enter [ ɑ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1155; lat. pop. °imputare, de putare « tailler, émonder », avec infl. du gr. emphuton « greffe »
1 ♦ Greffer en insérant un scion. Enter un prunier. Enter en écusson, en fente, en œillet.
2 ♦ Fig. et vx « Ils entent sur cette extrême politesse un esprit de règle » (La Bruyère). ⇒ greffer. — Mod. et littér. « Faux raisonnements entés l'un sur l'autre » (Saint-Simon).
3 ♦ Techn. Enter deux pièces de bois d'une charpente, les assembler bout à bout. ⇒ abouter.
⊗ HOM. Hanté, hanter.
● enter verbe transitif (latin populaire imputare, greffer, du grec emphutos, de emphuein, faire croître) Assembler par une enture deux pièces de bois, de cuir, etc. Synonyme ancien de greffer. ● enter (homonymes) verbe transitif (latin populaire imputare, greffer, du grec emphutos, de emphuein, faire croître) hanté adjectif hanter verbe entant antan locution adjective hantant participe présent antan locution adjective hantant participe présent ente ante nom féminin ente nom féminin hante forme conjuguée du verbe hanter entent ante nom féminin ente nom féminin hante forme conjuguée du verbe hanter entes ante nom féminin ente nom féminin hante forme conjuguée du verbe hanter ● enter (synonymes) verbe transitif (latin populaire imputare, greffer, du grec emphutos, de emphuein, faire croître)
Synonymes :
- greffer
enter
v. tr.
d1./d ARBOR Greffer. Enter un prunier.
d2./d TECH Ajuster ou abouter deux pièces de bois.
⇒ENTER, verbe trans.
A.— ARBORIC. Procéder à une ente (v. ente1); greffer. On demandait à Gaspard d'enter les arbres, parce qu'il avait la main à cela (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 180) :
• 1. ALCMÈNE. — Toi tu fais tout exprès, chéri, soit que tu entes tes cerisiers sur tes prunes, soit que tu imagines un sabre à deux tranchants.
GIRAUDOUX, Amphitryon 38, 1929, II, 2, p. 82.
— P. métaph. ou au fig. (S')enter sur. Je sais de science certaine que le père Grandet, en réunissant tous ses biens à la terre de Froidfond, avait l'intention de s'enter sur les Froidfond (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 231). Son parisianisme [de Capus] était enté sur le porte-greffe provincial (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 510) :
• 2. Notre civilisation capitaliste elle-même est l'arrière petite-fille de l'économie mercantile qui s'est entée au Moyen-Âge sur l'économie féodale.
Les Gds courants de la pensée mathématique, 1948, p. 513.
B.— P. anal., TECHNOL. Emboîter deux pièces de bois bout à bout. Les poteaux montants étaient entés l'un sur l'autre (DEGRAND, RÉSAL, Ponts en maçonn., 1888, p. 630).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. enté, ée, hérald. ,,Se dit de deux parties de l'écu qui entrent l'une dans l'autre par des échancrures rondes`` (BACH.-DEZ. 1882).
Prononc. et Orth. :[], (j')ente []. Homon. hanter. Ds Ac. dep. 1694 (sauf Ac. 1878). Étymol. et Hist. Fin XIe s. judéo-fr. « greffer » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 47); 1er quart XIIIe s. fig. (RECLUS DE MOLLIENS, Carité, 169, 6, ds T.-L. : [Carités] ... en son cuer autrui mal ente). Du lat. vulg. « greffer » attesté dans les gloses (TLL s.v. imputare, 732, 64) dér. de inpotus « greffe, ente » attesté ds la Loi Salique (loc. cit. 733, 29 [lire ]) formé à partir du gr. « implanté »; le mot (le gr. étant rendu par p et non par f) s'est probablement transmis avec la pratique de la greffe par l'intermédiaire des colonies grecques de Provence avant la venue des Romains en Gaule. Fréq. abs. littér. :22 (enté : 41).
DÉR. Enture, subst. fém. a) Arboric. ,,Ouverture où l'on place une ente, une greffe`` (Ac. 1932). Il faut faire l'enture avant que de placer l'ente (Ac.). b) P. anal., charpent. Assemblage par entailles de deux pièces de bois mises bout à bout. Si la pièce de bois utilisée n'est pas assez longue pour y débiter le longeron [d'aile d'avion], on fait un assemblage par « enture » (GUILLEMIN, Constr., calcul et essais avions, 1929, p. 101). — []. Ds Ac. 1762-1932. — 1res attest. a) fin XIVe s. « coupure, entaille » (Gloss. Aalma, 6043, éd. M. Roques, II, p. 207), 1578 « partie entée » (LA BODERIE, Harm. du monde, p. 755 ds GDF.); b) 1723 « assemblage par entaille de deux pièces de bois » (SAVARY); c) 1878 « opération frauduleuse » (Lar. 19e Suppl.); du rad. de enter; suff. -ure.
BBG. — HEHN (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang aus Asien... Berlin, 1902, p. 433.
enter [ɑ̃te] v. tr.
ÉTYM. V. 1155; du lat. pop. imputare, de im- (in-), et putare « tailler, émonder », spécialisé au sens de « greffer » par croisement avec le grec emphuton « greffe ».
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1 Greffer en insérant un scion. || Enter un prunier, une vigne. || Enter un sauvageon. || Enter sur un cognassier. || Enter en écusson, en fente, en œillet.
1 Le troisième tomba d'un arbre
Que lui-même il voulut enter;
La Fontaine, Fables, XI, 8.
1.1 — L'Arthur ! dit le père. Ce grand-là ? Celui de la Félicie ? Celui qui savait si bien enter la vigne ?
J. Giono, le Grand Troupeau, in Œ. roman., Pl., p. 586.
♦ Par métaphore. Au participe passé :
1.2 (…) dans l'Inde et la Perse, des dogmes et des rites nationaux, entés sur un même tronc primitif, ont donné naissance à deux religions différentes, celle des brâhmanes et celle des mages.
Émile Burnouf, la Science des religions, p. 35.
➪ tableau Termes de blason.
♦ Par anal. || Enter une famille sur une autre : allier, unir une famille à une autre par un mariage. — Pron. || Maison qui s'ente sur telle autre.
2 Nous y voilà, s'écria le comte d'un air fin. En considération du mariage, car la vanité de madame Bontems n'a pas été peu chatouillée par l'idée d'enter les Bontems sur l'arbre généalogique des Grandville, la susdite mère donne sa fortune en toute propriété à la petite, en ne s'en réservant que l'usufruit.
Balzac, Une double famille, t. I, p. 959.
2 (V. 1220). Fig., littér. ⇒ Fonder, greffer. || Enter quelque chose sur quelque chose. (Surtout passif et p. p.). || C'est un diplomate enté sur un financier (Académie). → Doublé de. || Menus défauts qui se trouvent entés sur de réelles qualités, qui en sont comme la rançon.
3 (…) ils entent sur cette extrême politesse que le commerce des femmes leur a donnée (…) un esprit de règle (…) et quelquefois une haute capacité (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 99.
4 Faux raisonnements entés l'un sur l'autre.
Saint-Simon, Mémoires, IX, p. 350.
5 Le mort enté sur le vivant corrompt le vivant.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », p. 248.
6 (…) nous pouvons bien imaginer distinctement une tête de lion entée sur le corps d'une chèvre, sans qu'il faille conclure qu'il y ait au monde une chimère (…)
Descartes, Discours de la méthode, IV.
3 (1676). Techn. || Enter deux pièces de bois d'une charpente, les assembler dans la même direction.
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enté, ée p. p. (→ ci-dessus), et adj.
♦ || Canne entée, dont les parties sont emboîtées les unes dans les autres.
♦ (1671). Blason. Se dit d'un écu dont les partitions aux contours arrondis entrent les unes dans les autres. || Enté en pointe, se dit de l'écu divisé par deux traits courbés qui vont du centre aux angles de la pointe.
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DÉR. Entage, 1. ente, entement, entoir, enture.
Encyclopédie Universelle. 2012.