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CARINTHIE
CARINTHIE

CARINTHIE

Dans son cadre montagneux, la province autrichienne de Carinthie (Kärnten) est une unité naturelle bien délimitée. Elle l’est moins, par contre, dans le domaine ethnique, car cette province, entrée en 1335 dans les domaines des Habsbourg, est une zone de contact entre Slaves et Germains. La majorité allemande, de dialecte sud-bavarois, est mêlée, surtout dans le sud du land qui est de régime linguistique mixte, à des Slovènes et à des Germains anciennement slavisés (les Wendes) qui représentent 3 p. 100 environ du total des habitants. La Carinthie historique résulte de la cession du Kanaltal et du Tarvis à l’Italie, après 1918, et du Miesstal (Miza) à la Yougoslavie. En 1920, un plébiscite avait rendu à l’Autriche une partie des territoires contestés. Les 9 533 kilomètres carrés du land se partagent en deux grands secteurs: la haute Carinthie, à l’ouest, et la basse Carinthie, à l’est.

Le haut pays (Oberkärnten) est essentiellement montagneux, drainé, jusqu’à leur confluent, par la Drave (Drau) et le Gail. Il s’adosse, au nord, à la masse des Hohe Tauern, dominés par le Grossglockner (3 797 m), point culminant de l’Autriche. Cette barrière est franchie par la «haute route des Alpes» et par un tunnel ferroviaire de 8,5 km. Elle est entaillée par des vallées, dont les activités se transforment avec le développement du tourisme, le Mölltal, peuplé de forestiers et d’éleveurs, et le Liesertal, chaud et ensoleillé.

La vallée de la Drave, dont le cours supérieur appartient au Tyrol oriental, entre en Carinthie par la gorge de la «porte du Tyrol». Grâce au föhn, qui abrège l’hiver, et à la chaleur de ses étés, elle porte sur l’adret un chapelet de gros villages et de bourgs, dont la petite capitale est Spittal an der Drau (15 346 hab. en 1991). Au sud de l’Oberdrautal, la vallée du haut Gail (Lesachtal), route vers l’Italie, par le haut Adige, est un étroit sillon, serré entre la cloison des Gailtaler Alpen (2 371 m), qui la sépare de la Drave, et la muraille abrupte des Karawanken au midi. Dans un climat d’abri, ses beaux villages, établis sur les terrasses des versants, exploitent la forêt et accueillent les touristes. Hermagor (7 403 hab.) et Arnoldstein (6 691 hab.), qui fond le plomb et le zinc des Gailtaler Alpen, sont des marchés locaux.

La basse Carinthie (Unterkärnten) s’ordonne autour du bassin de Klagenfurt, la plus grande dépression de toutes les Alpes. La bordure montagneuse reste très redressée, au nord, avec les Gurktaler Alpen. Ce versant est découpé en longues vallées, comme le Görtschitztal (mines de fer, usines chimiques), le Metznitztal et, surtout, le Lavanttal. Cette route vers la Styrie est, à l’amont, un pays de forêts, de tourisme, d’élevage d’un bétail renommé; elle débouche sur le bassin de Klagenfurt, autour du centre industriel de Wolfsberg (10 000 hab.) par une cuvette riante, «le paradis de la Carinthie». Au sud, les Karawanken (montagne frontière), ne sont ébréchées que par de rares cols et galeries routières (Wurzenpass, 1 073 m; Loiblpass, 1 060 m) et par le tunnel ferroviaire des Karawanken (8 km).

Le bassin de Klagenfurt couvre moins d’un quart de la superficie totale du land, mais il renferme plus de la moitié de la population carinthienne. Il offre un paysage très varié, bosselé de collines boisées, éclairé de grands lacs (Ossiacher See, Wörther See), couvert de plaines humides, de terrasses morainiques (Krappfeld, Jaunfeld), de placages de loess (Feldbau). Son climat continental excessif lui vaut des hivers extrêmement rigoureux, aggravés par l’inversion de température qui fait stationner l’air glacial, et des étés torrides. Slaves et Germains y pratiquent une agriculture riche, à base de céréales (blé, maïs), de vergers, d’élevage, qui alimente de fortes densités rurales.

Mais le Klagenfurter Becken est aussi un lieu de villes, nées du trafic et de l’industrie. Son pourtour est jalonné par des agglomérations manufacturières (bois, papier) et touristiques, comme Sankt Veit an der Glan (12 045 hab.), Ferlach, Rosental, Feistritz. La fonction urbaine est dominée par deux centres: Villach-Landskron (54 640 hab. en 1991), avec ses industries diverses, est la plaque tournante ferroviaire de l’Autriche, vers l’Italie et la Yougoslavie; Klagenfurt (89 415 hab. en 1991), capitale politique, riche de souvenirs historiques, travaille le bois, le cuir et possède des usines chimiques (allumettes), d’électro-mécanique, de textile et de produits alimentaires.

La Carinthie, dont la population augmente lentement (536 179 hab. en 1991 contre 495 226 en 1961), a, grâce au bassin de Klagenfurt, une forte activité industrielle. Son agriculture consacre 11 p. 100 du sol aux champs labourés et 33 p. 100 à la prairie. Mais elle demeure une région sylvo-pastorale. La forêt (45 p. 100 du sol) est la plus étendue de toute l’Autriche. Son exploitation, excessive, alimente une forte exportation de bois, de cellulose et de papier, et procure un très grand nombre d’emplois ruraux et industriels.

Carinthie
(en all. Kärntern) Land d'Autriche mérid., drainé par la Drave; 9 533 km²; 552 400 hab.; cap. Klagenfurt.
La région passa à l'Autriche en 1335. La partie sud fut rattachée à la Yougoslavie en 1919; elle est auj. slovène.

Encyclopédie Universelle. 2012.