enchanté, ée [ ɑ̃ʃɑ̃te ] adj.
• av. 1648; de enchanter
1 ♦ Magique. Le monde enchanté des contes de fées. « La Flûte enchantée », opéra de Mozart. — Par ext. Vieilli Enchanteur. Des lieux enchantés.
2 ♦ (XVIIIe) (Personnes) Très content, ravi. Je suis enchanté de mon séjour. Enchanté de faire votre connaissance, ou ellipt enchanté.
● Enchanté formule de politesse qu'on adresse à quelqu'un dont on fait la connaissance.
enchanté, ée
adj.
d1./d Soumis à un enchantement. Forêt enchantée.
d2./d Ravi, heureux. Il est enchanté de son voyage.
|| Enchanté de vous connaître (formule de politesse).
⇒ENCHANTÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de enchanter.
II.— Emploi adj.
A.— [Correspond à enchanter I A]
1. Frappé par un enchantement, subissant les effets des sortilèges d'un enchanteur.
a) [En parlant d'un être vivant] Les deux pauvres jeunes gens restèrent quelque temps comme enchantés dans la vue l'un de l'autre (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 420) :
• 1. On eût pu supposer aussi qu'une jeune princesse enchantée y reposait d'un sommeil séculaire comme la Belle au bois dormant...
GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 8.
b) [En parlant d'une chose] Monde, palais enchanté; chambre, île enchantée. Cet étranger, comme dans un château enchanté, était servi par des esprits muets dont on croyait seulement entendre les évolutions mystérieuses (CHATEAUBR. Rancé, 1844, p. 146). En arrivant à la lisière de la forêt de Chaux, j'éprouvais un immense soulagement, convaincu d'être enfin sorti du cercle enchanté (AYMÉ, Passe-mur., 1943, p. 114) :
• 2. ... l'imagination préoccupée par l'amour ressemble à cette forêt enchantée que nous peint Le Tasse, et dont toutes les issues ramenaient toujours dans le même lieu.
DURAS, Édouard, 1825, p. 180.
2. Détenteur d'un pouvoir magique conféré par un enchantement.
a) [En parlant d'un être vivant] Les chevaux enchantés seront prêts, et je vous enlèverai (NERVAL, Faust, 1840, 2e part., p. 179).
b) [En parlant d'une chose] Breuvage, cor, talisman enchanté; bague, baguette, flûte enchantée. On parlait tout bas d'herbes enchantées au moyen desquelles il faisait sortir de leurs trous ces animaux méfiants pour les prendre au piège (SAND, Mauprat, 1837, p. 46) :
• 3. Les mathématiques ne seraient-elles donc autre chose qu'une sorte d'outil forgé par notre cerveau (...)? Un outil enchanté qui, comme dans les contes de fées, entraîne la main qui croit le guider (...)?
MAETERLINCK, La Vie de l'espace, 1928, p. 35.
B.— Au fig.
1. [Au sens actif; en parlant d'une chose] Qui inspire de l'émerveillement, qui charme les sens, le cœur, l'esprit à la manière d'un objet enchanté. Séjour enchanté, bords enchantés, heures enchantées. Ne peux-tu vivre doucement, et vieillir avec ta sœur sous quelque beau ciel, dans une des solitudes enchantées du Nouveau-Monde? (SAND, Jacques, 1834, p. 345) :
• 4. Qu'on était bien dans notre bachot! Il y avait des nuits si belles, si pures, si enchantées que l'on avait envie d'entonner une barcarolle aux étoiles.
CENDRARS, La Main coupée, 1946, p. 155.
2. [Avec valeur passive]
a) [En parlant d'une pers.] Qui ressent une profonde satisfaction, un vif contentement. Être, se déclarer, paraître, sembler enchanté. Synon. charmé, ravi.
) Emploi abs. Je m'en allai enchantée. J'étais tombée là vraiment sur un homme très intelligent (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Sauvée, 1885, p. 1043). Mais alors, dites-moi, vous êtes tout à fait content... — Enchanté... (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1914, I, 2, p. 8).
) Enchanté de (qqn ou qqc.). Je m'empresse de communiquer vos excellents articles à Lamartine qui en sera enchanté (HUGO, Corresp., 1824, p. 395) :
• 5. ... je suis sorti vers midi, enchanté de moi-même et de mon courage à monter à l'assaut de mon article...
DELACROIX, Journal, 1856, p. 43.
) Enchanté que + subj. Je suis enchanté, capitaine, que vous trouviez ce vin de votre goût (MUSSET, Chandelier, 1840, II, 3, p. 52).
) Enchanté de + inf. Le baron (...) s'en alla comme un homme enchanté d'éviter une question importune (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 172).
— En partic. [Avec une valeur affaiblie, dans les formules de politesse] Je suis enchanté de + inf., p. ell. enchanté de + inf. Adieu, enchanté d'avoir fait votre connaissance (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 156). Arrivez, mes amis, mes chers amis ... je suis enchanté de vous recevoir (LABICHE, Misanthr. et Auv., 1852, scène 19, p. 192).
♦ [Lors de présentations] Enchanté (p. ell. de enchanté de faire votre connaissance). Mais sa poignée de main est franche, et son « enchanté », très net (RENARD, Journal, 1903, p. 866) :
• 6. Quand on le présentait, il s'inclinait à la fois avec un sourire de scepticisme et un respect exagéré, et si c'était à un homme, disait : « Enchanté, Monsieur », d'une voix qui se moquait des mots qu'elle prononçait, mais avait conscience d'appartenir à quelqu'un qui n'était pas un mufle.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 881.
b) [En parlant d'un aspect de la pers. hum.] Qui respire le contentement, la satisfaction :
• 7. — Hein! c'est curieux, un théâtre, disait le marquis de Chouard, de l'air enchanté d'un homme qui se retrouve chez lui.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1207.
Rem. La docum. atteste l'emploi subst., rare. a) [Correspond à II A 1 a] La mystérieuse ivresse de l'enchanté (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 91). b) [Correspond à II B 2 a] Gwynplaine (...) était effrayant (...) On avait voulu faire un désespéré, on avait fait un enchanté (HUGO, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 69).
Encyclopédie Universelle. 2012.