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épars

épars, arse [ epar, ars ] adj.
espars fin XIIe; p. p. de l'anc. v. espardre, lat. spargere « répandre »
Se dit de choses qui se trouvent çà et là, sont dispersées, éparpillées. Maisons éparses autour d'un village. « Le cri de bête d'un berger ralliait des brebis éparses » (F. Mauriac). Ondées éparses sur le nord du pays. Cheveux épars, non attachés. — Fragments épars d'une œuvre. « Certaines notes sommaires que l'on trouve éparses dans les colonnes [du journal] » (Duhamel). disséminé. Souvenirs épars. ⊗ HOM. Épar.

épars, éparse adjectif (ancien français espardre, séparer, du latin sparsus, de spargere, disperser) Répandu de tous côtés, dispersé, en désordre : Les débris épars d'un avion accidenté.épars, éparse (homonymes) adjectif (ancien français espardre, séparer, du latin sparsus, de spargere, disperser) épar nom masculin épart nom masculinépars, éparse (synonymes) adjectif (ancien français espardre, séparer, du latin sparsus, de spargere, disperser) Répandu de tous côtés, dispersé, en désordre
Synonymes :
- clairsemé
- débandé
- dispersé
- disséminé
- éparpillé
- espacé
- sporadique
Contraires :
- amassé
- assemblé
- entassé
- groupé
- pressé
- réuni
- serré
- tassé

épars, arse
adj. Dispersé. Maisons éparses sur les collines.
|| Cheveux épars, flottants, en désordre.

⇒ÉPARS, ARSE, adj.
A.— [Correspond à éparpiller A]
1. [En parlant d'un inanimé concr.] Dispersé çà et là, jeté au hasard. Cadavres, débris, morceaux, ossements épars; notes éparses. Tout le pays était jonché des membres épars des rebelles (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 298). Un crâne épars sur le chemin (BOREL, Rhaps., 1831, p. 70) :
1. Dans la pénombre se devinait un grand désordre, des vêtements épars un peu partout, un carnier sur la table, et des paperasses pêle-mêle avec des plumes d'oie, et autres objets plus ou moins distincts.
CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 175.
En partic. [En parlant de cheveux] Flottants et en désordre. Ses longs cheveux épars flottaient au gré des vents (DELAVIGNE, Messéniennes, 1824, p. 53). Elle avait les bras nus, les cheveux épars, son peignoir mal arrangé (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 177).
2. P. ext.
a) [En parlant d'une sensation sensitive, olfactive, tactile] Dispersé dans l'air. Bruits épars. Synon. diffus. L'odeur des coings et des framboises Éparse lourdement autour des buissons verts (NOAILLES, Cœur innombr., 1901, p. 17). Cette fraîcheur éparse sur les eaux et sur la terre (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 145). Cf. avertir ex. 5.
b) [En parlant d'une autre sensation] Qui est répandu sur une certaine étendue. Cette douleur cuisante éparse en tous ses membres (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 177).
B.— P. anal.[Correspond à éparpiller B]
1.— Rare. [Avec une idée de mouvement; en parlant d'une pers.] Qui va au hasard, qui se promène çà et là. Bahorel, homme de caprice, était épars sur plusieurs cafés; les autres avaient des habitudes, lui n'en avait pas. Il flânait (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 780). Mme Vernet est éparse dans le village (RENARD, Journal, 1909, p. 1236).
2. [Sans idée de mouvement; en parlant d'animés ou d'inanimés] Distribué irrégulièrement, en divers lieux. Blocs, cabanes, matériaux épars(es); groupes, troupeaux épars. Synon. disséminé, dispersé, clairsemé. Ces tombes, qui sont éparses dans un cimetière (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 153). Les paysans travaillaient encore, épars dans les champs (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 212). Les maisons merveilleuses sont éparses par la futaie (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 82).
C.— Au fig. [Correspond à éparpiller C]
1. [En parlant d'une pers. ou d'une de ses facultés] Qui se disperse sur divers objets, dans différentes directions. Un écrivain [l'abbé de Choisy] si abondant et si épars (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 3, 1851-62, p. 450). Ce matin je me lève la tête creuse, l'esprit épars, les nerfs souffrants (GIDE, Journal, 1917, p. 621).
2. [En parlant d'un inanimé abstr.]
a) Qui est dispersé çà et là. Éléments, traits, souvenirs épars. Autant qu'on en peut juger par les témoignages épars (FARAL, Vie temps St Louis, 1942, p. 220) :
2. La seule réalité naturelle était, aux yeux de Shelley, la Beauté, qui se reconnaissait à l'harmonie, et que l'on trouvait éparse dans les beaux soirs sur le lac, dans les oiseaux, dans les visages des femmes.
MAUROIS, Byron, t. 2, 1930, p. 79.
Emploi subst. à valeur de neutre. C'est dans le cerveau de l'homme que tout l'épars prend nombre; car sons, couleurs, parfums, n'existent que dans leur relation avec l'homme (GIDE, Nouv. Nourr., 1935, p. 274).
b) Qui est difficile à cerner, diffus. J'ai de mon rêve épars connu la nudité! (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 45). Même aux heures de nuit, lorsqu'un mystère épars Se glisse près du cœur et l'appelle autre part (ROMAINS, Vie unan., 1908, p. 241).
Rem. 1. L'adj. est gén. empl. au plur. et comme épithète, assez peu comme attribut ou en appos. 2. On rencontre ds la docum. éparsement, adv. rare. D'une manière éparse. On n'entendait éparsement dans l'île, sur les montagnes, que les mélodieuses euphonies des petits oiseaux (BOREL, Champavert, 1833, p. 91).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Enq. : /, -s/. Ds Ac. 1694-1932. Homon. épar, épart. Étymol. et Hist. Ca 1165 « répandu ici et là » nefs ... esparses (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 18972). Part. passé adj. de l'a. fr. espardre « séparer, disperser, répandre », 1119 (PH. DE THAON, Comput, 1224 ds T.-L.) du lat. class. spargere « id. » Fréq. abs. littér. :1 476. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 431, b) 1 952; XXe s. : a) 2 452, b) 1 680. Bbg. MAT. Louis-Philippe 1951, p. 191 (s.v. éparsement).

2. épart ou épars [epaʀ] n. m.
ÉTYM. XIIe, espart; déverbal de épartir, au fig., « s'ouvrir », en parlant du ciel.
Vx ou régional. Éclair de chaleur. Fulguration.
HOM. Épar, épars.
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1. épars, arse [epaʀ, aʀs] adj.
ÉTYM. V. 1165, espars; p. p. de l'anc. v. espardre, du lat. spargere « répandre ».
1 (Sujet au plur.). a (Concret). Placés dans des lieux, dans des positions séparées et au hasard (en parlant de nombreux éléments). Dispersé, disséminé (au plur.), éparpillé. || Éléments épars provenant d'un ensemble. Dissocié, divisé, séparé. || Assembler (cit. 3), réunir ce qui était épars. || Hommes épars. Isolé (→ Association, cit. 5). || Espèces animales éparses en diverses régions du globe. Sporadique. || Maisons éparses autour d'un village. Écarté, éloigné. || Arbres épars dans une clairière. Clairsemé. || Quelques arbustes épars dans une région désertique. || Lumières éparses dans la nuit (→ Déboucher, cit. 5). || Feuilles éparses sur le gazon (→ Bois, cit. 9). || Débris épars (→ Confusément, cit. 1). || Plumes éparses (→ Aigle, cit. 7). || Grains de mica épars sur une pierre; pierreries éparses sur une robe ( Consteller, pailleter).
REM. 1. En parlant des personnes, et au sens fort de « répartis et dispersés », l'adj. épars est archaïque (langue class.). → ci-dessous cit. 1. 2. L'emploi avec un substantif singulier est possible, lorsque le sens est pluriel (collectivité, ensemble). → cit. 3.
1 (…) que depuis les Juifs sont épars, partout en malédiction et subsistant néanmoins.
Pascal, Pensées, IX, 618.
2 (…) il n'entendait que la cloche des vaches éparses dans les taillis et le cri sauvage des porcs qui se disputaient la glandée.
G. Sand, la Mare au diable, XIV, p. 118.
3 (…) une armée éparse est une armée paralysée; c'est un bloc dont on fait de la poussière.
Hugo, Quatre-vingt-treize, II, II, 3.
4 Le cri de bête d'un berger ralliait des brebis éparses, et confondues dans un carré de brouillard (…)
F. Mauriac, Génitrix, p. 182.
Cheveux épars, en désordre (cit. 1) ou décoiffés. || Chevelure (cit. 4) éparse. || Femme aux cheveux épars. Échevelé.
5 (…) À l'abandon du vent ses beaux cheveux épars (…)
Ronsard, Églogues, I.
6 Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?
Hugo, les Orientales, L'enfant, XVIII.
Fragments épars d'une œuvre. || Ce livre contient tous les renseignements restés jusque-là épars dans divers ouvrages (Académie). Cf. la loc. latine disjecta membra.
7 En relisant avec attention la Comédie humaine lorsqu'on a connu familièrement Balzac, on y retrouve épars une foule de détails curieux sur son caractère et sur sa vie, surtout dans ses premiers ouvrages, où il n'est pas encore tout à fait dégagé de sa personnalité, et à défaut de sujets s'observe et se dissèque lui-même.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 61.
8 La destinée singulière qui a voulu qu'elle ne nous parvînt que dans des fragments épars l'a obligé de prendre un rôle plus actif, pour lequel il ne suffisait plus d'être un savant, pour lequel il fallait être un poète.
Gaston Paris, in J. Bédier, Tristan et Yseut, Préface, p. 11.
9 (…) certaines notes sommaires que l'on trouve éparses dans les colonnes (du journal), souvent exilées dans quelque coin perdu, mais dont la lecture se montre de grand enseignement.
G. Duhamel, Manuel du protestataire, II, p. 63.
b (Abstrait). || Souvenirs épars; notions éparses. || Donner de la cohésion (cit. 6) à des idées éparses.
10 Quels charmes si puissants en elle sont épars (…) ?
Molière, Psyché, I, 1.
2 (Sujet au sing.). Littér. a (Sensations). Dispersé dans l'atmosphère, dans l'espace. || Une odeur, une senteur éparse. Diffus. || « Cette douleur éparse en tous ses membres » (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire ?, p. 177).
11 Une éparse joie baigne la terre, et que la terre exsude à l'appel du soleil.
Gide, les Nouvelles Nourritures, p. 12.
b (Personnes; concret). Rare. Qui va en divers endroits, s'éparpille (Hugo, Jules Renard, in T. L. F.).
c (Personnes ou traits humains; abstrait). Qui se disperse. || Un écrivain « si abondant et si épars » (Sainte-Beuve, in T. L. F.).Un esprit épars.
d Dont les éléments sont répandus.
12 J'avais soudain tenu à garder Albertine parce que je la sentais éparse en d'autres êtres auxquels je ne pouvais l'empêcher de se joindre.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 189.
REM. En dehors de ces emplois, d'ailleurs littéraires et assez rares, on rencontre quelques exemples de épars au singulier, qui ne sont pas toujours clairs : || « Un crâne épars sur le chemin » (Petrus Borel, in T. L. F.) est à peine acceptable, à moins qu'il ne s'agisse des éléments épars d'un crâne.
CONTR. Groupé, rassemblé, réuni; compact, massif.
DÉR. Éparsement.
HOM. Épar, 2. épars, épart.

Encyclopédie Universelle. 2012.