bas latin coniventia, de conivere, laisser faire) Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Depuis la création du monde il n'y a eu qu'une entente sacrée : la connivence des femmes. Pour Lucrèce, I, 8, Paola Grasset ● connivence (synonymes) nom féminin (bas latin coniventia, de conivere, laisser faire) Participation, entente secrète, intelligence non avouée en vue d'une action ;...
Synonymes :
- complicité
connivence
n. f. Complicité par complaisance ou tolérance; accord tacite. être, agir de connivence avec qqn.
⇒CONNIVENCE, subst. fém.
A.— SC. NATURELLES, rare (correspond à l'adj. connivent). État d'éléments connivents. Les deux tarses (...) formant par leur connivence, en même temps une cage et une pince (H. COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 307).
Rem. Sens absent des dict.
B.— Convergence dans les intentions et/ou dans l'action.
1. Vx, littér.
a) Fait d'apporter une aide à quelqu'un en feignant d'ignorer et/ou en dissimulant une action généralement coupable. Synon. complicité. La connivence du magistrat, des juges (Ac. 1878). La connivence active ou passive du gouvernement d'alors avec ces attentats (JAURÈS, Europe incertaine (1908-1911), 1914, p. 415) :
• 1. L'État, dit-on, n'a pu découvrir [de créances hypothécaires] que pour 4 milliards 500 millions, preuve de l'habileté des rentiers à se cacher et de la connivence des débiteurs...
PROUDHON, La Révolution soc. démontrée par le coup d'État du 2 déc., 1852, p. 280.
b) Participation secrète ou discrète à une action plus ou moins licite :
• 2. Madame Récamier ne parvenait à oublier ses propres chagrins qu'en s'occupant de ceux des autres; par la connivence charitable d'une sœur de la Miséricorde, elle visitait secrètement à Lyon les prisonniers espagnols.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 353.
2. Entente secrète ou tacite entre des personnes, notamment pour préparer une action commune. Synon. intelligence.
— [Avec un compl. déterminatif désignant les pers. associées dans l'entente] Connivence de ou entre + plur.; connivence de qqn avec qqn. Chaque jour révélait au roi (...) leur connivence [des bâtards] avec tous les mécontents de la Castille (MÉRIMÉE, Histoire de Don Pèdre Ier, roi de Castille, 1848, p. 142). La connivence des rois (THIERRY, Essai sur l'hist. de la formation et des progrès du Tiers-état, 1858, p. 107). Une sorte de connivence entre les gens à la page (AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, p. 70).
— Rare. Connivence avec une chose (plus ou moins personnalisée). Il y eut de ma part quelque connivence avec les occasions (CHARDONNE, Le Ciel dans la fenêtre, 1959, p. 89).
— LING. Relation entre communicants utilisant une forme linguistique selon une convention ou par référence à un emploi connus d'eux. ,,C'est ainsi que le mot séparatiste, par lequel le général de Gaulle désignait les communistes, a pu être employé par eux ironiquement devant des locuteurs qui savaient que ce mot n'appartenait pas à leur vocabulaire`` (Ling. 1972).
3. Usuel. De connivence. En accord plus ou moins caché.
a) Verbe + de connivence. Être de connivence (avec qqn), agir de connivence (Ac. 1835-1932).
b) Subst. + de connivence. Air, regard, sourire de connivence :
• 3. Ils [les soldats] se regardaient et riaient d'un air de connivence :
— On connaît la vie, on connaît la chanson.
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 145.
— Littér., rare. Entente, accord (entre des choses plus ou moins personnalisées). L'oubli, la tombe, le destin, Et la nuit, sont de connivence (HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Au cheval, 1865, p. 297).
Prononc. et Orth. :[(n)]. [n] simple ds Lar. Lang. fr., Pt Lar. 1968, DUB.; cf. aussi NOD. 1844, GATTEL 1841, FÉR. Crit. t. 1 1787 et FÉR. 1768. [n] ou [nn] double ds WARN. 1968, Pt ROB., BARBEAU-RODHE 1930. [nn] ds PASSY 1914; cf. aussi DG, LITTRÉ, FÉL. 1851 et LAND. 1834. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1547 « indulgence coupable » (Ord. de Fr. 1er sur le faict de la just., f° 79 r° ds GDF. Compl.); 2. 1798 « entente, intelligence secrète » (Ac. : Ils étoient de connivence ensemble pour). Empr. au b. lat. coniventia « indulgence » (TLL s.v., 319, 82). Fréq. abs. littér. : 184.
connivence [kɔnivɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1539, Recueil général des anciennes lois françaises, in D. D. L.; bas lat. coniventia, de conivens, p. prés. de conivere. → Conniver.
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♦ Entente secrète ou tacite.
1 Vieilli. Complicité qui consiste à cacher la faute de qqn. || Acheter la connivence d'un juge. ⇒ Corruption. — Être de connivence (avec qqn), complice.
1 Je pourrais aisément compter sur la connivence du premier président en cas que la chose lui fût bien recommandée.
Voltaire, Lettre à M. de Cideville, 30 janv. 1731.
2 (1798). Mod. et littér. Accord tacite. ⇒ Entente, intelligence.
2 L'œuvre d'art ne s'épanouit qu'avec la participation, la connivence, de tous les éléments vertueux de l'esprit.
Gide, Journal, août 1910, p. 310.
3 De furtives et tacites connivences les liaient.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 156.
♦ Cour. || …de connivence. || Échanger un sourire, un signe de connivence. || Être de connivence avec qqn : s'entendre avec qqn de manière spontanée, souvent non exprimée.
3 Sc. nat. État, situation d'éléments connivents (1.).
Encyclopédie Universelle. 2012.