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emmurer

emmurer [ ɑ̃myre ] v. tr. <conjug. : 1>
• fin XIIe au p. p.; de en- et mur
Enfermer (un condamné) dans un cachot que l'on murait ensuite; emprisonner de façon définitive.
Fig. Couper du monde, isoler. « Nous restions emmurés dans notre silence » (A. Gide). murer.

emmurer verbe transitif Enfermer quelqu'un derrière un mur de manière qu'il ne puisse sortir : Emmurer quelqu'un dans la cave. Bloquer quelqu'un, le maintenir sous un édifice écroulé : L'explosion avait emmuré les habitants sous les décombres.

emmurer
v. tr. Enfermer en murant. Emmurer un trésor.
Par ext. Spéléologue qu'un éboulement a emmuré.
|| v. Pron. Fig. S'emmurer dans sa douleur.

EMMURER, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Enfermer quelqu'un dans un endroit que l'on murait. On emmurait les hérétiques au Moyen Âge (DG) :
1. Puis on sacrifie un bœuf, et une jeune épouse du souverain défunt est déposée aux pieds du mort pour être emmurée vive dans la hutte.
LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, p. 323.
P. métaph. ou au fig. Enfermer, isoler. Là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue (PROUST, Temps retr., 1922, p. 905) :
2. Telle l'aristocratie, en sa construction lourde, percée de rares fenêtres, laissant entrer peu de jour, montrant le même manque d'envolée, mais aussi la même puissance massive et aveuglée que l'architecture romane, enferme toute l'histoire, l'emmure, la renfrogne.
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 537.
Emploi pronom. réfl. « Mais comment ne voyez-vous pas, cher, que tant que vous mettrez tout de vous sur le même plan, vous vous emmurez vous-même dans un insoluble que vous même créez de toutes pièces? » (DU BOS, Journal, 1928, p. 142).
B.— [Le compl. d'obj. désigne une chose] Rare. Enfermer quelque chose dans des murs. Dans ce cas, il faut isoler la conduite par une pipe en fer forgé ou en cuivre qu'on emmure dans la maçonnerie (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p. 239).
Rem. 1. Certains dict. enregistrent le sens vx « entourer un lieu de murs, de murailles ». Emmurer une ville. 2. On rencontre ds la docum. le subst. masc. emmurage. Action d'emmurer. Il ne s'agit décidément plus d'emmurage, de tombe anticipée, de sépulcre avant la lettre! (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 173).
Prononc. et Orth. :[], (j')emmure []. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1176-84 part. passé enmuré « entouré de murs » (G. D'ARRAS, Ille et Galeron, 4936 ds T.-L.). Dér. de mur; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 13.
DÉR. Emmurement, subst. masc. Emprisonnement de longue durée. La prison à laquelle ils avaient condamné Jeanne, la prison expiatoire, l'emmurement salutaire, c'était la chartre d'église, les cachots de l'officialité (FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 372). []. 1re attest. 1900 (Nouv. Lar. ill.); du rad. de emmurer, suff. -(e)ment. Fréq. abs. littér. : 1.

emmurer [ɑ̃myʀe] v. tr.
ÉTYM. Mil. XVIe, Amyot, probablt antérieur (→ Emmuré); de em- (en-), mur, et suff. verbal.
1 Vx. Entourer de murailles. || Emmurer (ou emmurailler) une ville.
2 (XVIe). Enfermer (un condamné) dans un cachot que l'on murait ensuite. || Au moyen âge on emmurait parfois les hérétiques. || Être emmuré dans un in-pace.
3 Enfermer, emprisonner de façon définitive. || Emmurer dans un cloître.
4 (Déb. XXe). Isoler du monde. Enfermer.
0 Là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 55.
Pron. || S'emmurer dans le silence.
DÉR. Emmuré, emmurement.

Encyclopédie Universelle. 2012.