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effacé

effacé, ée [ efase ] adj.
XVIe; de effacer
1 Qui a peu d'éclat, qui a passé. Couleurs, teintes effacées.
2(XVIIe) Qui paraît en retrait, n'est pas saillant. « Des poitrines effacées, des têtes allongées, des fronts proéminents » (Taine).
3(XIXe) Fig. Qui ne se fait pas voir, reste dans l'ombre. 2. falot, humble, ignoré, modeste, 1. terne. « certains enfants étaient si effacés qu'ils semblaient épouser la couleur des murs, silencieux et fermés » (Y. Queffélec). Caractère effacé. « une vieille fille, toute petite, et si menue, si effacée » (Chardonne). Mener une vie effacée.
⊗ CONTR. Vif; saillant.

efface
n. f. (Québec) Gomme (sens 2).

⇒EFFACÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de effacer.
II.— Emploi adj.
A.— [Correspond à effacer I A]
1. Domaine concr.
a) Dont le tracé ou la marque a totalement disparu. Mot effacé; lettre, ligne, page effacée; contours effacés. Les caractères d'imprimerie étaient effacés (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 99) :
1. On dit qu'un dessin, qu'un crayon est effacé pour indiquer que, par suite du frottement, la netteté de l'ensemble a disparu, que les contours sont devenus flous et parfois même imperceptibles.
ADELINE, Lex. des termes d'art, 1884.
P. anal. Sourire, pli effacé.
b) P. ext. Dont le tracé ou l'aspect est peu reconnaissable (parfois à cause d'une surcharge). Image, couleur effacée; texte effacé. Cette chambre est immense, haute de plafond, avec un papier déteint et propre, d'un jaune effacé (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 926) :
2. Le piédestal carré portait une inscription à moitié effacée, on pouvait encore lire : Aux martyrs... de...
TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 55.
2. Domaine abstr.
a) Qui a disparu. Une (mauvaise) impression, une différence effacée; un mal effacé. Cinq minutes après, plus de Bouvard : effacé de la surface du monde (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p. 201).
Expr. Effacé de la terre, du monde. Radicalement exclu :
3. Mais où était sa place? [à Françoise] Sûrement nulle part ailleurs. En cet instant, elle se sentait effacée du monde.
BEAUVOIR, L'Invitée, 1943, p. 296.
b) Synon. de oublié. Souvenir effacé. Elle [Sœur Philomène] s'informait (...) de tout ce qu'elle retrouvait à tâtons au fond de ses souvenirs à demi effacés (GONCOURT, Sœur Philom., 1861, p. 176).
B.— [Correspond à effacer I B]
1. Dont l'éclat ou le voyant a été affaibli ou supprimé. Elle [Gilberte] paraissait d'autant plus fraîche que sa toilette était plus pâle et plus effacée (SAND, Péché de M. Antoine, 1847, p. 204).
[En parlant du corps ou de l'une de ses parties] Qui présente peu de saillies ou occupe peu de place. Épaule, mâchoire, omoplate effacée; genou, menton, ventre effacé. Vous trouvez (...) chez Beato Angelico, des corps atténués (...) des poitrines effacées (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 303). Je les croisais le long des corridors, effacés contre les murs par mon passage (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 626).
P. anal. Physionomie effacée. Sans relief particulier. Elle [Félicite] revit en esprit, dans l'album, ce visage éteint, blême, effacé, terrible de l'enfant perdu (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 379).
2. Au fig.
a) [En parlant d'un comportement, d'une manière d'être ou de faire] Qui manque de relief, d'originalité. Un rôle (très) effacé; une vie, une existence, une attitude effacée; un caractère (un peu) effacé. La règle des sulpiciens est (...) d'écrire toujours du style le plus effacé, le plus éteint (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 218). Cet homme comprenait (...) le rôle effacé et presque humiliant que jouait dans cette maison l'enfant unique (MAUROIS, Climats, 1928, p. 155) :
4. Albert remarquait l'assurance et le brillant qu'Yvonne avait pris depuis son mariage. Il se rappela son air effacé de jeune fille qui se croyait laide.
CHARDONNE, L'Épithalame, Paris, Albin Michel, 1951 [1921], p. 361.
b) Usuel. [En parlant d'une pers.] Un auteur effacé; une épouse effacée; personnage effacé; (qqn) si effacé; insignifiant et effacé; modeste, humble et effacé; timide et effacé. Ma mère était simple et effacée (CAMUS, Peste, 1947, p. 1418).
Fréq. abs. littér. :1 434. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 287, b) 1 937; XXe s. : a) 1 922, b) 1 952.

Encyclopédie Universelle. 2012.