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évolué

évolué, ée [ evɔlɥe ] adj.
• 1865; de évoluer
1Qui a subi une évolution. Peuples, pays évolués, qui ont atteint un certain degré de développement économique, technique, social, culturel. « un peuple singulièrement évolué, un peuple adulte — qui sait regarder la vie en face » (Siegfried).
2(Personnes) Qui est indépendant, éclairé, cultivé, spécialt Qui a les idées larges. « Elle pensait : “Il doit avoir raison : c'est moi qui ne suis pas assez évoluée pour comprendre” » (Dutourd).
⊗ CONTR. Arriéré, primitif, sauvage.

évolué, évoluée nom En Afrique, personne ayant reçu une éducation de type européen.

évolué, ée
adj. (et n.)
d1./d Parvenu à un haut degré de culture, de civilisation.
d2./d (Afr. subsah., vieilli) à l'époque coloniale, désignait un Africain qui avait de l'instruction et avait pris ses distances avec les moeurs et valeurs traditionnelles.
|| Subst. Un(e) évolué(e).
d3./d BIOL Qui a atteint un certain stade d'évolution (sens I, 2).

⇒ÉVOLUÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de évoluer.
II.— Adjectif
A.— Rare. Dont toutes les étapes ont été parcourues; complet, achevé, révolu (cf. évoluer B 1) :
1. ... le Bouddha de la belle époque (...) réalisait l'anéantissement et la création, la germination des possibles et le retour à l'œuf primordial des cycles évolués.
ARNOUX, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 12.
B.— [Correspond à évoluer B 2]
1. Qui est le résultat d'une certaine évolution, qui a atteint un certain degré de développement, de perfectionnement.
a) [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Un homme évolué. À qui le lot? À la personne la plus intelligente, la plus vive, la plus évoluée de l'assistance (ARNOUX, Paris, 1939, p. 173). N'allons pas confondre le cas d'une humanité naïve avec celui d'une société très évoluée qui, par technique de la sensation, décide de se faire une âme de nourrisson (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 55) :
2. Nous sommes un peuple jeune et pas entièrement évolué. Nos foules encore primitives et rudes sont capables de bien des excès. Ce que nous appelons le social work, c'est justement l'effort pour hâter et régler cette évolution.
BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 71.
♦ [Avec compl. indiquant le domaine de l'évolution] Le pays le plus évolué en matière atomique (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 125).
Emploi subst. :
3. Quant aux Africains autochtones, leur loyalisme ne laissait rien à désirer. Qu'il s'agît des souverains et chefs traditionnels (...) ou des évolués appartenant à l'administration, à l'armée, au commerce, à l'enseignement; ou de la masse des humbles : cultivateurs, soldats, ouvriers, serviteurs, ils faisaient leur la cause de la France combattante...
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 31.
P. méton. Fra Angelico n'est pas sans parenté avec les sculpteurs de Chartres, mais il est expressif d'une époque plus évoluée (LA TOURETTE, L. de Vinci, 1932, p. 26). Au Maroc, en Algérie, des zones comparativement évoluées sont au contact de zones vides et stagnantes (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 253).
P. anal. Très simple d'aspect, la castagnette est un instrument évolué (SCHAEFFNER, Orig. instrum. mus., 1936, p. 60).
b) [En parlant des manifestations de l'esprit ou de l'activité hum.] Idée, religion évoluée; économie, technique évoluée. « Le beau » était une notion plus évoluée que « le bien » (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 274) :
4. Le désir profond de l'esprit même dans ses démarches les plus évoluées rejoint le sentiment inconscient de l'homme devant son univers : il est exigence de familiarité, appétit de clarté.
CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 32.
2. Détaché, libéré des notions traditionnelles religieuses ou morales. J'étais large d'idées, évoluée, quoi! (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 172).
C.— BIOL. Qui est parvenu à un certain stade de l'évolution.
1. [Correspond à évolution B 2 a] P. métaph. Tous les coins obscurs grouillaient d'une vie féroce, embryonnaire — pensées, désirs, convoitises à peine évoluées, réduites à l'essentiel, au germe endormi mais vivant (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 463).
2. [Correspond à évolution B 2 b] L'animal le plus évolué, le singe, ajoute déjà à la ressemblance que l'on se borne à constater, celle que l'on ose créer par la mimique, par le don d'imiter (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 107).
Emploi subst. Ce n'est pas en divisant l'évolué qu'on atteindra le principe de ce qui évolue. Ce n'est pas en recomposant l'évolué avec lui-même qu'on reproduira l'évolution dont il est le terme (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 364).
Fréq. abs. littér. :165. Bbg. SCHMIDT (H.). Fr. vivant. Praxis. 1973, t. 20, p. 82.

Encyclopédie Universelle. 2012.