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éloignement

éloignement [ elwaɲmɑ̃ ] n. m.
• 1155; de éloigner
1Mesure par laquelle on éloigne qqn. « L'exil n'était pas seulement l'éloignement du sol de la patrie » (Fustel de Coulanges).
2Fait d'être éloigné. (Personnes) absence, séparation. Son éloignement a été de courte durée. « L'éloignement rapproche » (Montherlant). (Choses) distance, intervalle. L'éloignement de deux villes. « Quelques détonations étouffées par l'éloignement » (Martin du Gard).
3Fait d'être éloigné dans le temps. Avec l'éloignement, l'événement prend tout son sens. recul.
4Fig. Fait de se tenir à l'écart. « Son éloignement des pratiques ecclésiales » (Huysmans).
Vx Antipathie, aversion. « Ce qui m'a donné le plus d'éloignement pour les dévots » (Rousseau).
⊗ CONTR. Rappel. Proximité, rapprochement, sympathie.

éloignement nom masculin Action d'éloigner quelque chose, quelqu'un, fait d'être éloigné : Elle souffrait de l'éloignement de son mari. Fait de se tenir à l'écart : L'éloignement de la vie politique lui permit de réfléchir. Fait d'être éloigné dans le temps : Avec l'éloignement, ses souvenirs devenaient des regrets. En géométrie cotée, distance algébrique d'un point au plan frontal de projection. ● éloignement (citations) nom masculin Tacite, en latin Publius (ou Caius) Cornelius Tacitus vers 55-vers 120 après J.-C. L'éloignement augmente le prestige. Major e longinquo reverentia. Annales, I, 47éloignement (synonymes) nom masculin Action d'éloigner quelque chose, quelqu'un, fait d'être éloigné
Synonymes :
- séparation
Contraires :
- rapprochement
Fait de se tenir à l'écart
Contraires :
- contact
- voisinage
Fait d'être éloigné dans le temps
Synonymes :
- distance

éloignement
n. m. Action d'éloigner, fait de s'éloigner; son résultat.
|| Distance (dans le temps ou dans l'espace). L'éloignement entre le domicile et le lieu de travail. L'éloignement rend le passé confus.
|| Fig. Distance, écart. L'éloignement entre la théorie et la pratique.

⇒ÉLOIGNEMENT, subst. masc.
Action d'éloigner ou de s'éloigner, résultat de cette action, fait d'être éloigné.
A.— [Dans l'espace]
1. Action de mettre une chose loin ou plus loin, de faire aller ou d'aller loin ou plus loin; état qui en résulte. Quand on ne se comprend pas plus l'éloignement est un bien car des rapprochements donnent un supplice atroce (BALZAC, Corresp., 1829, p. 378). Il ne vit plus que les bons côtés de sa réclusion, l'oisiveté, l'absence de contrôle, l'éloignement des siens (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 715) :
1. On peut considérer le mouvement à son départ, ou à son terme, selon qu'il va ou vient. Mais purement et en soi, il est d'abord un déplacement, l'éloignement d'un corps du point premièrement tenu.
CLAUDEL, Art poétique, 1907, p. 136.
Fait d'exclure, de mettre à l'écart (d'un milieu, d'une activité, etc.). Il voulut bien ajouter (...) que mon éloignement de ces hautes fonctions « compromettrait » l'unité d'action dont on m'était redevable (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 430).
2. Distance séparant deux choses. Si au lieu d'une moindre distance, c'est un éloignement plus grand qu'une force extérieure amène entre deux molécules (RENOUVIER, Essais crit. gén., 1864, p. 58).
[Sans adj.] Distance importante ou considérable entre deux choses, deux lieux. L'idée des grandes distances, de l'éloignement, de l'immensité, exalte mes foibles facultés (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 204).
Loc. Dans l'éloignement. Dans le lointain. Les roues de bois et de fer de la voiture à cheval roulaient encore dans l'éloignement (CAMUS, Peste, 1947, p. 1453).
Rare, p. méton., au plur. Lieux écartés, reculés. Le fleuret tendu vers les éloignements ténébreux de la cave (COURTELINE, Ronds-de-Cuir, 1893, 5e tabl., III, p. 199).
B.— P. anal. Fait d'être situé à une grande distance dans le temps. L'éloignement même des temps qu'il racontait lui permettait une sorte de sérénité (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 216).
C.— Au fig.
1. Fait de se détourner, de se tenir à l'écart d'une chose d'ordre intellectuel ou moral. Cet éloignement des préjugés (MICHELET, Mémor., 1822, p. 187). L'éloignement du péché, l'acquisition de la vertu, c'était l'œuvre de la vie entière (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 251).
2. Absence d'intimité, de familiarité, de sympathie à l'égard de quelqu'un; absence de goût pour quelque chose. Ce sentiment qui est comme la frontière de la haine et qu'exprime si bien le mot éloignement (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 49). Baudelaire qui a tant d'éloignement pour les mots dictés par l'habitude (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 174) :
2. ... il avait pour la chasse une aversion qu'il n'osait pas exprimer, par crainte du ridicule; peut-être n'osait-il pas en convenir avec lui-même, mais cette répulsion était la cause secrète de l'éloignement qu'il éprouvait pour certains hommes : ...
ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, p. 1411.
Prononc. et Orth. :[()]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 au propre esluinement (WACE, Brut, éd. J. Arnold, 13303); 2. 1585 au fig. eloignemens et traverses qui se font aux proces (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, Œuvres facétieuses, t. 1, p. 209). Dér. de éloigner; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. :862. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 853, b) 1 119; XXe s. : a) 812, b) 995.

éloignement [elwaɲmɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1155; de éloigner.
A (Spatial).
1 Action d'éloigner de soi (qqn, qqch.).Rare. || L'éloignement d'une chose (par qqn).Plus cour. || L'éloignement des personnes suspectes. || Prendre contre qqn des mesures d'éloignement.
1 Je voulais gagner temps, pour ménager ta vie
Après l'éloignement d'un flatteur de Décie (…)
Corneille, Polyeucte, V, 2.
2 L'exil n'était pas seulement l'interdiction du séjour de la ville et l'éloignement du sol de la patrie : il était en même temps l'interdiction du culte; il contenait ce que les modernes ont appelé l'ex-communication.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 234.
Action de s'éloigner. || L'éloignement progressif d'un coureur, d'une voiture.
3 On peut dire que le respect que l'on a pour les héros augmente à mesure qu'ils s'éloignent de nous : major e longinquo reverentia [de loin le respect est plus grand, Tacite, Annales]. L'éloignement des pays répare en quelque sorte la trop grande proximité des temps (…) C'est ce qui fait, par exemple, que les personnages turcs, quelque modernes qu'ils soient, ont de la dignité sur notre théâtre.
Racine, Bajazet, 2e préface.
Fait d'être éloigné; distance importante. || Son éloignement allait croissant.
2 (Choses). Distance, intervalle. || L'éloignement d'une chose et d'une autre, par rapport à une autre. || L'immense éloignement du Soleil. || L'éloignement de nos demeures. Écart, séparation.
Absolt. Grande distance. || Bruit étouffé par l'éloignement (→ Canon, cit. 6).
Par métaphore. Différence importante.
4 (…) il y a entre elles (la jalousie et l'émulation) le même éloignement que celui qui se trouve entre le vice et la vertu.
La Bruyère, les Caractères, XI, 85.
Géom. || Éloignement d'un point, distance de ce point au plan vertical de projection.
Loc. En éloignement (vx), dans l'éloignement : dans le lointain.
5 (…) un rocher à travers duquel on voit la mer en éloignement (…)
La scène (…) fait voir en éloignement une grotte effroyable.
Molière, Psyché, Prologue et 1er intermède, Décors.
Ce tableau doit être regardé avec un certain éloignement. Recul (avec).
3 (Personnes). Fait d'être loin, d'être séparé par la distance. Absence, départ, disparition, exil, fuite, retraite. || Nous souffrons de l'éloignement de ceux que nous aimons. || Son éloignement a été de courte durée.Depuis son éloignement de Paris, je ne l'ai pas revu.
6 Le long éloignement d'un enfant qu'on ne connaît pas encore affaiblit, anéantit enfin les sentiments paternels et maternels et jamais on n'aimera celui qu'on a mis en nourrice comme celui qu'on a nourri sous ses yeux.
Rousseau, les Confessions, XI.
7 Mais si éloignés qu'ils fussent l'un de l'autre, et à cause même de cet éloignement, ils aimaient à se rapprocher (…) Tous deux, d'ailleurs, étant fort lettrés et doués d'un remarquable esprit de sociabilité, ils se rencontraient sur le terrain commun de l'érudition.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Œuvre et vie de Delacroix, VI.
8 Toujours pleine des livres de Costals, elle se rappelait une phrase de l'un d'eux : « L'éloignement rapproche ».
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 133.
B (Temporel). Fait d'être éloigné dans le temps. || L'Antiquité bénéficie du prestige de l'éloignement. || Avec l'éloignement, l'événement prend tout son sens.
9 Soit que, jeune, on craigne moins la mort, par l'instinct de son éloignement, ou qu'à cet âge, riche de jours et prodigue de tout, on prodigue sa vie comme les riches leur fortune (…)
Ph.-P. Ségur, Hist. de Napoléon, IX, 2.
C Fig.
1 (1585). Fait de se tenir à l'écart. || Vivre dans l'éloignement du monde. Retraite. || Être dans l'éloignement de Dieu, des pratiques religieuses. Négligence, oubli (→ Débonder, cit. 5).
2 Vieilli ou littér. Antipathie que l'on éprouve à l'égard de qqn ou de qqch. Aliénation, antipathie, aversion, dégoût, répugnance, répulsion. || Éprouver, ressentir un profond éloignement pour qqn (→ Dévot, cit. 7). || Cette doctrine m'inspire un éloignement invincible.
10 La faveur de la reine qu'elles partageaient ne leur avait point donné d'envie, ni d'éloignement l'une de l'autre (…)
Mme de La Fayette, la Princesse de Clèves, IV.
11 Naturellement timide et honteux, je n'eus jamais plus d'éloignement pour aucun défaut que pour l'effronterie.
Rousseau, les Confessions, I.
12 Car, au fond, il partageait l'impression générale, et le conventionnel lui inspirait, sans qu'il s'en rendît clairement compte, ce sentiment qui est comme la frontière de la haine et qu'exprime si bien le mot éloignement.
Hugo, les Misérables, I, I, X.
CONTR. Contact, contiguïté, proximité, rapprochement, voisinage. — Plan (premier plan). — Attraction, correspondance, indifférence, sympathie.

Encyclopédie Universelle. 2012.