CHAMBRE NOIRE
CHAMBRE NOIRE ou CHAMBRE OPTIQUE, reproduction graphique
L’invention de la camera oscura (chambre obscure dite aussi chambre noire) comme moyen de reproduction d’une image et son exploitation perspective remonte à des temps très anciens. Déjà Aristote, dans ses Problematica avait fait remarquer que les rayons passant par une ouverture constituaient une image dont la grandeur augmentait à mesure que s’accroissait la distance à partir de l’ouverture. Dès le XIe siècle, les Arabes avaient remarqué les propriétés de transmission des rayons lumineux sur une surface appartenant à un milieu privé de lumière, en l’occurrence une tente fermée. Roger Bacon au XIIIe siècle avait utilisé le phénomène en observant des éclipses (De multiplicatione speciarum ). Deux siècles plus tard, en décrivant les structures de la vision, Léonard de Vinci en note le mécanisme (Codex atlanticus , 135 b, 138 a, 179 b et manuscrit D 78). Cesare Cesariano, dans ses Commenti di Vitruvo de 1521 en attribue l’invention au moine bénédictin Pofunzio. Dans tous ces cas, la projection inversée de l’image avait été remarquée. Est-ce vraiment le physicien Giambattista Porta qui, après l’avoir décrite sans lentille, aurait fabriqué, le premier, une chambre noire avec lentille en 1589 (ce qui lui aurait valu une poursuite pour sorcellerie)? L’expérience est en tout cas mentionnée dans son De refractione publié à Naples en 1594. Le phénomène est divulgué à la fin du XVIe siècle (D. Barbaro, Pratica della prospectiva , 1568) et au début du XVIIe siècle (Kepler, Dioptrica , 1611); la chambre obscure qui était une salle est devenue un appareil portatif réalisé semble-t-il par un moine allemand Johan Zahn. Celui-ci mit au point la réflexion de l’image sur un miroir incliné en la projetant sous un verre et il obtint un redressement de l’image. Sur le verre on pouvait, à l’aide d’un calque, dessiner l’image réfléchie d’un spectacle extérieur et établir sans difficulté la perspective «directe» d’une «vue». On reprenait différemment l’ancien procédé du travail avec une vitre ou un voile mentionné par Alberti dans Della pittura en 1436. Mais l’image reçue permettait d’obtenir une réduction plus commode de panoramas aux dimensions beaucoup plus vastes (comme on peut le voir actuellement dans le viseur d’un appareil Reflex). Ce type de chambre obscure sera très largement utilisé au XVIIIe siècle par les vedutisti comme Canaletto, ce qui leur évitait des constructions perspectives trop compliquées et leur assurait aussi une concentration chromatique plus grande (les peintres flamands obtenaient le même résultat grâce à des miroirs convexes).
Niepce en 1826 reprendra l’usage de la camera oscura avec une plaque sensible pour fixer l’image reçue, comme l’avait déjà fait l’alchimiste arabe Getel qui, dès le XVIe siècle, utilisait du nitrate d’argent.
● Chambre noire enceinte obscure de l'appareil photographique ou local obscur d'un laboratoire photographique.
Encyclopédie Universelle. 2012.