éclipse [ eklips ] n. f.
• v. 1150; lat. imp. eclipsis, gr. ekleipsis
1 ♦ Passage d'un corps céleste dans la pénombre (éclipse partielle) ou l'ombre (éclipse totale) d'un autre. Éclipse du Soleil, son occultation par la Lune, pour un observateur terrestre. Éclipse lunaire (ou de Lune),son passage dans l'ombre de la Terre. Éclipse annulaire du Soleil, quand son diamètre apparent est supérieur à celui de la Lune.
2 ♦ Biol. Phase de l'infection virale au cours de laquelle les virions libèrent leur acide nucléique dans les cellules infectées et qui précède l'assemblage de nouveaux virions.
3 ♦ Fig. Période de fléchissement, de défaillance. L'éclipse d'un sportif. « La civilisation exposée à subir de longues éclipses ou même à périr » (Bainville) .
♢ Fam. Disparition. « L'homme qu'il chassait n'était plus là. Éclipse totale de l'homme en blouse » (Hugo).
♢ À ÉCLIPSES : qui apparaît et disparaît de façon intermittente (d'abord d'une source lumineuse). Phare à éclipses. Fig. Activité à éclipses. « cette publicité à éclipses, à répétition » (Duhamel). — Fam. Collaborateur à éclipses.
⊗ CONTR. Réapparition.
● éclipse nom féminin (bas latin eclipsis, du grec ekleipsis) Disparition temporaire d'un astre dans l'ombre ou la pénombre d'un autre. Absence, disparition, perte de popularité de quelqu'un, d'une activité : Actrice qui reparaît après une longue éclipse. ● éclipse (citations) nom féminin (bas latin eclipsis, du grec ekleipsis) Rafael Alberti Puerta de Santa Maria 1902-Puerta de Santa Maria 1999 Nous savions seulement […] qu'une éclipse de lune trompe les fleurs et fait avancer la montre des oiseaux. Sólo sabíamos […] que un eclipse de luna equivoca a las flores y adelanta el reloj de los pájaros. Sobre los ángeles, Los ángeles colegiales ● éclipse (expressions) nom féminin (bas latin eclipsis, du grec ekleipsis) À éclipses, qui apparaît et disparaît par intermittence : Un génie à éclipses. Éclipse de Lune, disparition temporaire de la Lune dans l'ombre ou la pénombre de la Terre. Éclipse de Soleil, occultation momentanée du disque solaire par le disque lunaire pour un observateur terrestre. ● éclipse (synonymes) nom féminin (bas latin eclipsis, du grec ekleipsis) Absence, disparition, perte de popularité de quelqu'un, d'une activité
Synonymes :
- absence
- défaillance
- éloignement
Contraires :
- présence
éclipse
n. f.
d1./d Disparition momentanée d'un astre lorsqu'un autre astre s'interpose sur le trajet des rayons lumineux qui l'éclairent. éclipse de Lune: se dit lorsque la Terre porte ombre sur la Lune. éclipse de Soleil: se dit lorsque la Lune, passant entre la Terre et le Soleil, intercepte les rayons lumineux de celui-ci (il s'agit en fait d'une occultation du Soleil par la Lune, et le terme d'éclipse, utilisé couramment, est impropre). éclipse partielle (et annulaire dans le cas du Soleil), éclipse totale.
d2./d Fig. Disparition ou défaillance momentanée. Son succès a connu quelques éclipses. éclipse de mémoire.
⇒ÉCLIPSE, subst. fém.
A.— Lang. techn. et cour.
1. ASTRON. Disparition apparente et temporaire d'un astre, provoquée par l'interposition d'un corps céleste soit entre cet astre et la source lumineuse qui l'éclaire habituellement (éclipse vraie), soit entre cet astre et l'œil de l'observateur (éclipse apparente). Le cycle astronomique des éclipses; annoncer, prédire la date d'une éclipse; une éclipse (in)visible de tel endroit. Il n'y a pas encore bien longtemps, une éclipse ou une comète jetaient l'effroi partout (ALAIN, Propos, 1921, p. 275).
— Spéc. Éclipse de soleil. Éclipse se produisant quand la lune s'interpose entre la terre et le soleil. Éclipse de lune. Éclipse se produisant quand la lune passe dans le cône d'ombre projeté par la terre. Éclipse partielle (p. oppos. à totale). Éclipse se produisant selon qu'une partie de l'astre reste visible ou non. Éclipse annulaire. Éclipse partielle du soleil, qui ne laisse voir de cet astre qu'un anneau lumineux.
SYNT. Le calcul des éclipses; observer, regarder une éclipse; des verres pour éclipses; les phases d'une éclipse; l'obscurité momentanée d'une éclipse.
2. P. anal. Disparition pour un observateur, d'un foyer lumineux. La Petite, dans l'herbe, tient ses yeux fixés sur la lampe, qu'une brève éclipse vient de voiler : une main a passé devant la flamme, une main qu'un dé brillant coiffait (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 39).
— À éclipses. [À propos de dispositifs lumineux] Qui éclaire par intermittence. Phare à éclipses; feux à éclipses des fanaux tournants; feux fixes ou clignotants, à éclats ou à éclipses.
♦ P. ext. Qui apparaît ou disparaît par intermittence. Les exercices de tir sur des buts mobiles à éclipse prompte constituent un excellent moyen pour habituer les soldats à charger et à ajuster très rapidement (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., t. 1, 1890, p. 358).
♦ Au fig. Folie à éclipses. Troubles mentaux qui disparaissent complètement, puis reviennent pendant des périodes plus ou moins longues (d'apr. PIÉRON 1963). Publicité à éclipses, à répétition (Duhamel ds Pt ROB.).
3. P. ext.
a) Fam. Disparition furtive de quelqu'un. Apparitions et éclipses (de qqn) :
• 1. Il [Vespasiano] disparaissait parfois de la scène du monde durant une quinzaine de jours, puis (...) payait de méchantes défaites ceux qui l'interrogeaient sur les causes de cette éclipse périodique.
O. FEUILLET, Onesta, 1848, p. 206.
b) MÉD. Éclipse cérébrale. Ensemble de manifestations (troubles moteurs, sensitifs) traduisant les complications vasculaires de l'hypertension artérielle associée à l'athérosclérose des artères cérébrales (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Éclipse visuelle. ,,Accès de cécité bilatérale de caractère paroxystique et de durée variable`` (Méd. Flamm. 1975).
c) PSYCHOL. Éclipse mentale. Perte momentanée du contrôle de la pensée (d'apr. PIÉRON 1973).
d) LING. ,,Dans la grammaire celtique, (...) nasalisation du phonème initial d'un mot après certains mots ou types flexionnels déterminés`` (MAR. Lex. 1933).
B.— Au fig.
1. Éclipse de + nom de chose abstr. Élimination, disparition temporaire (de quelque chose). En Europe, l'éclipse des lumières de l'antiquité avait été complète (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 1, 1817, p. 10). Je ne peux jamais me reposer, quand je sais, quand je sens, derrière un mur, des existences interrompues par ces régulières éclipses de la raison (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Qui sait? 1890, p. 1187) :
• 2. Voltaire ne se trompe point ici comme tout homme est sujet à se tromper. Il se trompe honteusement. C'est une éclipse centrale du sens commun. Tout ce qui naît d'un abus est un abus!
J. DE MAISTRE, Considérations sur la France, 1796, p. 282.
— Obscurcissement passager (de ce qui a quelque éclat). Décadence et éclipse. Ils coïncident avec une éclipse du goût que je suis fait pour endurer, moi qui me fais du goût l'idée d'une grande tâche (BRETON, Manif. Surréal., 1er Manifeste, 1924, p. 32) :
• 3. Quand cette grande et trouble image ne sera plus qu'un décor, le XVIe siècle en deviendra esclave et affaiblira son art : peut-être la longue éclipse de la poésie française tient-elle à ce que Ronsard préféra le décor de Théocrite au fond féerique sur lequel s'appuyèrent Spencer et Shakespeare.
MALRAUX, Les Voix du silence, 1951, p. 630.
2. [Avoir, connaître, souffrir une éclipse :suj. nom de pers.] Baisse passagère de prestige, de popularité. Elle [Mme de Boufflers] eut une petite éclipse de faveur en 1743 (...) et elle fut assez longtemps sans souper dans les Cabinets (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 4, 1863-69, p. 9). Je subissais une éclipse, due à de bien sots lecteurs, dans mes fonctions de critique dramatique (LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, t. 2, 1943, p. 223).
— Emploi abs. Après 1814 la Comédie-Française eut à peine un instant d'éclipse (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 1, 1851-62, p. 41).
Prononc. et Orth. :[eklips]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1150 astron. eclypse (Lapid. de Marbode, éd. P. Studer et J. Evans, 604); ca 1223 au fig. (G. DE COINCY, Mir. Vierge, éd. V. F. Kœnig, 1 Pr. 2, 4). Empr. au lat. impérial eclipsis « éclipse », lui-même empr. au gr. « abandon; défection; éclipse ». Fréq. abs. littér. :322. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 323, b) 627; XXe s. : a) 417, b) 510. Bbg. VALTER (R.). Einige Bemerkungen zum romanischen Wortschatz gelehrtlateinischer Herkunft. Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, p. 137.
éclipse [eklips] n. f.
ÉTYM. V. 1150; lat. impérial eclipsis, grec ekleipsis.
❖
1 (V. 1150). Occultation passagère d'un astre, produite par l'interposition d'un autre corps céleste entre cet astre et la source de lumière (éclipse vraie) ou entre cet astre et le point d'observation (éclipse apparente). || Éclipse de Soleil, lorsque la Lune passe entre le Soleil et la Terre. || Éclipse de Lune, lorsque la Lune, dans certains des cas où elle est en opposition avec le Soleil, pénètre dans le cône d'ombre projeté par la Terre. || Éclipse totale, partielle. || Éclipse visible, invisible de tel endroit. || Éclipse annulaire : éclipse partielle de Soleil, dans laquelle le bord de l'astre, demeurant seul visible, forme un anneau lumineux. — Atmosphère lumineuse du Soleil, observable dans les éclipses totales. ⇒ Saros. — Obscurcissement produit par une éclipse (→ Déployer, cit. 9). ⇒ Obscuration.
1 L'ancienne coutume (indienne) de se plonger dans les fleuves au moment d'une éclipse n'a pu encore être abolie; et, quoiqu'il y eût des astronomes indiens qui sussent calculer les éclipses, les peuples n'en étaient pas moins persuadés que le soleil tombait dans la gueule d'un dragon, et qu'on ne pouvait le délivrer qu'en se mettant tout nu dans l'eau, et en faisant un grand bruit qui épouvantait le dragon et lui faisait lâcher prise.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CLVII.
2 La lune ne disparaît pas entièrement dans ses éclipses; elle est encore éclairée d'une très faible lumière qui lui vient des rayons du soleil, infléchis par l'atmosphère terrestre.
♦ Par anal. Disparition d'un point lumineux. — À éclipses : qui apparaît et disparaît de façon intermittente. || Phare à éclipses.
2 (V. 1223). Période de fléchissement, de défaillance, période où quelque chose disparaît, ne se fait plus sentir, n'agit plus. || Périodes d'éclipses dans l'histoire d'un peuple, d'une civilisation. ⇒ Décadence, déchéance, sommeil (→ Assise, cit. 5). || Mémoire sujette à de brèves éclipses. ⇒ Absence, défaillance, défaut, manque, obnubilation. || Sa popularité connaît une éclipse. ⇒ Chute, défaveur. || Souffrir une éclipse. — À éclipses : intermittent (→ ci-dessous, cit. 5).
3 (Durant la Fronde) les astres les plus brillants souffrirent presque tous quelque éclipse (…)
4 La vertu la plus pure et la plus brillante a ses taches et ses éclipses (…)
5 (…) cette publicité à éclipses, à répétitions, à explosions (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, X, p. 159.
6 Il y a souvent de longues périodes silencieuses qui sont, pour un peuple, comme des éclipses de génie.
G. Duhamel, la Défense des lettres, IV, I, p. 280.
♦ L'éclipse de (qqch.), action d'éclipser (qqch.).
7 Les méprises relatives aux visages sont le résultat de l'éclipse de l'image réelle par l'hallucination (…)
Baudelaire, Journaux intimes, Fusées, VIII.
♦ Fam. Disparition momentanée. || Faire une courte, une longue éclipse. ⇒ Absence, disparition. || Reparaître après une éclipse. || « L'homme qu'il chassait n'était plus là. Éclipse totale de l'homme en blouse » (Hugo).
♦ Méd. || Éclipse cérébrale : paralysie passagère frappant un malade atteint d'hypertension artérielle. || Éclipse visuelle : accès de cécité.
❖
CONTR. Apparition, réapparition.
DÉR. Éclipser.
Encyclopédie Universelle. 2012.