énoncer [ enɔ̃se ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1377, repris 1611; lat. enuntiare
♦ Exprimer en termes nets, sous une forme arrêtée (ce qu'on a à dire). ⇒ exposer, formuler. « exprimer les mêmes vérités en les énonçant avec moins de crudité ? » (Chateaubriand). La science « conduit à énoncer des propositions insupportables au sens commun » (Valéry). Énoncer les faits. Écrit juridique énonçant certaines clauses et conditions. ⇒ mentionner, stipuler. Proposition énoncée dans un article.
♢ Pronom. (pass.) Être énoncé. « Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement » (Boileau). — (Réfl.) Vx S'exprimer, parler. Énoncez-vous plus clairement.
● énoncer verbe transitif (latin enuntiare, avec l'influence de annoncer) Exprimer quelque chose par le langage ; le formuler d'une manière nette et précise ; exposer : Énoncer un problème. ● énoncer (difficultés) verbe transitif (latin enuntiare, avec l'influence de annoncer) Conjugaison Le c devient ç devant o et a : j'énonce, nous énonçons ; il énonça. ● énoncer (synonymes) verbe transitif (latin enuntiare, avec l'influence de annoncer) Exprimer quelque chose par le langage ; le formuler d'une manière nette...
Synonymes :
- exposer
- exprimer
énoncer
v. tr. Exprimer sa pensée, la rendre par des mots. énoncer une vérité.
|| v. Pron. "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement" (Boileau).
⇒ÉNONCER, verbe trans.
A.— [En parlant d'un document légal] Donner, indiquer comme information :
• 1. L'acte de naissance énoncera le jour, l'heure et le lieu de la naissance, le sexe de l'enfant, et les prénoms qui lui seront donnés, les prénoms, noms, profession et domicile des père et mère, et ceux des témoins.
Code civil, 1804, art. 57, p. 12.
B.— Usuel. [En parlant d'une pers.] Exprimer, formuler en termes nets et précis l'objet de sa pensée par le langage ou l'écriture. Énoncer un jugement, une opinion, un principe. Ce n'est pas tout que de bien penser, il faut savoir bien énoncer ce que l'on pense (Ac. 1798-1932). Si ces écrivains avaient eu quelque idée claire dans la tête en s'exprimant ainsi, c'eût été celle que je viens d'énoncer en d'autres termes (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 174). Annie parlait d'une voix posée et nette, se bornant à énoncer les faits, sans faire de commentaires (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 197) :
• 2. ... parce que surtout les traits particuliers que je relevais en elle, si j'essayais de les énoncer, se formulaient précisément dans les mêmes termes : un grand nez, des yeux bleus, (...) je me dis : cette dame ressemble à Mme de Guermantes...
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 174.
SYNT. Énoncer clairement, correctement, formellement; énoncer un avis, ses griefs, des faits; clause, proposition énoncée dans un texte, à tel paragraphe, à tel article. PARAD. (Quasi-)synon. concevoir, exprimer, formuler, penser, prononcer.
— Spéc., en matière de sc. ou de loi. Exprimer ce qui fait l'objet d'une proposition. Énoncer une hypothèse, une loi, une maxime, un problème, un théorème. La tête penchée, elle se laissait diriger. Même sa voix, qu'on avait pu croire faite uniquement pour énoncer la règle des participes, avait changé (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 87).
♦ Énoncer faux. ,,Avancer quelque chose contre la vérité`` (Ac. 1798-1878).
— Emploi pronom.
1. à sens passif. Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement (THIBAUDET, Réflex. litt., 1938, p. 25). Ce nouveau problème s'énonce à partir des données de l'observation statistique (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 334).
2. réfl., vieilli. Exprimer ce que l'on a à dire. Un auteur qui s'énonce très clairement pour lui-même est quelquefois obscur pour son lecteur (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 72). La directrice s'énonçait majestueusement (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 160).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Énonçable, adj., rare. Qui peut être énoncé. Assertions énonçables. J'ai toujours soutenu (...) qu'il fallait se garder de traiter dans ce domaine [la prière] l'interprétation comme contingente par rapport à des faits, à des vérités énonçables (MARCEL, Journal, 1920, p. 258). Attesté ds ROB. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr. b) Énoncement, subst. masc., rare. Action d'énoncer. Synon. énonciation. La soirée se passe en jeux patients on entendait le bruit des jetons, l'énoncement des cartes (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 56). Terme absent des dictionnaires.
Prononc. et Orth. :[], (j')énonce []. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Prend une cédille devant a ou o : j'énonçai(s), nous énonçons. Étymol. et Hist. 1. 1377 enoncier (N. ORESME, Le Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 162, 21) attest. isolée; de nouv. 1611 (COTGR.); 2. a) 1677 énoncé part. passé subst. « énonciation, déclaration » (F. DE MAUCROIX, Histoire du schisme d'Angleterre, I. ds RICH. 1680); b) 1932 ling. (BALLY Ling., p. 44). Empr. au lat. enuntiare de même sens. Fréq. abs. littér. :457. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 577, b) 268; XXe s. : a) 685, b) 892.
énoncer [enɔ̃se] v. tr. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. 1377; repris 1611; du lat. enuntiare « exposer », de ex- intensif, et nuntiare « faire savoir », de nuntius « messager, envoyé » (→ Nonce). → Annoncer.
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♦ Exprimer en termes nets, sous une forme arrêtée (ce qu'on pense, ce qu'on a à dire). ⇒ Dire, écrire, expliciter, exposer, formuler. || Bien énoncer ce que l'on pense. ⇒ Rendre. || La manière d'énoncer oralement qqch. ⇒ Articuler, parler, prononcer. || Énoncer quelques mots avec peine. ⇒ Balbutier. || Énoncer son nom, ses titres. ⇒ Décliner. || Énoncer des vœux. ⇒ Émettre, formuler. || Énoncer ses prétentions, ses conditions. ⇒ Énumérer, préciser. || Énoncer les faits. — (1890). || Énoncer un problème, les chiffres, les données d'un problème. || Énoncer une proposition. ⇒ Avancer. || Énoncer un théorème, un axiome, une loi (→ Débouché, cit. 10). || Énoncer un principe. ⇒ Établir, poser. || Énoncer une vérité. || Énoncer un faux. || Énoncer une condition dans un acte. ⇒ Stipuler (→ Assistance, cit. 6). || Acte (cit. 12) de l'état civil qui énonce l'année, le jour… ⇒ Mentionner.
1 Notre philosophie ordonne de ne point énoncer de proposition décisive (…)
Molière, le Mariage forcé, 5.
2 Ne pouviez-vous exprimer les mêmes vérités en les énonçant avec moins de crudité ? Oui, oui, en délayant, tournoyant, emmiellant, chevrotant, tremblotant (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 145.
3 De semblables hypothèses sont si hasardées que l'on ose à peine les énoncer.
Paul Bourget, Un divorce, II, p. 57.
4 Rien n'est plus odieux que le faux art. Et c'est où arrivent fatalement les braves gens, intelligents, sincères, qui ont quelque chose à dire, et le diraient bien, s'ils se contentaient de l'énoncer justement. Mais la justesse ne leur suffit pas, ils veulent la beauté ! Et c'est piteux.
Gustave Lanson, l'Art de la prose, p. 292.
5 Elle (la science) conduit à énoncer des propositions insupportables au sens commun, car elles sont extravagantes dans les formes du langage ordinaire, auxquelles le dit sens est étroitement attaché.
Valéry, Rhumbs, p. 131.
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s'énoncer v. pron.
6 Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Boileau, l'Art poétique, I.
7 Mais ce que nous savons de science certaine et par un long usage, se réduit à l'essentiel et s'énonce en peu de mots incompréhensibles à qui n'a pas le même savoir.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 126.
2 (Réfl.; 1659). Vx. S'exprimer, exposer. || S'énoncer en termes corrects, clairement, nettement.
8 Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgairement.
Molière, les Précieuses ridicules, 6.
9 J'entendais presque tout ce qu'il disait, et j'étais le seul; il ne pouvait s'énoncer que par signes avec l'hôte et les gens du pays. Je lui dis quelques mots en italien qu'il entendit parfaitement : il se leva, et vint m'embrasser avec transport.
Rousseau, les Confessions, IV.
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DÉR. Énonçable, énoncé, énonceur.
Encyclopédie Universelle. 2012.