engourdi, ie [ ɑ̃gurdi ] adj. ♦ Qui est privé en grande partie de mobilité et de sensibilité. ⇒ gourd, lent, paralysé, raide. Avoir les doigts engourdis. « Sa langue était engourdie, maladroite » (Hugo). « Sa démarche engourdie » (Martin du Gard).
♢ Fig. « Je me réveillais plus las encore, l'esprit engourdi » (A. Gide). ⇒ endormi, hébété.
⊗ CONTR. 2. Alerte, dégourdi, vif.
⇒ENGOURDI, IE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de engourdir.
II.— Emploi adj.
A.— Dont les mouvements sont ralentis. Se sentir engourdi. Pourquoi tel reptile est-il si engourdi? (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. XXII). À dix heures elle s'éveilla, toute frileuse et engourdie (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 160).
B.— Au fig. Qui est atténué, maussade ou monotone. La matinée reprit son cours, muette, engourdie (ESTAUNIÉ, Tels, 1927, p. 35). Alain discerna un blanc maussade, un rouge engourdi (COLETTE, Chatte, 1933, p. 182).
III.— Emploi subst.
A.— Subst. masc. ou fém. Personne qui manque d'ardeur, de vivacité d'esprit, de débrouillardise. Eunuques, tourmenteurs, crétins, soyez maudits! Car vous êtes les vieux, les noirs, les engourdis, ... (HUGO, Contempl., t. 1, 1856, p. 94). Mlle Sergent a placé intentionnellement deux « dégourdies » (Anaïs et moi), à côté de deux « engourdies » (Luce et Marie), pour que nous les secouions un peu (COLETTE, Cl. à l'école, 1900, p. 130).
B.— Subst. masc. avec valeur de neutre, rare. État de ce qui est passif, plus ou moins léthargique. On n'entendait plus depuis longtemps que ce grand pilonnement nocturne brisé aux aiguillages, reprenant après eux sa même phrase sans fin, abaissant d'un degré l'acuité de la conscience souffrante, l'inclinant vers le mécanique, le monotone et l'engourdi (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 413).
Encyclopédie Universelle. 2012.