déraison [ derɛzɔ̃ ] n. f.
• desraison v. 1175; de dé- et raison
♦ Vx ou littér. Manque de raison dans les paroles, la conduite. ⇒ démence, folie, inconséquence.
⊗ CONTR. Raison.
● déraison nom féminin Littéraire. Manque de raison, de jugement ; folie. ● déraison (citations) nom féminin Robert Mallet 1915 J'ai toutes les raisons de t'aimer. Il me manque la déraison. Apostilles Gallimard George Bernard Shaw Dublin 1856-Ayot Saint Lawrence, Hertfordshire, 1950 L'homme raisonnable s'adapte au monde ; l'homme déraisonnable s'obstine à essayer d'adapter le monde à lui-même. Tout progrès dépend donc de l'homme déraisonnable. The reasonable man adapts himself to the world ; the unreasonable one persists in trying to adapt the world to himself. Therefore all progress depends on the unreasonable man. Maxims for Revolutionists
déraison
n. f. Litt. Manque de raison; manière de penser, d'agir contraire à la raison.
⇒DÉRAISON, subst. fém.
A.— Manque de raison, de bon sens, de jugement dans la nature ou le comportement d'une personne :
• C'est encore avec la même déraison, que plusieurs praticiens se sont longtemps obstinés à regarder le sucre comme un aliment dangereux.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 88.
— Vieilli, cont. littér. ou philos. Synon. de démesure ou folie (dans un sens atténué). Qui dit amour dit déraison (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1361). Il n'y a pas d'action sans un brin de folie, sans une déraison souveraine qui se moque des raisons (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 426).
— Domaine de la pathol., littér. Synon. de aliénation mentale. La fantasque déraison d'une santé de femme mal équilibrée (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 53).
B.— Caractère de ce qui manque de raison ou est dénué de bon sens. La déraison des guerres modernes se nomme intérêt dynastique, nationalités, équilibre européen, honneur (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 187).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. Ca 1175 « bavardage absurde » (CHR. DE TROYES, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 1714); 1177-79 « manque de bon sens, folie » (ID., Chevalier del Charrette, 188). Dér. de raison; préf. dé(s)-, (lat. dis-). Fréq. abs. littér. :115.
déraison [deʀɛzɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1175; de 1. dé-, et raison.
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♦ (V. 1177). Vx ou littér. Manque de raison dans les paroles ou la conduite. ⇒ Démence, folie, inconséquence. || C'est le comble de la déraison.
1 Qu'est-ce que le péché, sinon une erreur et une déraison ?
2 C'est donc qu'elle est trop jeune ? S'attacher à une jeunesse est déraison pour vous.
G. Sand, la Mare au diable, XVI, p. 132.
3 Ce qu'ils attendaient de la métropole était souvent déraisonnable, mais lorsque je parcourus les quartiers pauvres de la ville — elle n'en a pas beaucoup d'autres — je constatai qu'ils avaient quelque droit à la déraison.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 163.
4 (…) ma folie, simple déraison, est plate, voire invisible; au reste, totalement récupérée par la culture; elle ne fait pas peur.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 142.
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CONTR. Raison, sagesse, sens (bon sens).
Encyclopédie Universelle. 2012.