désarroi [ dezarwa ] n. m.
• mil. XVe; de l'a. fr. desarroyer, desarreier « mettre en désordre » → arroi
1 ♦ Vx Désorganisation complète. ⇒ confusion, désordre. « Je trouvai les chemins et les postes en grand désarroi » ( Saint-Simon).
2 ♦ (av. 1558) Mod. Trouble moral. ⇒ désordre, 2. trouble. « La surprise serait grande chez l'ennemi — partant, le désarroi » (Madelin). « un désarroi de sa volonté, dont il eut soudain honte » (Bourget).
♢ Être en plein désarroi, en grand désarroi. ⇒ angoisse, détresse, égarement.
⊗ CONTR. Ordre; assurance, fermeté.
● désarroi nom masculin (ancien français desareer, mettre en désordre) Vieux. Désordre, confusion. Trouble moral impliquant l'indécision, l'anxiété ; angoisse, détresse : Cette nouvelle nous a jetés dans le désarroi. ● désarroi (synonymes) nom masculin (ancien français desareer, mettre en désordre) Trouble moral impliquant l'indécision, l'anxiété ; angoisse, détresse
Synonymes :
- angoisse
- déroute
- détresse
- égarement
désarroi
n. m. Trouble, confusion de l'esprit. être dans un désarroi complet.
⇒DÉSARROI, subst. masc.
A.— [En parlant d'objets, d'événements concernant les affaires, la fortune, l'état d'un pays, d'un groupe, etc.] Dérangement, désordre, mise sens dessus dessous. Désarroi matériel; une table en désarroi; au milieu du désarroi général. Synon. débâcle, débandade, délabrement, déroute, désorganisation; anton. ordre. Le désarroi du moulin était raccommodé (SAND, F. le Champi, 1850, p. 145). Un désarroi de livres régnait (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 291). Assise sur l'herbe (...) face au grand désarroi des eaux (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p. 179).
SYNT. Le désarroi de la catastrophe, de la ruche, des rues; l'armée, les finances en désarroi; mettre la maison en désarroi.
— Spéc., MAR. ,,Arrimage, chargement mal fait, objets placés en désordre`` (WILL. 1831). Yves est assis près de moi sur des malles, des caisses ouvertes. C'est encore le désarroi de l'arrivée (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 243).
B.— Au fig. Trouble qui survient aux différents niveaux de la personne. Désarroi de l'angoisse; désarroi doctrinal; cacher son désarroi. Il revenait le cœur en désarroi, le cœur en tumulte et en détresse (LOTI, Ramuntcho, 1897, p. 225). Il sentit un désarroi, une sorte d'orage mental où tourbillonnaient toutes ses pensées (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 66).
• « Elle m'a paru dans le plus grand désarroi. Je l'ai trouvée en larmes, vraiment désespérée, ne sachant que répéter sans cesse : « Non, je ne partirai pas, je ne peux pas partir! »
GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 177.
SYNT. Désarroi des consciences, des croyances, de l'esprit, des idées; désarroi moral, politique, psychique, religieux; effrayant, grand, noir, profond, terrible désarroi; être en désarroi, dans le désarroi, dans un grand désarroi; jeter qqn dans le désarroi; jeter le désarroi dans l'esprit de qqn, dans les esprits, chez tout le monde; mettre en désarroi; semer le désarroi; être dans un désarroi absolu, complet, mortel, total; vivre dans le désarroi. PARAD. (Quasi-)synon. anxiété, bouleversement, désespoir, écœurement, inquiétude, panique, perturbation, spleen; (quasi-)anton. assurance, fermeté, paix, sang-froid.
Rem. Encore fréq. au sens propre au XIXe s., le mot a opéré un glissement tel que de nos jours ce sens, devenu rare, apparaît comme vieilli.
Prononc. et Orth. :[] ou [-] à cause de r vélaire précédent. [] post. ds PASSY 1914; [a] ant. ou [] ds Pt ROB. et WARN. 1968. Pour FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, r se prononce forte. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme desarroy; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. Av. 1475 désaroy « désordre » (CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, II, 370, 27); av. 1558 au fig. « trouble, incertitude » (Carmes françois sur la prinse de Guynes et de Calais ds Poésies fr. du XVe et XVIe s., éd. A. de Montaiglon, IV, 290). Déverbal (cf. arroi) de desarreier (1355 « mettre en désordre » BERSUIRE, Tite Live, ms Ste Genev., f° 203e ds GDF.), dér. de l'a. fr. areer (préf. des-) a évincé le plus anc. desrei, desroi (XIIe s. ds T.-L.), déverbal de desreer « dérouter, égarer, mettre en désordre » (ibid.), issu par substitution de suff. de conreer, v. corroyer. Fréq. abs. littér. :525. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 69, b) 166; XXe s. : a) 1 081, b) 1 433. Bbg. DARM. Vie 1832, p. 159.
désarroi [dezaʀwa] n. m.
ÉTYM. Mil. XVe (av. 1475) « désordre »; déverbal (→ aussi Arroi) de desarreier (1355), de des- (→ 1. Dé-), et areer « disposer »; a remplacé desrei, desroi, déverbal de desreer, de des-, et élément final de conreer. → Corroyer.
❖
1 Vx. Désorganisation complète. ⇒ Confusion, désordre. || Ses affaires sont en plein désarroi.
1 Je trouvai les chemins et les postes en grand désarroi.
2 (…) puis, ayant dit bonjour à François, il ne perdit temps pour aller avertir le restant des pratiques que le désarroi du moulin était raccommodé, et qu'il y avait un beau meunier à la meule.
G. Sand, François le Champi, XIX, p. 140.
3 Et ces très anciens cimetières où André passait avaient le morne désarroi des champs de bataille au lendemain de la défaite.
Loti, les Désenchantées, II, V, p. 68.
2 (Av. 1558). Mod. Trouble moral. ⇒ Désordre, trouble. || Le désarroi d'un candidat malheureux. ⇒ Angoisse, détresse, égarement. || Désarroi des opinions, des doctrines. || Désarroi de la conscience, de la volonté. || Il essayait de cacher son profond désarroi. || Jeter le désarroi dans les esprits. || Semer le désarroi. || Un état de profond désarroi. — Un, des désarrois. || Les Désarrois de l'élève Törless, roman de Robert Musil (le titre franç. traduit l'allemand Verwirrung).
4 Il passa et repassa plusieurs fois devant la maison avec un battement de son cœur et un désarroi de sa volonté dont il eut soudain honte.
Paul Bourget, Un divorce, III, p. 132.
5 Ces dernières années de guerre, les réflexions qu'il avait été amené à faire pendant les longues insomnies de la clinique, avaient mis un grand désarroi dans la plupart de ses jugements antérieurs.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 252.
6 Il entendait, nous le savons, « tomber comme la foudre » et plus le projet paraissait invraisemblable, plus, s'il réussissait, la surprise serait grande chez l'ennemi — partant, le désarroi.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et Empire, « De Brumaire à Marengo, » XVIII, p. 240.
7 Un admirable poème de Coventry Patmore exprime le désarroi de l'homme qui, après une longue vie de bonheur, se trouve soudain devant le corps inanimé de la femme qui a été pour lui tout l'univers.
A. Maurois, Un art de vivre, II, 6, p. 87.
♦ Être en plein désarroi, en grand désarroi. || L'ennemi battu est en plein désarroi. ⇒ Déroute, sauve-qui-peut. — Cœur (cit. 43) en désarroi.
❖
CONTR. Ordre. — Aplomb, assurance, fermeté, sang-froid.
Encyclopédie Universelle. 2012.