évanoui, ie [ evanwi ] adj.
• esvanoïzXIIe; de s'évanouir
1 ♦ Disparu. Rêve évanoui.
2 ♦ Sans connaissance; en syncope. « Il tomba évanoui dans un fauteuil » (Vigny). Rester longtemps évanoui.
⇒ÉVANOUI, IE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de évanouir (s').
II.— Emploi adj.
A.— 1. Qui a disparu. Dans la plaine unie, quatre ou cinq rochers, qui semblent en sentinelle de tous les soubassements des burgs évanouis (GONCOURT, Journal, 1860, p. 803).
2. P. ext. Qui n'est plus perceptible, qui ne peut plus être perçu. Ce ne furent plus, sous l'épuisement, que des pleurs étouffés, des plaintes, une voix presque évanouie (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 278). Deux instruments qui vibrent encore d'un accord évanoui (TOULET, J. fille verte, 1918, p. 138).
— Spéc. [En parlant d'une couleur] Pâle, passé. [Des] portraits fantomatiques, aux grandes mains pâles, aux chairs morbides, aux couleurs évanouies sous un rayon de lune (GONCOURT, Journal, 1891, p. 85). Quelques-uns des maillots (...) sont si passés que le bleu est devenu bleu ardoise, et le rouge rose : les teintes évanouies que prennent les costumes des Orientaux (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 290).
3. Au fig. Qui a cessé d'être, qui n'existe plus.
♦ [En parlant d'une chose abstr.] L'émotion de Nane était décidément tout à fait évanouie (TOULET, Nane, 1905, p. 66). Pourquoi vouloir maintenir par la fidélité la fiction d'un désir évanoui? (MAUROIS, Climats, 1928, p. 93).
♦ [En parlant d'une pers. ou d'un ensemble de pers.] Des songes des races évanouies, je revins aux illusions des races vivantes (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 424) :
• 1. ... mes recueillements, mes travaux, mon sommeil encombrés de ces images du passé et de ces statues d'êtres évanouis ou absents...
VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 104.
B.— Qui a perdu conscience, qui est tombé en syncope. Elle tomba évanouie. Mais, dans les ombres de cette mort légère, elle se sentait inondée en même temps d'horreur et de volupté (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 210). Je la [la chatte] reçus dans mes bras, molle, privée de sentiment, évanouie comme une femme... (COLETTE, Maison Cl., 1922, p. 244) :
• 2. [Maman] oscilla sur elle-même et tomba, d'un seul coup, tout de son long, sur le plancher. Elle était évanouie. Il fallut dégrafer son corsage, lui mouiller les joues d'eau fraîche, lui donner des claques dans les mains.
DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 208.
— Emploi subst. Ce ne fut qu'avec des soins empressés qu'on parvint à ranimer la pauvre évanouie (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 143).
Encyclopédie Universelle. 2012.