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effroi

effroi [ efrwa ] n. m.
effrei v. 1140; de l'a. fr. esfreer, ° effreer effrayer
Littér. Grande frayeur, souvent mêlée d'horreur, qui glace, qui saisit. affolement, angoisse, crainte, effarement, épouvante, horreur, peur, terreur. Être saisi d'effroi. « Délivrés du plus affreux cauchemar, après avoir vécu quelques mois dans l'effroi et l'horreur » (Loti). Regarder qqch. avec effroi. « Elle, les yeux pleins d'effroi, le repoussa avec une horreur glaciale » (France).

effroi nom masculin (ancien français esfrei, de esfreer, effrayer) Grande frayeur qui glace, épouvante ; terreur : Elle le regarda, les yeux pleins d'effroi.effroi (expressions) nom masculin (ancien français esfrei, de esfreer, effrayer) Névrose d'effroi, synonyme de névrose traumatique. ● effroi (synonymes) nom masculin (ancien français esfrei, de esfreer, effrayer) Grande frayeur qui glace, épouvante ; terreur
Synonymes :
- épouvante
- terreur
Névrose d'effroi
Synonymes :
- névrose traumatique

effroi
n. m. Frayeur intense, épouvante. Inspirer l'effroi.

⇒EFFROI, subst. masc.
A.— Littér. Saisissement provoqué par une très grande peur. Cri, hurlement d'effroi; glacer, pâlir d'effroi; jeter l'effroi. Tout à coup, au tournant d'une allée, Béatrix éprouva le plus horrible saisissement, cet effroi communicatif que cause la vue d'un reptile et qui glaça Calyste avant qu'il en vît la cause (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 229). L'amour lui inspirait toujours de la stupeur, de l'effroi, et même une sorte de répugnance (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 218). Je tremblais d'effroi toutes les fois que, passant par là, mes yeux venaient à rencontrer ceux du sauvage (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 38) :
1. On raconte que Shelley, la première fois qu'il entendit réciter le poëme de Christabel, à un certain passage magnifique et terrible, prit effroi et tout d'un coup s'évanouit.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 8, 1863-69, p. 118.
2. Déjà la panique se lisait dans ses grandes prunelles noires [de Freddie] et l'idée vint à Wilfred d'aller lui dire n'importe quoi pour l'apaiser. Par exemple, qu'on guérissait facilement des plus graves maladies vénériennes, mais cette expression à elle seule suffirait à porter un nouvel effroi dans le cœur du garçon.
GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, p. 193.
SYNT. Effroi insurmontable, sacré; frisson, geste, sentiment d'effroi; apaiser, calmer, jeter, porter, semer l'effroi; voir avec effroi; causer, inspirer de l'effroi; frémir, mourir, saisir d'effroi; plein d'effroi.
B.— P. ext. Ce qui cause de la frayeur, de la crainte, une certaine appréhension. J'envisage avec effroi les ennuis qu'entraînera pour moi la publication de cette ode (LEGOUVÉ, Mort Henri IV, 1806, V, 5, p. 177). Les vacances finirent bientôt, à mon grand effroi (MICHELET, Mémor., 1822. p. 208). M. Beauchamp, terrible journaliste, effroi du gouvernement et délices de ses amis (DUMAS père, Cte de Morcef, 1851, I, 1, p. 13). « Votre livre est le signal de ralliement de tous les bons citoyens, l'opprobre et l'effroi des méchants; ... » (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 18) :
3. Caussidière a paru à la tribune, avec une énorme liasse de papiers qu'il a annoncé l'intention de lire. Rumeur d'effroi dans l'Assemblée...
HUGO, Choses vues, 1885, p. 199.
C.— Spéc., VÉN. Partir d'effroi. S'enfuir après avoir été surpris et effrayé. Quand les chiens le font lever [le cerf] il part « d'effroi » hors de sa reposée (VIALAR, Rendez-vous, 1952, p. 247) :
4. Donc, lorsque les huissiers annoncèrent : Le Roi!
Telle fut la clameur, que corbeaux et corneilles
Des tours et des clochers s'envolèrent d'effroi.
HEREDIA, Les Trophées, 1893, p. 166.
Prononc. et Orth. :[] ou []. [] post. (s'explique par la présence de r vélaire) ds BARBEAU-RODHE 1930; [a] ant. ds PASSY 1914, DUB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; [] ou [a] ds Pt ROB. et WARN. 1968. Le mot est transcrit avec [] ouvert à l'initiale, sous l'influence des lettres redoublées, ds LITTRÉ, BARBEAU-RODHE 1930 et à titre de var. ds WARN. 1968. Enq. ://. Le mot est admis ds Ac. 1694 et 1718, s.v. effroy; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Oy est écrit pour oi, à la finale, fidèlement au système de R. Estienne qui choisissait cette orth. parce que la plupart des mots avec la finale oi avaient des dérivés dans lesquels la diphtongue [wa] devant voyelle s'écrivait oy : effroy/effroyable, effroyablement. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 effrei « grande frayeur » (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5525); 2. 1553 « ce qui cause la frayeur » (Bible, éd. J. Gerard ds FEW t. 15, 2, p. 92a). Déverbal (tiré des formes fortes, esfroie etc.) de effrayer. Fréq. abs. littér. :2 441. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 759, b) 4 596; XXe s. : a) 3 138, b) 1 969. Bbg. ARICKX (1.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 126. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 216.

effroi [efʀwa] n. m.
ÉTYM. V. 1210, esfroi; esfrei, effrei, 1140; déverbal de effrayer.
Littéraire.
1 Grande frayeur, souvent mêlée d'horreur, qui glace et qui saisit. Affolement (cit. 2), affres, alarme, angoisse, anxiété (cit. 5), crainte, effarement, épouvante, frayeur, horreur, peur, terreur, transe, trouble, trouille (fam.). || Inspirer, jeter, porter, répandre, semer l'effroi. || Vivre dans l'effroi (→ Affreux, cit. 6). || Remplir les méchants d'effroi (→ Bon, cit. 134). || Attendre, regarder qqch. avec effroi. || Des yeux, un regard plein d'effroi. || Glacer qqn d'effroi (→ Approche, cit. 20). || Être saisi d'effroi, d'un effroi sans nom. || Pâlir, trembler d'effroi. || Ses cheveux, ses poils se hérissèrent d'effroi. Horripilation (→ Abominable, cit. 1). || Un effroi mortel. || Cri d'effroi (→ Détresse, cit. 5). || Hurlement d'effroi. || L'effroi du mystère, qu'inspire le mystère (→ Attraction, cit. 14). || L'effroi de qqn, son effroi, celui qu'il éprouve.
1 En voyant l'aveuglement et la misère de l'homme; en regardant tout l'univers muet, et l'homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l'univers (…) j'entre en effroi comme un homme qu'on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable (…)
Pascal, Pensées, XI, 693.
2 Quand les périls sont passés (…) on pâlit de la peur qu'on aurait pu avoir; on s'applaudit de ne s'être laissé surprendre à aucune faiblesse, et l'on sent une sorte d'effroi réfléchi et calculé auquel on n'avait pas songé dans l'action.
A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires, II, XIII, p. 165.
3 Comme d'autres par la tendresse,
Sur ta vie et sur ta jeunesse,
Moi, je veux régner par l'effroi.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, « Le revenant ».
4 Il se jeta sur elle, ardent, les bras avides. Elle, les yeux pleins d'effroi, le repoussa avec une horreur glaciale.
France, le Lys rouge, XXI, p. 159.
5 Je regardais mon père avec effroi, et je crus voir passer sur son visage le frisson d'angoisse et de terreur qui venait de m'envahir.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, III, p. 32.
Loc. Vén. Partir d'effroi (en parlant d'un animal qui a été surpris et effrayé) : s'enfuir.
Par exagér. Appréhension, peur (surtout dans des loc.). || Envisager l'avenir, un examen avec effroi. || À son grand effroi, il devait parler en public sans préparation.
2 (1553). || L'effroi de (qqn) : ce qui cause de l'effroi, de la frayeur (à qqn). || Ce tyran est l'effroi de son peuple.
6 Le grand nom de Pompée assure sa conquête :
C'est l'effroi de l'Asie (…)
Racine, Mithridate, III, 1.
7 Au dieu persécuteur, effroi du genre humain (…)
Voltaire, Mahomet, I, 4.
Par exagér. || « M. Beauchamp, terrible journaliste, effroi du gouvernement et délices de ses amis » (A. Dumas père, in T. L. F.).
CONTR. Assurance, calme, courage, quiétude, sérénité, tranquillité. — Délice (délices, II.).
DÉR. Effroyable.

Encyclopédie Universelle. 2012.