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étrangeté

étrangeté [ etrɑ̃ʒte ] n. f.
estrangetéXIVe; repris XVIIIe; de étrange
1Caractère étrange. bizarrerie, singularité. Étrangeté de mise, de caractère. excentricité, originalité. Impression d'étrangeté, de jamais vu. « ce que j'éprouve depuis quelque temps est d'une telle étrangeté, que j'ose à peine en convenir devant moi-même » (Gautier). « cet élément inattendu, l'étrangeté qui est comme le condiment indispensable de toute beauté » (Baudelaire).
2Littér. Action, chose étrange. Il y a des étrangetés dans ce livre.
3(1968; d'apr. l'angl. strangeness) Phys. Propriété, caractérisée par un nombre quantique S, attachée à une espèce de quark.
⊗ CONTR. Banalité.

étrangeté nom féminin Caractère de ce qui est étrange ; bizarrerie, singularité : Étrangeté du langage. Littéraire. Chose, action étrange ; bizarrerie : Il y a plusieurs étrangetés dans ce roman. Type de charge portée par les hadrons. (L'étrangeté des hadrons est conservée au cours des interactions fortes, mais non dans les interactions faibles.) ● étrangeté (expressions) nom féminin Sentiment d'étrangeté, sentiment de bizarrerie et de malaise devant des objets ou des lieux familiers (ou même de soi-même) bien qu'on les identifie parfaitement. ● étrangeté (synonymes) nom féminin Caractère de ce qui est étrange ; bizarrerie, singularité
Synonymes :
- anomalie
- bizarrerie
- singularité
Littéraire. Chose, action étrange ; bizarrerie
Synonymes :
- bizarrerie

étrangeté
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est ou paraît étrange. L'étrangeté d'une situation, d'un comportement.
d2./d Litt. Chose étrange. Relever des étrangetés dans un témoignage.

⇒ÉTRANGETÉ, subst. fém.
A. — Caractère de ce qui est étrange, bizarre, surprenant, inhabituel. L'étrangeté d'une condition, d'un site. Dans le charmant jardin des Bussy, quelques plantes inconnues, d'une étrangeté surprenante (GIDE, Journal, 1935, p. 1239). Une phrase (...) où l'étrangeté de la forme masque la banalité de la pensée (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 239) :
1. La bonne mine de ce jeune homme, une sorte d'étrangeté dans ses manières, de bizarrerie dans sa toilette, attiraient l'attention du baron ...
JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 220.
B.— P. méton. Ce qui présente un tel caractère. Le thé était une étrangeté pour des Français de la vieille roche (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 181) :
2. « ... M. Mathéus est bouleversé par tes étrangetés. Nous lui avons donné notre parole d'honneur que le mariage se ferait, et nous voilà dans une singulière situation vis-à-vis de lui. Il t'aime beaucoup pourtant... mais tu repousses tous ceux qui t'aiment. »
DURANTY, Math. H. Gérard, 1860, p. 296.
C.— Spécialement
1. PHYS. NUCL. Nombre quantique servant à expliquer le comportement des particules étranges (cf. étrange I B 2 b). Étrangeté nulle (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 381).
2. PSYCH. (Sentiment d')étrangeté. Trouble mental dans lequel le malade perd le sentiment de sa réalité personnelle, reconnaît mal le monde environnant (cf. JANET, Obsess. et psychasth., 1903, p. 42).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. Fin XIVe s. (E. DESCHAMPS, Balade, MCCIX, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 6, p. 199), rare av. le XVIIIe s. (v. PROSCHWITZ, p. 110). Dér. de étrange; suff. -(e)té. Fréq. abs. littér. :368. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 214, b) 365; XXe s. : a) 551, b) 855. Bbg. ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1971, t. 35, p. 217. — GOHIN 1903, p. 313.

étrangeté [etʀɑ̃ʒte] n. f.
ÉTYM. Fin XIVe, estrangeté; repris XVIIIe; de étrange.
1 Caractère étrange. Bizarrerie, singularité (→ préf. Hétér-, hétéro-). || Étrangeté de mise, de caractère. Excentricité, originalité. || L'étrangeté d'une situation, d'une idée. || Impression d'étrangeté, de jamais vu.
REM. Ce mot a été critiqué. Littré note : « Étrangeté a failli être banni de la langue comme venu des pays étrangers (Vaugelas). L'accusation est fausse; le mot est ancien et indigène, et heureusement il a triomphé ».
1 Otons-lui (à cet ennemi, la mort) l'étrangeté, pratiquons-le, accoutumons-le, n'ayons rien si souvent en la tête que la mort.
Montaigne, Essais, I, XX.
2 (…) plus on l'apprivoisera (l'homme) avec les souffrances qui peuvent l'atteindre, plus on leur ôtera, comme eût dit Montaigne, la pointure (la piqûre) de l'étrangeté (…)
Rousseau, Émile, II.
3 (…) si bizarres, si ridicules, si excentriques que soient les mouvements de mon âme, il faut que je te les décrive : mais, en vérité, ce que j'éprouve depuis quelque temps est d'une telle étrangeté, que j'ose à peine en convenir devant moi-même.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, III.
4 (…) il (Poe) a aussi cherché à rajeunir, à redoubler le plaisir de la rime en y ajoutant cet élément inattendu, l'étrangeté, qui est comme le condiment indispensable de toute beauté.
Baudelaire, Notes nouvelles sur E. Poe, IV.
5 Et l'impression d'étrangeté fut si forte de trouver là six mille hommes, dans cette solitude perdue elle-même au milieu de tant de solitude, que nous fûmes saisis à leur vue comme si nous ne les avions pas attendus.
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, p. 64.
5.1 À peine âgé de quinze ans, cet adolescent nous étonnait tous par son étrangeté parfois terrifiante.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 347.
6 (…) l'étrangeté d'une vie d'homme et la simplicité avec quoi cet homme l'accepte.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 174.
2 Littér. (Une, des étrangetés). Action, chose étrange. Anomalie, bizarrerie. || « Une étrangeté fait quelquefois rire » (Littré).
7 On s'apprivoise à toute étrangeté par l'usage et le temps (…)
Montaigne, Essais, III, XI.
3 (1968; d'après l'angl. strangeness, 1956, Gell-Mann). Phys. nucl. Grandeur scalaire servant à caractériser les particules étranges, qui se conserve au cours des interactions fortes entre particules (symb. : S). → Beauté, rem. infra cit. 17.2. || Nombre d'étrangeté. || On attache l'étrangeté zéro aux particules non étranges. || Somme de l'étrangeté et de la charge baryonique. Hypercharge.
8 (…) quand il y aura apparition de particules étranges, elles formeront toujours des paires dont les nombres d'étrangeté S seront égaux et de signes contraires. Bref, on attribuera aux particules une étrangeté S (S = 0 pour les particules étranges, mais S = 0 pour les autres) telle que la somme des étrangetés se conserve dans les interactions fortes. L'étrangeté totale se conserve-t-elle dans les interactions faibles ? L'expérience répond par la négative.
Théo Kahan, les Particules élémentaires, p. 66.
CONTR. Banalité.

Encyclopédie Universelle. 2012.