élancement [ elɑ̃smɑ̃ ] n. m.
• 1549; de élancer
1 ♦ Douleur brusque, aiguë, lancinante. « il avait sommeil et des élancements violents lui trouaient le crâne » (Sartre).
2 ♦ (1587) Littér. Élan religieux, aspiration mystique. « ces sublimes élancements de l'âme vers l'infini » (Gautier).
● élancement nom masculin Littéraire. Mouvement de l'âme qui se porte avec force vers quelque chose ; élan : Élancement du cœur. Douleur aiguë, lancinante, intermittente. Angle formé par l'étrave ou l'étambot avec le prolongement de la quille. (On distingue l'élancement avant et l'élancement arrière, appelé aussi quête d'étambot.) Ensemble des parties avant et arrière de la coque d'un yacht, situées en encorbellement au-dessus de l'eau. ● élancement (difficultés) nom masculin → lancement
élancement
n. m.
d1./d Douleur vive et lancinante. Un abcès qui provoque des élancements.
d2./d TECH Rapport entre la longueur et la plus petite dimension transversale d'une pièce, d'un matériau.
d3./d Litt. élan spirituel, mystique.
⇒ÉLANCEMENT, subst. masc.
A.— 1. Rare, au fig. Action de lancer au loin; résultat de cette action. Il y eut un élancement de musique d'une frénésie sauvage pendant qu'on embrassait les uns et les autres aux épaules (GIONO, Triomphe vie, 1941, p. 178). J'épie au cirque le plus vaste l'élancement des signes les plus fastes (SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 209).
2. Caractère de ce qui est élancé. [La] façade [de la cathédrale] rappelle Burgos mais sans élancement, courte de jambes comme beaucoup d'Espagnoles (T'SERSTEVENS, Itinér. espagnol, 1963, p. 294).
B.— Douleur aiguë. Et la lâchant aussitôt, comme si quelque élancement réveillait sa blessure (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 159). Aujourd'hui, inquiétude... analogue aux élancements et aux fourmis dans les doigts qui se raniment (GIDE, Journal, 1949, p. 340) :
• 1. Dans ses jambes, les élancements ne cessent pas. Il geint faiblement, et s'abandonne de nouveau à cette douceur soudaine...
MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 737.
C.— P. ext., domaine du sentiment
1. Mouvement brusque. Henri pensa avec un élancement au cœur :« il faut que je la voie!... » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 473).
2. [Avec compl. prép. de] Ardente aspiration. Élancement vers Dieu, élancement de passion. (Quasi-)synon. élan. Mon ami, tant que nous n'aurons pas pour le bien ces mêmes élancements de cœur (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 3, 1834, p. 135). La malheureuse fidèle avait la même foi, les mêmes élancements, la même charité (PÉGUY, Grippe II, 1900, p. 5) :
• 2. ... et, à un élancement de pitié, à un pincement au cœur, je sentis que celui que nous allions enterrer, (...) était maintenant plus mort qu'aucun de ceux qui là, (...) avaient fini de pourrir.
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 281.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1559 « action de s'élancer, élan » (AMYOT, Pompée, ch. 69 ds HUG.); 1624 fig. « saisissement de douleur » (D'URFÉ, Astrée, I, 1 ds GDF. Compl.). Dér. de élancer; suff. -ment1. Fréq. abs. littér. :158.
élancement [elɑ̃smɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1549; de élancer.
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1 Vx. Action de s'élancer. — Fig. et littér. Mouvement de ce qui s'élance.
2 Caractère de ce qui est élancé.
1 Nous redescendîmes pour voir la chapelle; c'est une merveille d'architecture. L'élancement des piliers et des nervures, l'ornement sobre et fin des détails, révélaient l'époque intermédiaire entre le gothique fleuri et la Renaissance.
Nerval, les Filles du feu, Angélique, X.
♦ Techn. (Mar.). Angle que forme l'étrave ou l'étambot avec le prolongement de la quille. || Élancement avant, élancement arrière.
3 (1587). Littér. Mouvement ardent de l'âme (vers Dieu, vers l'infini). ⇒ 1. Élan. || Un élancement de pitié.
2 Il faisait des soupirs, de grands élancements (…)
Molière, Tartuffe, I, 5.
3 De notre temps, où tout est sacrifié à je ne sais quel bien-être grossier et stupide, l'on ne comprend plus ces sublimes élancements de l'âme vers l'infini, traduits en aiguilles, en flèches, en clochetons, en ogives, tendant au ciel leurs bras de pierre, et se joignant, par-dessus la tête du peuple prosterné, comme de gigantesques mains qui supplient.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 254.
4 (…) retrouvant au milieu d'un apaisement extraordinaire la volupté perdue de ses premiers élancements mystiques (…)
Flaubert, Mme Bovary, III, VIII, p. 206.
5 (…) il avait sommeil et des élancements violents lui trouaient le crâne; il aurait aimé dormir et ne plus penser à rien.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 96.
♦ Sensation brusque, proche de la douleur. || « Un élancement au cœur » (Simone de Beauvoir).
Encyclopédie Universelle. 2012.