effusion [ efyzjɔ̃ ] n. f.
• av. 1150; lat. effusio, de effundere « répandre »
1 ♦ Vx Action de répandre (un liquide). Mod. EFFUSION DE SANG : action de faire couler le sang (dans une action violente). L'ordre a été rétabli sans effusion de sang.
2 ♦ (XVIIe) Fig. Effusion de cœur (vx), ou (mod.) effusion : manifestation sincère d'un sentiment. ⇒ 1. élan, épanchement, ferveur. Remercier avec effusion. « je pris un air froid qui coupa court aux effusions qu'elle espérait » (Proust).
⊗ CONTR. Froideur.
● effusion nom féminin (latin effusio, -onis, de effundere, répandre) Manifestation sincère et vive d'un sentiment ; fait de lui donner libre cours, élan : Effusion de joie. Épanchement pathologique d'un liquide hors des organes qui le contiennent. Procédé de séparation des constituants d'un mélange gazeux, fondé sur l'inégale vitesse de passage de ces constituants à travers une cloison poreuse, les gaz les moins denses passant plus vite. ● effusion (expressions) nom féminin (latin effusio, -onis, de effundere, répandre) Effusion de sang, action de le répandre ; tuerie, massacre. ● effusion (synonymes) nom féminin (latin effusio, -onis, de effundere, répandre) Manifestation sincère et vive d'un sentiment ; fait de lui donner...
Synonymes :
- débordement
- élan
- épanchement
effusion
n. f.
d1./d Sans effusion de sang: sans que le sang soit versé.
d2./d Fig. Vive manifestation (d'un sentiment). Effusion de tendresse.
— (S. comp.) Accueillir qqn avec effusion.
⇒EFFUSION, subst. fém.
A.— Action de (se) répandre; épanchement.
1. Vx. Action de répandre un liquide. Puis l'archevêque lui fit les onctions avec l'huile mystérieuse (...) Cette effusion d'huile, dont étaient consacrés les rois dans Israël, rendait brillants et forts les rois (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 519).
2. Action de se répandre; son résultat. Effusion de larmes, de sang. Synon. écoulement, épanchement. Ils ont horreur de l'effusion du sang, des coups de feu (GIDE, Journal, 1935, p. 1232). On note dans l'épaisseur du muscle de petites effusions sanguines (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 189) :
• 1. La douleur aiguë, à laquelle il avait répondu d'abord par un gémissement sourd, puis seulement de profonds soupirs, était comme noyée dans l'effusion du sang tiède qui ruisselait sur ses reins et dont il sentait seulement la terrible caresse.
BERNANOS, Sous le Soleil de Satan, 1926, p. 149.
— P. métaph. Et en regardant, en suivant des yeux la douce tension, l'inclinaison fervente de ses [du clocher] pentes de pierre qui se rapprochaient en s'élevant comme des mains jointes qui prient, elle [ma grand'mère] s'unissait si bien à l'effusion de la flèche, que son regard semblait s'élancer avec elle (PROUST, Swann, 1913, p. 64).
— Spéc., MÉD. ,,Épanchement d'un liquide hors de l'organe qui le contenait`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Synon. épanchement. Tubeuf se relève avec une blessure à la joue :« plaie de deux pouces de longueur en travers et du côté de l'extrémité antérieure » qui a pénétré « jusqu'à l'os de la pommette avec effusion de sang et ecchymose » (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p. 131).
B.— P. anal., PHYS. [En parlant d'un gaz] Écoulement d'un gaz par un orifice étroit. La vitesse d'effusion d'un gaz suit la loi de Graham. On prévoit une séparation partielle de molécules gazeuses isotopiques, lors de leur diffusion au travers d'une paroi poreuse, ou de l'effusion, c'est-à-dire, écoulement au travers d'un orifice en paroi mince (Mme CURIE, Isotopie, 1924, p. 181).
C.— Au fig.
1. THÉOL. Action de communiquer avec abondance un don. Effusion de grâces. Le goût de sa pauvre servante pour ce qu'elle appelait naïvement « rendre service » lui semble tantôt une merveilleuse effusion des grâces du ciel, tantôt le pli avilissant de serviles hérédités (MAURRAS, Chemin Paradis, 1894, p. XXVI).
2. Usuel
a) Effusion de. Flot de. Une effusion de paroles, de signes. Rougissant, pâlissant — tantôt avec une effusion de mots volubile, tantôt dans un mutisme impossible à conjurer (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 121) :
• 2. ... il lui fallait [au Nabab] toute sa force pour ne pas manifester par quelque joyeux hourrah, une intempestive effusion de gestes et de paroles, ce mouvement d'allégresse physique qui agitait tout son être...
A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 78.
b) [En parlant de sentiments]
— [Avec compl. de nom] Action de donner libre cours à des sentiments profonds. Effusion d'amitié. Synon. élan, transport. Au retour, il y avait une grande effusion de joie, des embrassements pleins de cordialité (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 224). Ma chère lumière, je te baise avec une ardeur, une étreinte de vie, une effusion d'âme, sans exemple dans ma vie (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1850, p. 56) :
• 3. Ici, c'est l'amour qui parle avec son lyrisme, qui est vrai; c'est vraiment l'effusion du cœur, la fraîcheur inimitable de la jeunesse et ses balbutiements émerveillés.
GREEN, Journal, 1945, p. 214.
— [Sans compl.] C'était l'heure des effusions, des confidences (A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p. 7). Je ne haïrais rien autant, en ce moment-ci, qu'une effusion sentimentale (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 224) :
• 4. Alors commençaient les effusions; les baisers claquaient sur les joues des cousins, se multipliaient par les joues des tantes et des oncles, s'additionnaient, et faisaient quarante-huit.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 133.
SYNT. Effusion bruyante, excessive, idyllique, laudative, passionnée; redouter les effusions; couper court, céder aux effusions; prévenir toute effusion; serrer les mains avec effusion, remercier avec effusion.
Prononc. et Orth. :[]. Transcrit avec [] ouvert, à l'initiale, sous l'influence des lettres doubles [(f)] ds LAND. 1834 ([f] simple), LITTRÉ, D G ([ff] double), BARBEAU-RODHE 1930 ([f] ou [ff] et, à titre de var., ds WARN. 1968 ([f]). Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. effusions de ewes (Psautier Cambridge, 17, 15 ds T.-L.); 1282 en partic. (Gouvernement des rois, 374, 40, ibid. : effusion du sanc); 2. 1671 effusion de cœur (POMEY, Dict. royal). Empr. au lat. class. effusio « action de répandre, épanchement » et « débordement, transport de joie ». Fréq. abs. littér. :846. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 036, b) 1 778; XXe s. : a) 1 187, b) 1 046. Bbg. — QUEM. 2e s. t. 1 1970.
effusion [efyzjɔ̃] n. f.
ÉTYM. Av. 1150; lat. effusio, du supin de effundere, de ex-, et fundere « répandre ».
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1 Vx. Action de répandre (un liquide). || L'effusion du vin dans les libations, dans les sacrifices.
1 Lucullus (…) lui fit les effusions funérales accoutumées aux enterrements.
Amyot, Lucullus, 29.
2 Votre ami vous mandera la joie éclatante de toute la cour (à la naissance du duc de Bourgogne) quel bruit, quels feux de joie, quelle effusion de vin (…)
Mme de Sévigné, 896, 7 août 1682.
♦ ☑ Mod. Effusion de sang : action de faire couler le sang (dans une action violente). — (Surtout avec sans). || S'emparer d'une ville sans effusion de sang. || L'ordre a été rétabli sans effusion de sang.
3 Le propre corps et le propre sang dont l'immolation et l'effusion nous ont sauvés sur la croix (…)
Bossuet, His. des variations, IV, 8.
♦ Méd. anc. || Effusion du sang. ⇒ Hémorragie. — Mod. Épanchement.
♦ Littér. || Effusion de larmes.
4 (…) dans l'effusion des plus tendres larmes.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V, p. 246.
2 Théol. Action de communiquer (un don) avec abondance. || L'effusion de la grâce; effusion de grâces.
5 L'Église tient que le Père produit continuellement le Fils et maintient l'éternité de son essence par une effusion de sa substance.
Pascal, Lettre à Mme Périer, 5 nov. 1648.
3 (1648). Fig. Littér. ou style soutenu. Le fait de donner libre cours (à un sentiment profond); manifestation sincère (d'un sentiment). ⇒ Épanchement. || Une effusion d'amour, de charité, de tendresse (→ Déchaînement, cit. 5). || Effusion du cœur. ⇒ Élan. || Effusions cordiales (cit. 6). || Amis qui s'abandonnent aux effusions après une longue séparation. || Effusions lyriques, mystiques. — Effusion de paroles, de mots. ⇒ Flot.
♦ (L'effusion). ☑ Loc. cour. Avec effusion. || Parler avec effusion. ⇒ Abandon, confiance; → À cœur ouvert. || Besoin d'effusion. ⇒ Confidence. || Remercier avec effusion. ⇒ Ferveur. || Manifester sa joie avec effusion. ⇒ Transport. || Accueillir qqn avec effusion. → À bras ouverts.
6 Les bras étendus vers son gendre, il lui parle avec une effusion de cœur qui enchante (…)
Diderot, Salon de 1761, Greuze.
7 Quel accent profond et nouveau ! quelles aspirations éthérées, quels élancements vers l'idéal, quelles pures effusions d'amour, quelles notes tendres et mélancoliques, quels soupirs et quelles postulations de l'âme que nul poète n'avait encore fait vibrer !
Th. Gautier, Portraits contemporains, Lamartine, p. 172.
8 Comme elle l'embrasse ! comme elle l'étreint ! comme elle l'étouffe ! (…) Au milieu de ces effusions, l'homme du comptoir se réveille.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, IV, p. 48.
9 (…) plusieurs de ces dames se retirèrent, non pas déçues, comme elles auraient dû l'être, mais remerciant avec effusion Mme de Guermantes de la délicieuse soirée qu'elles avaient passée (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 196.
10 Comme j'exagérais ma sympathie, j'ai dû essuyer des effusions assez gênantes.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XII, p. 426.
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CONTR. Dissimulation, froideur, refoulement, réserve, retenue.
DÉR. Effusionniste.
Encyclopédie Universelle. 2012.