épicier, ière [ episje, jɛr ] n.
• 1311; espissiere fém. 1234; de épice
1 ♦ Anciennt Personne qui faisait le commerce des épices, des drogues (sans être apothicaire); puis (XVIIe, XVIIIe s.) des confitures (1o), des cierges, bougies, etc.
2 ♦ Mod. Personne qui tient une épicerie, un commerce d'épicerie. L'épicier du coin. « un gros épicier de son quartier avait stocké des produits alimentaires pour les vendre au prix fort » (Camus). — Par appos. Garçon épicier.
3 ♦ Vieilli Péj. Homme à l'esprit étroit dont les idées ne se haussent pas au-dessus de son commerce. ⇒ boutiquier. Littérature, idées d'épicier. Adjt « La gent épicière » (Sand) :les bourgeois.
4 ♦ Personne qui ne cherche qu'à gagner de l'argent (cf. Marchand de soupe).
● épicier, épicière nom (de épice) Personne qui tient un commerce d'épicerie. Vieux. Homme aux idées étroites, aux goûts vulgaires. ● épicier, épicière (citations) nom (de épice) François Coppée Paris 1842-Paris 1908 Académie française, 1884 C'était un tout petit épicier de Montrouge Et sa boutique sombre, aux volets peints en rouge, Exhalait une odeur fade sur le trottoir. Poésies Lemerre ● épicier, épicière adjectif Familier. Relatif à un épicier, digne d'un épicier.
épicier, ère
n.
d1./d Personne tenant un commerce d'épicerie.
d2./d Fam., péjor. Personne aux idées étroites et vulgaires; personne intéressée, préoccupée uniquement par le gain.
⇒ÉPICIER, IÈRE, subst.
A.— Personne qui fait commerce d'épicerie, qui tient une épicerie. Un petit, un gros épicier; l'épicier du coin; un épicier en gros, de détail; un épicier détaillant. L'étalage d'un épicier-fruitier (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 213). Marguerite continuait à m'expliquer comment la dorlotait feu sa mère, jadis épicière... Oh! épicière! Quel dommage! Marguerite appartenait donc à une des classes les plus viles de la société (BAZIN, Vipère, 1948, p. 151). L'épicier est redouté pour sa malhonnêteté (il triche sur les pesées et sur la qualité) et très méprisé (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1966, p. 383) :
• 1. Il entra chez l'épicier : le patron, le garçon, deux ménagères et un gamin : « Nous disons ... un litre de pétrole... » ... « Je vous les donne en boîte, ou à la livre? » ... « Maurice, attrape-moi les éponges à 0,95. »
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 130.
— En appos. avec valeur d'adj., vx. Marchand épicier. Je suis entré chez une petite marchande épicière qui m'a vendu du raisin sec (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 29).
♦ Commis épicier, garçon épicier. Je m'arrêtai à Anvers où je trouvai une place de garçon épicier (FRANCE, Crainquebille, Juges intègres, 1904, p. 241).
B.— Vieilli. Personne à l'esprit étroit, vulgaire, sans goût artistique. Synon. bourgeois. Ses amis s'étaient moqués de lui. Mannheim le traita d'épicier (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 486). Un duc peut écrire des romans d'épicier, même sur les mœurs du grand monde, (...) et l'épithète d'aristocratique être méritée par les écrits d'un plébéien (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 236) :
• 2. ... un théâtre qui soumet la mise en scène et la réalisation, c'est-à-dire tout ce qu'il y a en lui de spécifiquement théâtral, au texte, est un théâtre d'idiot, de fou, d'inverti, de grammairien, d'épicier, d'anti-poète et de positiviste, c'est-à-dire d'occidental.
ARTAUD, Le Théâtre et son double, 1939, p. 50.
— Emploi adj. D'épicier. C'est épicier. Il lui fallait une passion, non une passion épicière et bourgeoise, mais une passion d'artiste (GAUTIER, Jeunes-Fr., 1872, p. 98). C'est une vérité pure qui aura bien du mal à s'établir dans les caboches épicières et utilitaires de nos contemporains (FLAUB., Corresp., 1876, p. 322).
Rem. On rencontre ds la docum. épicièrement, adv. Cet éternel Puy-de-Dôme, dont le cône bleu ressemble si épicièrement à un pain de sucre enveloppé de son papier (GONCOURT, Journal, 1867, p. 364).
Prononc. et Orth. :[episje], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1223 espiciere « celle qui tient un commerce d'épicerie » (G. DE COINCI, Les Miracles de Nostre Dame, éd. F. Kœnig, I Mir 44, 473 : la riche dame, l'espiciere qui a en sa riche aumosniere Tante espece fresche et novele); 1241 li espiciers (Ban de tréf., Bib. Metz ds GDF. Compl.). Dér. de épice; suff. -ier, -ière. Fréq. abs. littér. :686 (épicier-fruitier : 2). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 682, b) 1 563; XXe s. : a) 1 406, b) 650. Bbg. MAT. Louis-Philippe 1951, p. 67, 76, 234.
épicier, ière [episje, jɛʀ] n.
ÉTYM. 1311; espiciere, fém., 1223; de épice.
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1 Anciennt. Personne qui faisait le commerce des épices, des drogues (sans être apothicaire); puis (XVIIe, XVIIIe), le commerce des cierges, bougies, et de divers produits de ménage.
1 (…) Le reste, aussi peu lu que ceux de Pelletier, N'a fait, de chez Sercy, qu'un saut chez l'épicier.
Boileau, l'Art poétique, II.
2 Personne qui tient une épicerie, un commerce d'épicerie. || Épicier en gros, au détail (→ Détaillant, cit. 2). || Épicier-droguiste. || L'épicier, l'épicière du coin. || L'épicière est absente, c'est l'épicier, c'est le garçon qui sert. || La boutique, le magasin de l'épicier. ⇒ Épicerie.
2 Cottard racontait qu'un gros épicier de son quartier avait stocké des produits alimentaires pour les vendre au prix fort (…)
Camus, la Peste, p. 95.
2.1 Depuis plusieurs années elle avait donné sa clientèle à un épicier fruitier de la rue des Poilus; on la servait avec empressement et on lui mettait bon poids.
R. Queneau, les Enfants du limon, II, XXXVII, p. 87.
REM. Lorsqu'on ignore la personnalité du commerçant, on emploie le masc. épicier, même si le magasin est tenu par une femme. Les syntagmes : chez l'épicier, etc., équivalent à : à l'épicerie. On ne dira chez l'épicière que lorsque le contexte est connu.
♦ Par apposition. || Marchand, garçon épicier.
➪ tableau Noms de métiers.
3 Fig. et péj. Personne à l'esprit étroit, dont les idées ne se haussent pas au-dessus de son commerce (→ Boutiquier; B. O. F.). || Littérature, idées d'épicier. — Adj. :
3 (…) loin d'afficher le mépris puéril que certains artistes prodiguaient à ce qu'ils appelaient dans ce temps-là la gent épicière (…)
G. Sand, Elle et Lui, IV, p. 97.
♦ Adj. Relatif à, digne de l'épicier (au sens fig.). Vx. || C'est épicier, bourgeois, trivial.
4 Les écrivains d'origine épicière tenaient d'autant plus à ses suffrages qu'il semblait faire un long chemin pour venir jusqu'à eux.
M. Aymé, Travelingue, p. 11.
4 Personne qui ne cherche qu'à gagner de l'argent. → Marchand de soupe.
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DÉR. Épicerie.
Encyclopédie Universelle. 2012.