décadent, ente [ dekadɑ̃, ɑ̃t ] adj. et n.
• 1516, repris au XIXe; lat. médiév. decadens → décadence
1 ♦ Qui est en décadence. Période, époque décadente. Art décadent. Monarchie décadente. Peuple décadent.
2 ♦ (v. 1882) L'école décadente : l'école littéraire pessimiste qui prépara le symbolisme. Poètes décadents : représentants de cette école. Subst. Les décadents tchèques. — N. m. DÉCADENTISME .
● décadent, décadente adjectif Qui est en décadence, qui traduit une décadence sur le plan artistique, culturel : Civilisation décadente. ● décadent, décadente adjectif et nom Se dit d'écrivains de la fin du XIXe s. qui ont eu en commun le refus du conformisme et la recherche d'une esthétique raffinée résolument marginale.
décadent, ente
adj. (et n.)
d1./d Qui résulte de la décadence ou la traduit; qui est en décadence. Siècle décadent. Peinture décadente.
d2./d LITTER L'école décadente: l'école littéraire et philosophique qui prépara le symbolisme.
|| n. m. Les décadents.
⇒DÉCADENT, ENTE, adj. et subst.
I.— Adj. Qui est en décadence; qui est l'indice ou le résultat de la décadence. Époque décadente. La bourgeoisie décadente et désargentée (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 223) :
• 1. Le baroque et la préciosité du style seraient ainsi la survivance, formelle et maniérée, d'un ordre social décadent ou révolu. Sur le plan esthétique, ils en sont le mourant écho.
LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 293.
— [En parlant d'une forme d'art, d'une œuvre, notamment des productions du mouvement littér. « décadent » de la fin du XIXe s.; gén. avec l'idée de raffinement éventuellement excessif] Il absorbait les nouvelles érotiques et décadentes des journaux littéraires à un sou (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1281). Les films de Mary Deren ont été les vestiges décadents du vieux surréalisme (SADOUL, Cin., 1949, p. 192) :
• 2. Je viens de lire à fond le Termite de Rosny. Lui, nom de Dieu! qui a la pensée métaphysique, la pensée obscure, il l'habille, cette pensée, d'un style décadent, d'un style aussi incompréhensible que celui de Francis Poictevin.
GONCOURT, Journal, 1890, p. 1122.
♦ P. méton. [En parlant d'une pers.] Le latin (...) est la langue de poètes infiniment délicats, presque décadents, comme on dit aujourd'hui (RENAN, Feuilles détach., 1892, pp. 267-268). On allait à Greenwich Village pour y voir des femmes à cheveux courts et des jeunes gens décadents (MORAND, New York, 1930, p. 104).
II.— Substantif
A.— [Désigne une qualité] Qualité de ce qui est décadent. Le coup de pinceau donné par l'ébauchoir est une recherche de décadent souvent funeste (PÉLADAN, Art ochlocratique, Salons 1882 et 1883, 1888, p. 39).
B.— [Désigne une pers.] Personne qui appartient à une époque de décadence, qui se distingue par un raffinement propre à l'esprit décadent. Ses sens délicats et raffinés de décadente (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 4) :
• 3. Voyez le XVIIe siècle français. Il a eu ses décadents, mais ce ne sont pas eux qui ont façonné l'esprit du siècle.
AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, p. 16.
— Spéc. Membre du mouvement littéraire et philosophique « décadent » de la fin du XIXe siècle. Les décadents qui cuisinent des hachis de mots (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 33). « Voyons! vous n'allez pas me faire croire que les décadents ont du talent » (RENARD, Journal, 1891, p. 106).
♦ Le Décadent. Revue de ce mouvement, qui parut de 1886 à 1889.
Rem. On rencontre chez VERLAINE, Corresp., t. 2, 1887, p. 85, le subst. masc. décadard, fam. Membre du mouvement décadent. Je mets tous ces éphèbes d'accord, symbolos et décadards, avec ce grand mot : Liberté-libertas!
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1516 « qui est en déclin » (GUILL. MICHEL, à la suite des Eglog. de Virgile, 31 r°, édit. 1540 ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 472 : saison décadente) — 1584 (BRANT., Dames, IX, 458 ds HUG.); à nouv. 1834 BOISTE qui fait référence à Brantôme; spéc. s'applique à une école littéraire et philosophique de la fin du XIXe s. av. 1872 subst. désignant une pers. (GAUTIER, Guide Louvre, p. 107); cf. PLOWERT : décadent. s.m. — Employé volontiers par Gautier, Flaubert et Goncourt dans le sens de raffinement littéraire. Formé à partir de décadence. Fréq. abs. littér. :125.
décadent, ente [dekadɑ̃, ɑ̃t] adj. et n.
ÉTYM. 1516; de décadence.
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1 Qui est en décadence. || Période, époque décadente. || Art décadent. || Monarchie décadente. || Peuple décadent.
1 De cette civilisation décadente, Cléopâtre sera la fleur suprême, attirante et empoisonnée.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, IV, III, p. 317.
1.1 De tout temps, les époques de vieillissement ont confondu la plénitude et le bourrage. Toute politique décadente multiplie sans fin le nombre des lois.
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. II, p. 16.
♦ Qui appartient à la décadence de l'Empire romain. || Les Romains décadents.
2 (1885). Se dit de l'école littéraire pessimiste qui prépara le symbolisme. || L'école décadente. || Les poètes décadents, représentants du décadentisme.
2 Il y eut, vers 1880, toute une série de cénacles de jeunes (…) C'est dans ces milieux qu'apparaît l'état d'esprit « décadent ». Décadent est un mot nouveau, peut-être créé après la lecture d'un sonnet où Verlaine, évoquant des images de la décadence romaine, disait sa « langueur », son dégoût de l'action, sa certitude que rien, dans la vie, ne valait la peine qu'on la vécût. Jules Laforgue, dès le début de 1882, emploie ce mot pour caractériser, avec éloges, l'esprit des jeunes.
Martino, Parnasse et Symbolisme, VIII, p. 144.
♦ N. (Av. 1872, Gautier, in T. L. F.). Personne qui appartient à une période décadente et qui en présente les caractères. — V. 1875. Adepte de l'école décadente. || « Le Décadent », revue du mouvement décadent (1886-1889).
3 Il reste des décadents attardés qui s'obstinent à peindre avec des mots.
4 Les Décadents paraissent se soucier fort peu des questions de forme et d'art. Poètes, ils acceptent d'abord les rythmes traditionnels et ne revendiquent que le droit au néologisme : « à des besoins nouveaux correspondent des idées nouvelles, subtiles et nuancées à l'infini. De là la nécessité de créer des vocables inouïs pour exprimer une telle complexité de sentiments et de sensations physiologiques. »
Martino, Parnasse et Symbolisme, p. 145.
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CONTR. Archaïque (1.).
DÉR. Décadentisme ou décadisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.