étron [ etrɔ̃ ] n. m.
• XIIIe; frq. °strunt
♦ Matière fécale consistante et moulée (de l'homme et de certains animaux). ⇒ crotte, excrément; 2. colombin. « c'est comme les étrons de chiens. Ça doit porter bonheur » (Romains).
● étron nom masculin (francique strunt) Matière fécale consistante et moulée de l'homme et de quelques animaux.
étron
n. m. Matière fécale moulée de l'homme et de certains animaux.
⇒ÉTRON, subst. masc.
Trivial
A.— Matière fécale (de l'homme ou de certains animaux) consistante et moulée. Étron de chien (Ac. 1835). Une de ces fortes latrines, où l'on marche à chaque pas sur un étron (FLAUB., Corresp., 1865, p. 177) :
• À chaque fois qu'ils cambriolent on retrouve dans la cuisine les restes d'un festin impromptu; sur la table, des bouteilles vides et deux verres; et des étrons sur le tapis du salon.
GIDE, Souv. Cour d'ass., 1913, p. 639.
— P. anal., vx. Étron de Suisse. Petit cône fait avec de la poudre à canon mouillée, que les enfants allument par le sommet. Où est le temps quand (...) tous ou presque tous les gosses de la rue (...) suscitaient d'entre les pavés, de dessus les rebords des fenêtres (...) de facétieux étrons de Suisse (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mes hôpitaux, 1886, p. 350).
B.— P. métaph. ou au fig., avec une valeur dépréc. ou injurieuse
1. Vx. Chose vile, sans valeur. Bouilhet est comme toi indigné des réclames qu'on fait au grand Mocquard. Je n'ai pas lu son étron, c'est trop cher pour mes moyens (FLAUB., Corresp., 1861, p. 441).
2. Personne insignifiante, méprisable. Il n'existe qu'une grande machine à digérer qui nous rejettera en autant de petits étrons diplômés. Rien d'autre à espérer. Attendre calmement d'être ramollis, fluidifiés à point (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 352). Vieille noix (...), cornichon confit, tu peux toujours causer. Je t'emmerde à pied et à cheval (...). Je te laisse sur place, étron hiérarchique. Je mets les voiles! (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 145).
Rem. On rencontre ds la docum. une attest. de étroniforme, adj. On vit ici entre la double vase du ciel et de la terre, aussi crottés l'un que l'autre, avec des bourgeois étroniformes et plus laids encore en dedans qu'en dehors (ZOLA, Doc. littér., Théophile Gautier, 1881, p. 120).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin du XIIe s. estront (Audigier, éd. O. Jodogne, 34). De l'a. b. frq. strunt, de même sens, cf. m. b. all. strunt « id. » (LASCH-BORCHL.), m. néerl. stront (VERDAM); le terme est attesté au IXe s. en b. lat. (ms. B.N. lat. 7651 ds CGL t. 2, p. 189, 38 : strundius sive struntus, ). Fréq. abs. littér. : 27. Bbg. BRÜCH 1913, p. 13. — QUEM. DDL t. 4 (s.v. étroniforme). — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 104.
étron [etʀɔ̃] n. m.
ÉTYM. Fin XIIe, estron(t); du francique strunt.
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1 Matière fécale consistante et moulée (de l'homme et de certains animaux). → Chier, cit. 1. || Étrons de chien sur un trottoir. ⇒ Crotte, sentinelle.
1 Que diable est ceci ? Appelez-vous ceci foire, bren, crottes, merde, fiente, déjection, matière fécale, excrément, repaire, laisse, esmeut, fumée, étron, scybale ou spyrathe ? C'est, crois-je, safran d'Hibernie.
Rabelais, le Quart Livre, LXVII.
2 Les socialistes millionnaires, j'ai idée que c'est comme les étrons de chiens. Ça doit porter bonheur.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVII, p. 291.
3 Tout ce que j'ai lu, tout ce que j'ai pensé, tous mes paradoxes forcés, ma haine du convenu, mon mépris du banal, ne m'empêchent pas de m'attendrir au premier jour de printemps, de chercher des violettes au pied des haies parmi les étrons et les papiers pourris (…)
J. Renard, Journal, 6 avr. 1889.
4 (…) je longe une rue qui borde un canal ça pue l'étron le cadavre.
Tony Duvert, Paysage de fantaisie, p. 85.
2 Fig. Vieilli. Chose sans valeur, méprisable. || Son article est un étron. (Personnes). || Espèce d'étron !
REM. On trouve chez Flaubert le composé plaisant étroniforme (« un pif étroniforme », Correspondance, 1865, V, p. 157).
Encyclopédie Universelle. 2012.