désespérance [ dezɛsperɑ̃s ] n. f.
• 1160, repris 1801; de dés- et espérance
♦ Littér. État d'une personne qui n'a aucune espérance, qui a perdu foi, confiance. ⇒ désespoir. « une pénétrante expression de découragement et de désespérance » (France).
⊗ CONTR. Espérance.
● désespérance nom féminin Littéraire. État de quelqu'un qui a perdu l'espérance ; désespoir.
⇒DÉSESPÉRANCE, subst. fém.
État d'une âme qui tombe dans un découragement profond, un accablement propre à celui qui a perdu toute espérance. Une désespérance absolue, sans bornes; une mortelle, une noire désespérance; mourir dans la désespérance. Ce nihilisme, si élégant qu'il soit, ne saurait être qu'un abîme de mélancolie noire et de désespérance (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 207) :
• Il lui semblait, chaque nuit, qu'il descendait indéfiniment dans des abîmes sans lumière, au delà de toute profondeur connue, sans espérance de pouvoir remonter. Et, même après le réveil, persistait une tristesse, une désespérance voisine de l'anéantissement.
BAUDELAIRE, Les Paradis artificiels, Un Mangeur d'opium, 1860, p. 426.
Rem. 1. À noter la constr. rare tomber à la désespérance. Il [Pierre] se chagrinait et tombait à la désespérance (ZOLA, Rome, 1896, p. 143). 2. À la différence de son (quasi-)synon. désespoir, ce terme, peu usité au XXe s., semble qualifier un mal plus profond, un pessimisme plus général.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. Ca 1160 (B. DE SAINTE-MAURE, Troie, 19440 ds T.-L.), ,,vieux`` ds OUDIN Fr.-Esp. et Trév. Suppl. 1752; repris en 1801 (S. MERCIER, Néol., t. 1). Dér. de espérance; préf. dé(s)-. Fréq. abs. littér. :119. Bbg. LEW. 1960, p. 126, 128.
désespérance [dezɛspeʀɑ̃s] n. f.
ÉTYM. V. 1160; inusité aux XVIIe et XVIIIe; repris en 1801 par Mercier; de dés- (→ 1. Dé-), et espérance.
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♦ Littér. État d'une personne qui n'a aucune espérance, qui a perdu foi, confiance. ⇒ Découragement, dégoût, désenchantement, désespoir, lassitude, résignation. || Attitude de désespérance en face de la vie. — REM. Désespérance est plus abstrait et plus négatif que désespoir.
1 Ce fut comme une dénégation de toutes choses du ciel et de la terre, qu'on peut nommer désenchantement, ou, si l'on veut désespérance; comme si l'humanité en léthargie avait été crue morte par ceux qui lui tâtaient le pouls.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, I, II.
2 Oh ! l'inoubliable regard de tristesse sans recours, d'infinie résignation à l'infinie désespérance (…)
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 45.
3 (…) elle le regarda avec une pénétrante expression de découragement et de désespérance.
France, Jocaste, XI, Œ., t. II, p. 110.
4 Il n'a aucun motif de désespérance et il sait qu'il retrouvera la vie normale. Mais la fréquentation de la mort, qui rend si précieuse la vie, finit aussi, quelquefois, par en donner le dégoût et, plus souvent, la lassitude.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, I, IX, p. 134.
5 Une fois dehors, il sentit à certains signes qu'il allait être envahi par une forme insidieuse de désespérance, dont il savait la puissance d'amertume, pour l'avoir éprouvée à quelques dates remarquables de sa vie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 180.
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CONTR. Confiance, espérance, espoir, foi.
Encyclopédie Universelle. 2012.