CAPITAL RISQUE
CAPITAL RISQUE
Véritable levier du dynamisme industriel et économique, le capital-risque traduit bien imparfaitement le concept américain de venture capital : la version française fait primer la notion de risque sur celle d’aventure. Il s’agit pourtant d’une aventure d’un type nouveau entre un industriel et un financier, associés dans un projet d’entreprise. Le capital-risque est une activité d’intermédiation financière à vocation d’investissement. Elle permet l’engagement de capitaux dans la création et le démarrage de petites entreprises spécialisées dans de nouvelles idées ou de nouvelles technologies, à fort potentiel de développement international. Les investisseurs en capital-risque reçoivent des fonds d’institutions financières ou de personnes privées, et les placent dans des entreprises qu’ils ont sélectionnées et qu’ils aident activement dans l’organisation de leur gestion et de leur croissance. Ces investissements assurent des plus-values en cas de succès de l’entreprise, lorsque les actions de celle-ci commencent à être cotées et échangées en Bourse à une valeur plusieurs fois supérieure au montant de l’investissement initial. C’est en fait une sorte de mariage avec divorce à l’amiable préétabli, le financier investisseur entrant dans un projet pour une durée de quatre à six ans. Les banques classiques et autres organismes institutionnels interviennent en soutien d’une phase de développement contrôlée, la Bourse prenant ensuite le relais.
Ce genre d’opérations comporte un risque important en raison du taux élevé de mortalité naturelle des entreprises nouvelles. Pourtant, la formule a remporté un énorme succès aux États-Unis, où elle est née, même si l’investissement en capital-risque semble y observer une certaine pause, et a fait école en France. Cela s’explique pour les raisons suivantes: apparition d’un grand nombre d’opportunités technologiques pour la création et la commercialisation de biens et de services totalement nouveaux; perspectives de très importantes plus-values associées aux investissements dans ces nouvelles firmes de haute technologie; diminution des opportunités d’investissements intéressants conjuguée à la baisse de la pression fiscale sur les plus-values boursières.
Aux États-Unis, la plupart des entreprises de technologie, notamment dans la micro-informatique, se sont développées de la sorte. Dans la décennie 1975-1985, trois mille cinq cents sociétés américaines environ ont vu le jour grâce à l’existence de trois mille fonds de capital-risque qui ont permis de drainer 7 milliards de dollars au profit des entreprises jugées les plus performantes. Plus de cinq cents d’entre elles, notamment issues de la fameuse Silicon Valley, ont rapidement grandi jusqu’à entrer sur les marchés financiers. Après avoir été portés pendant dix ans sur une vague de succès nourrie par des sommes de plus en plus importantes mobilisées auprès des investisseurs et par les rendements fabuleux des mises, les fonds de capital-risque américains marquent une pause: la profession a souffert des revers qu’a essuyés l’industrie des semi-conducteurs et des séquelles de l’effondrement des cours d’action de la quasi-totalité des sociétés de technologie avancée (micro-processeurs, logiciels, biotechnologie) lors de leur introduction en Bourse, en 1984. Ils glissent progressivement en direction de sociétés qui ont déjà atteint un certain degré de maturité et de développement.
En France, la profession est encore jeune et fragmentée. On a assisté à une floraison d’organismes et à une éclosion du marché, sous l’effet conjugué de l’action des pouvoirs publics, de la mouvance économique et industrielle et de l’émergence d’une nouvelle race d’entrepreneurs. Pourtant, l’activité de capital-risque est trop souvent conçue comme un sous-produit de l’activité bancaire. Regroupée majoritairement au sein de l’Association française des investisseurs en capital (A.F.I.C.), qui regroupe 143 adhérents et représente 90 p. 100 des investissements, la profession compte environ 170 acteurs.
Au début de 1995, les investisseurs français avaient apporté 32 milliards de francs en cinq ans. L’exercice 1994 témoigne d’un redressement de l’activité (+ 20 p. 100) après deux années très moroses. Le capital-investissement reste, en valeur absolue, le principal bénéficiaire des investissements, devant les opérations de transmission-succession. Le capital-risque, à proprement parler, regroupe les financements les plus délicats (amorçage, création et postcréation).
Cinq catégories d’intervenants se dessinent. Il s’agit des sociétés de développement régional, des filiales d’affaires des groupes bancaires, des instituts régionaux de participation, des sociétés de capital-risque et des fonds de capital-risque. Pour ces trois derniers, l’activité de capital-risque est l’unique vocation, à la différence des banques, qui peuvent se retrouver, non sans une certaine ambiguïté, à la fois investisseur et partenaire pour les opérations classiques de financement du cycle d’exploitation.
Sur le plan européen, la profession des venture capitalists a constitué une association, l’Association européenne de capital-risque, l’E.U.C.A. L’idée qui a présidé à sa création est de développer des synergies transnationales. Sur fonds communautaires, l’E.U.C.A. apporte un financement d’appoint à des projets présentés et financés par au moins deux sociétés de capital-risque européennes de nationalité différente.
À l’intérieur de l’Union économique européenne, c’est en Grande-Bretagne que le métier d’investisseur en capital-risque a connu la croissance la plus rapide.
● Capital risque participation au capital d'une société qui présente un certain risque en raison soit de sa récente création, soit du domaine d'activité dans lequel elle intervient.
Encyclopédie Universelle. 2012.