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étendu

étendu, ue [ etɑ̃dy ] adj.
XIIe; de étendre
1Qu'on a étendu ou qui s'est étendu. Du linge étendu, mis à sécher sur un fil. Un aigle aux ailes étendues. déployé. Un homme, un corps étendu de tout son long. allongé, couché, gisant.
Couleurs étendues, délavées. ⇒ 1. détrempe. Vin étendu d'eau, coupé.
2Didact. Qui a de l'étendue. « de cela seul qu'un corps est étendu en longueur, largeur et profondeur, nous avons raison de conclure qu'il est une substance » (Descartes).
3Qui a une grande étendue. grand, large, long, spacieux, vaste . Forêt très étendue. Vue étendue.
Fig. Il jouit de pouvoirs étendus. Vocabulaire étendu. riche. Connaissances étendues. « il est rare qu'un génie étendu choisisse en lui le meilleur » (Malraux). La signification la plus étendue. extensif; lato sensu.
⊗ CONTR. Borné, 1. bref, 1. court, petit, 1. réduit, restreint.

étendu, ue
adj.
d1./d Vaste. Une province étendue.
d2./d Déployé. Oiseau aux ailes étendues.
d3./d Fig. Qui possède une grande extension, un grand développement. Avoir une culture étendue.

⇒ÉTENDU, UE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de étendre.
II.— Emploi adj.
A.— [Correspond à étendre I A] En position allongée.
1. [En parlant d'une partie du corps] Déplié, tendu. Si (...), le bras étendu et horizontal, vous (...) souteniez [un poids de 15 ou 20 livres] (...), vous y trouverez assez de facilité (LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 315).
2. [Correspond à étendre I C; en parlant d'une pers.] Couché, allongé :
1. Sans discerner ses traits, je l'avais reconnue [Greta Garbo]. Sans doute aurais-je dû me lever, accueillir avec honneur cette beauté fameuse... non : je demeurai étendu et silencieux. Il m'aurait paru fou de tenter le moindre geste...
MAURIAC, Journal, 1934, p. 29.
En partic. [En parlant de pers. ou de corps immobiles, inanimés] Que voit-on? Sur sa chaise, pâmé, Le pontife étendu, muet, inanimé (BARBIER, Satires, 1865, p. 82). Gilbert (...) était étendu, immobile, la tête pendante hors du lit, à peu près sans conscience (ARLAND, Ordre, 1929, p. 520) :
2. Seulement, comme elle repoussait la porte d'une ruade discrète, de sa grosse pantoufle fourrée, elle vit à droite, étendu, immobile, le corps de l'abbé Chevance, la face tournée contre le mur. — Sûr qu'il est mort, misère!...
BERNANOS, Imposture, 1927, p. 501.
B.— [Avec l'idée dominante de qqc. de mesurable]
1. Qui couvre une surface d'assez grandes dimensions.
a) [Correspond à étendre III A; en parlant d'un paysage] Étalé, vaste. Un paysage étendu et tranquille. Fleuve doux, large, étendu, mais les peupliers donnent quelque chose de grêle au paysage (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 188). Et quelque chose comme un sentiment poétique soulevait son cœur en face du grand Paris étendu devant lui (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 479). Au sortir de la forêt, il trouva devant lui une nappe d'eau si étendue qu'on ne distinguait pas l'autre rive (THARAUD, Rand. Samba Diouf, 1922, p. 51).
b) P. anal., spéc., MUS. [Correspond à étendre II B] Dont le registre est important. Instrument moins aigre et plus étendu que le clavecin de Nohant (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 382). Il avoit alors la voix si étendue qu'on assure que jamais on n'en a ouï de pareille (LA LAURENCIE, Éc. fr. violon, 1922, p. 261).
2. PHILOSOPHIE
a) [Correspond à étendre I] Qui a les propriétés de l'étendue (v. corporel B). Vous laissez alors de côté les forces elles-mêmes (...) pour n'en considérer que les effets mesurables et étendus (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 173). L'homme est; il est matière, c'est-à-dire étendu, tangible, doué de propriétés physiques; il est esprit, c'est-à-dire pensant, sentant, adorant (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 478) :
3. ... les mots (...) arrêtent et paralysent la pensée au lieu d'en permettre (...) le développement. Et par développement j'entends de véritables qualités concrètes, étendues, quand nous sommes dans un monde concret et étendu. Ce langage vise donc à (...) utiliser l'étendue, c'est-à-dire l'espace...
ARTAUD, Théâtre et double, 1938, p. 132.
b) Emploi subst. masc. Ce qui est étendu. Traduction illégitime de l'inétendu en étendu (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 13). Leibnitz avait déjà identifié le composé avec l'étendu, le simple avec l'inétendu, et d'autre part le nombrable avec le composé (HAMELIN, Élém. princ. représ., 1907, p. 48).
3. P. anal. et au fig. [En parlant d'un ensemble de pers. ou de ce qui le représente] Considérable par le nombre, par la taille. Les familles sont très étendues à Brescia. On y compte sept ou huit grandes maisons Martinengo, trois ou quatre Gambara (STENDHAL, Journal, 1801-05, p. 28) :
4. Le désir de scandaliser s'y révélait trop visiblement. (...) c'est à peine si l'on y voyait trace d'événements de premier plan. Les articles les plus solides, ceux du professeur Johnson, étaient trop métaphysiques pour intéresser un public étendu.
ARLAND, Ordre, 1929, p. 171.
Commun, répandu :
5. Un homme a presque toujours la même manière de s'enrhumer, de tomber malade, (...) il est naturel que, quand il devient amoureux, ce soit à propos d'un certain genre de femmes, genre d'ailleurs très étendu.
PROUST, Fugit., 1922, p. 502.
C.— Au fig.
1. Considérable par son ampleur. Devoirs impératifs et étendus. L'homme simple (...) se fait souvent un système des choses bien plus complet et plus étendu que l'homme qui n'a reçu qu'une instruction (...) conventionnelle (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 21). Comme aucune force, même révolutionnaire, ne prévaut contre l'opinion de l'ensemble du pays, la classe ouvrière subirait un désastre très étendu (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 102) :
6. Cette considération prend un poids supplémentaire quand l'économie doit réduire un déficit extérieur étendu et durable de sa balance des paiements (...) la nation en vient à subir les conséquences d'une perversion de la notion même de salaire.
PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 529.
En partic.
a) [En parlant d'un sentiment] Violent, grand. Je ne l'eusse jamais crue si étendue, si ancrée, si interne, si consubstantielle [la haine du second pour le Patron] (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 127).
b) [Correspond à étendre II C a et à extension] Dans le sens le plus étendu (du terme). Dans l'acception la plus large (du terme). Avec l'homme totalement dénué d'esprit métaphysique dans le sens le plus étendu du terme, il arrive toujours un moment où il n'y a rien à faire (DU BOS, Journal, 1922, p. 106) :
7. À quoi ne s'oppose point la distinction connue entre les arts en mouvement et les arts en repos, les premiers n'existant que dans le temps et par l'action du corps vivant, les autres laissant des traces durables ou monuments, dans le sens le plus étendu.
ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 44.
c) [Correspond à étendre II C 1] Esprit étendu. Esprit qui embrasse, qui s'applique à de vastes domaines.
♦ [En parlant d'une faculté intellectuelle] Mirabeau, doué de l'esprit le plus énergique et le plus étendu (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 204). Plus l'esprit est grand, rapide, étendu, moins il peut s'arrêter sur des détails réguliers et minutieux (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 326) :
8. Je réunis en un seul ministère celui des finances et celui de l'économie. Pleven en reçoit la charge. Compagnon d'un esprit brillant et étendu qui s'applique à être modeste, (...) il s'acquitte de ses fonctions sans que notre misère lui permette de spectaculaires succès...
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 122.
L'oncle, qui a un discernement naturel, et plus étendu qu'on ne croit (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1637). Je regrette que notre père, d'un bon sens si noble et si étendu, n'ait pas reconnu cette loi de notre personnalité (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 255). V. amplexion ex. 3.
P. méton. [En parlant d'une pers.] Dubois (...) est un esprit assez ferme, peu étendu, mais dans une bonne direction (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 175). Esprit moins dilaté, moins étendu, mais plus solide et plus assis (GONCOURT, Journal, 1855, p. 214) :
9. ... il le loue d'avoir été « un très bel esprit, lumineux, juste, exact, étendu, d'une lecture infinie, qui n'oubliait rien, qui connaissait les généalogies, leurs chimères et leurs réalités ».
PROUST, Temps retr., 1922, p. 961.
2. Considérable par sa portée, son influence. Les méthodes nouvelles d'étudier la médecine chimique et de combiner les observations, annoncent des progrès plus réels et plus étendus (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 186). En voyant (...) un pouvoir royal si étendu et si puissant, on pourrait croire que l'esprit d'indépendance avait disparu avec les libertés publiques (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 191) :
10. Alors, s'ouvrira le chemin des grandes victoires, de celles qui, par leurs effets profonds et rapidement étendus, provoquent chez l'ennemi un ébranlement général, comme la rupture d'un pilier fait, quelquefois, crouler la cathédrale...
DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 9.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1878. Fréq. abs. littér. :4 204. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 7 649, b) 4 961; XXe s. : a) 5 385, b) 5 454.

Encyclopédie Universelle. 2012.