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curare

curare [ kyrar ] n. m.
• 1758; mot caraïbe k-urary « là où il vient, on tombe »
Poison à action paralysante, extrait de diverses plantes du genre strychnos, utilisé par les peuplades de l'Amérique du Sud tropicale pour empoisonner leurs flèches, et en thérapeutique (anesthésie).

curare nom masculin (espagnol curare, du caraïbe urari) Nom commun à des substances plus ou moins complexes qui ont une action paralysante très puissante.

curare
n. m. Alcaloïde d'origine le plus souvent végétale, qui bloque temporairement la plaque neuromusculaire, entraînant une paralysie généralisée. Autrefois utilisé comme poison, le curare est employé en anesthésie.

⇒CURARE, subst. masc.
Substance extraite d'une liane tropicale (du genre Strychnos) et dont les propriétés paralysantes (mortelles par introduction dans le système circulatoire) sont utilisées par les Indiens d'Amérique du Sud pour empoisonner leurs flèches, et en anesthésie moderne. Le curare ne fait qu'interrompre quelque chose de moteur qui met le muscle et le nerf en rapport électrique par le mouvement (C. BERNARD, Notes, 1860, p. 116).
P. compar. et métaph. [P. réf. au caractère venimeux de propos ou d'écrits qui laissent la victime sans réaction] Ce genre de poésie est vénéneux; il fige le sang comme le curare (AMIEL, Journal, 1866, p. 57) :
— J'ai vilipendé Ambert et Issoire, seul de vous tous. J'ai tenu votre promesse commune. Mais une telle manifestation n'a pas d'efficacité. Des bouts-rimés? Arme inoffensive. Je les voudrais enduits de curare.
ROMAINS, Les Copains, 1913, p. 31.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1758 (Hist. nat., civ. et géogr. de l'Orénoque etc., par le P. Jos. Gumilla, trad. de l'esp. sur la sec. éd. par M. Eidous, t. III, p. 1 ds KÖNIG, p. 87). Empr. à l'esp. curare, attesté dep. 1745 (Gumilla ds FRIED.), lui-même empr. au caraïbe urari (v. FRIED. et FEW t. 20, p. 83b). Fréq. abs. littér. :57.
DÉR. 1. Curariser, verbe. Soumettre à l'influence du curare. Votre grenouille n'est donc pas curarisée? Qu'est-ce qui lui prend? Je n'aime pas ces convulsions (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 53). Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s. excepté ds les éditions de l'Ac. Rem. On rencontre ds la docum. a) Curarisant, ante ) Part. prés. de curariser. ) Adj. Qui exerce sur l'organisme une action analogue à celle du curare. En outre, l'anesthésie générale est souvent complétée par l'administration de substances dites « curarisantes », c'est-à-dire capables, à l'instar du curare, de faire céder la contracture musculaire, qui persiste même sous anesthésie, et de faciliter ainsi certains temps de l'opération (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 781). Attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., ROB., QUILLET 1965. ) Subst. masc. Substance exerçant sur l'organisme une action analogue à celle du curare. Attesté ds Lar. 19e Suppl. 1890-Lar. Lang. fr. b) Curarisé, ée, curaré, ée ) Part. passé de curariser. ) Adj. Qui est soumis à l'action du curare. Faire revenir en injectant du sang curaré (C. BERNARD, Notes, 1860, p. 106). c) Curarisation, subst. fém. Action de curariser, résultat de cette action. La vératrine exerce une action paralysante sur la contraction musculaire, mais par un processus antagoniste de la curarisation, puisque l'hétérochronisme neuro-musculaire résulte dans le cas présent d'une diminution de la chronaxie du tissu musculaire (J. GUILLERME, La Vie en haute altitude, p. 32 ds ROB. Suppl. 1970). Attesté aussi ds Lar. encyclop., QUILLET 1965, Lar. Lang. fr. 1re attest. 1875 (HENNEGUY, Étude sur l'action des poisons, p. 58 ds LITTRÉ Suppl.); de curare, dés. -iser. 2. Curarine, subst. fém. Alcaloïde extrait du curare. Attesté ds la plupart ds dict. gén. du XIXe et du XXe s. Seule transcr. ds LITTRÉ : ku-ra-ri-n'. 1re attest. 1838 (Ac. Compl. 1842); de curare, suff. -ine.
BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 33, 54 (s.v. curariser). — WEIL (A.). En Marge d'un nouv. dict. R. de Philol. fr. 1932, t. 45, p. 16.

curare [kyʀaʀ] n. m.
ÉTYM. 1758; répandu XIXe; esp. d'Amérique curare (1745), d'un mot indien (caraïbe, tupiguarani…) k-urary signifiant « là où il vient (ur-), on tombe (-ar-) ».
Substance paralysante complexe contenant de l'ammonium, et agissant sur les muscles par la plaque motrice (synapse neuromusculaire). || On distingue deux types de curares selon leur action dépolarisante. || Curares d'origine végétale (lianes du genre Strychnos), animale; curares de synthèse. || Certains Indiens d'Amérique du Sud empoisonnaient leurs flèches au curare. || Action, effets du curare (sur les muscles). Curariser, curarisation. || Utilisation des curares en anesthésie, en réanimation (traitement du tétanos).
0 En 1845, M. Pelouze me remit une substance toxique appelée curare, qui lui avait été rapportée d'Amérique (…) Or, chez ma grenouille empoisonnée par le curare, le cœur continuait ses mouvements, les globules du sang n'étaient point altérés en apparence dans leurs propriétés physiologiques, non plus que les muscles, qui avaient conservé leur contractilité normale. Mais (…) les propriétés des nerfs avaient cependant complètement disparu. Il n'y avait plus de mouvements ni volontaires ni réflexes, et les nerfs moteurs excités directement ne détermineraient plus aucune contraction dans les muscles (…) J'arrivai finalement à cette proposition générale que le curare détermine la mort par la destruction de tous les nerfs moteurs, sans intéresser les nerfs sensitifs.
Cl. Bernard, Introd. à la médecine expérimentale, III, 1, 4e exemple.
tableau Noms de remèdes.
DÉR. et COMP. Curarine, curariser. Tubocurarine.

Encyclopédie Universelle. 2012.