1. expédient, iente [ ɛkspedjɑ̃, jɑ̃t ] adj.
• XIVe ; lat. expediens, p. prés. de expedire « apprêter, arranger »
♦ Littér. Qui convient pour la circonstance. ⇒ 1. commode, convenable, opportun, utile. Vous ferez ce que vous jugerez expédient. — « il est plus sage, plus expédient [...] de tout apporter soi-même » (Duhamel). ⇒ indiqué.
⊗ CONTR. Inopportun, inutile.
⊗ HOM. Expédiant (expédier).
expédient 2. expédient [ ɛkspedjɑ̃ ] n. m.
1 ♦ Moyen de se tirer d'embarras, d'arriver à ses fins en surmontant les obstacles. ⇒ 2. moyen, procédé, ressource; fam. astuce, combine, 1. truc. Chercher un expédient. Expédient pour sortir d'un mauvais pas, échapper à une corvée (⇒ échappatoire) . Le Latin « est ingénieux, fertile en expédients, débrouillard » (Siegfried)(cf. Avoir plus d'un tour dans son sac).
2 ♦ Plus cour. Péj. Mesure qui permet de se tirer d'embarras momentanément, sans résoudre les difficultés. ⇒ palliatif. Recourir à des expédients. « un expédient ne remédie jamais à rien si, le péril un moment écarté, on ne bâtit pas un système capable de le conjurer à jamais » (Madelin). — Spécialt Vivre d'expédients : être obligé, pour vivre, de recourir à des moyens peu honnêtes.
● expédient nom masculin (ancien adjectif expédient, utile, du latin expediens, -entis, avantageux) Ressource momentanée pour se tirer d'embarras sans résoudre la difficulté essentielle : User d'expédients pour éviter une condamnation. Moyen provisoire et extrême, voire indélicat ou illicite, pour se procurer de l'argent (surtout pluriel) : En être réduit aux expédients. Vivre d'expédients. ● expédient (expressions) nom masculin (ancien adjectif expédient, utile, du latin expediens, -entis, avantageux) Jugement convenu ou d'expédient, jugement qui confirme une transaction entre les parties. ● expédient (homonymes) nom masculin (ancien adjectif expédient, utile, du latin expediens, -entis, avantageux) expédiant participe présent expédient forme conjuguée du verbe expédier ● expédient (synonymes) nom masculin (ancien adjectif expédient, utile, du latin expediens, -entis, avantageux) Jugement convenu ou d'expédient
Synonymes :
expédient
n. m. (Souvent péjor.) Moyen de résoudre momentanément une difficulté, de se tirer d'embarras par quelque artifice.
— Vivre d'expédients: recourir, pour assurer sa subsistance, à toutes sortes de moyens, y compris les plus indélicats.
I.
⇒EXPÉDIENT1, ENTE, adj.
Qui est utile, opportun. Avoir quelques bons amis bien sincères et bien francs, et quant aux camarades s'en servir quand il y a lieu, — voilà, je crois, la méthode la plus expédiente pour vivre en paix (VERLAINE, Corresp., t. 1, 1869-96, p. 278). Les yeux sont si lointains qu'un télescope, semble-t-il, serait expédient pour les observer (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 140).
— Avec une nuance péj. Qui n'a d'autre valeur que celle d'un moyen ingénieux :
• 1. Le diplôme donne à la société un fantôme de garantie, et aux diplômés des fantômes de droits. Le diplômé passe officiellement pour savoir : il garde toute sa vie ce brevet d'une science momentanée et purement expédiente.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 277.
— Croire, trouver expédient de + inf. Des officiers d'état-major, après avoir fait trembler le Palais de Justice, trouvent expédient de menacer le Parlement à son tour (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 229) :
• 2. [Je] faisais les cent pas devant le 126 du boulevard Montparnasse à l'attendre. Au lieu de Paul, c'est Léon Blum qui s'est amené, pour esquiver une invitation à déjeuner avec M. J'ai cru expédient de l'inviter tout aussitôt.
GIDE, Journal, 1914, p. 396.
— Il est expédient de, que. Ce poison de la plus ténébreuse officine des enfers est toujours invariablement versé, chaque fois qu'il est expédient d'ameuter des hommes contre Dieu (BLOY, Femme pauvre, 1897 p. 165). Les princes vous font savoir qu'ils arriveront sur les cinq heures, à la barrière de Clichy, et qu'il est expédient d'aller vous y faire tuer. Vous irez? (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 227). Il n'est pas expédient, Monsieur, que nous nous mêlions des affaires séculières, quelque rapport qu'elles aient aux choses spirituelles (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 237).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1878 traité sous subst.; adj. en 1932. Étymol. et Hist. 1370-72 choses ... proffitables ou expedientes (ORESME, Éthiques, éd. A. D. Menut, livre IX, chap. 8, p. 471). Empr. au lat. class. expediens part. prés. de expedire littéralement « débarrasser le pied » d'où « dégager, lever les obstacles; apprêter, préparer; exécuter vivement quelque chose, mettre en ordre; être avantageux; être à propos ». Fréq. abs. littér. :194.
II.
⇒EXPÉDIENT2, subst. masc.
Moyen ingénieux auquel on recourt pour sortir d'une situation délicate. Expédient provisoire, temporaire; avoir recours à un expédient; être fertile en, à bout d'expédients. Gourville, c'est l'homme à expédients, à moyens, à invention; il a de l'imagination, mais sans chimère (SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 5, 1852, p. 359). Tous les expédients étaient bons pour la distraire (LOTI, Mariage, 1882, p. 129). J'ai trouvé un expédient qui me permettra, je crois, de passer quelques jours de plus près de vous (GIDE, Isabelle, 1911, p. 633).
— Avec une valeur péj. Moyen, action souvent peu honnête, qui permet de sortir momentanément d'une difficulté, d'un embarras, sans pour autant les résoudre. Tomber dans une vie d'expédients. — Tu n'as plus à hésiter, reprit le père, marie-la, puisque le mariage émancipe. Mais cet expédient paraissait répugner à la mère chaque jour davantage (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 889). Il nous fallut user de vingt ignobles expédients, comme de voler un peu de paille aux écuries du camp, ou de fouiller les poubelles des baraques allemandes pour en extraire les vieux journaux (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 51) :
• 1. Molière, lorsqu'il écrit en vers, s'en tire à coups d'expédients; il connaît maints menus trucs pour satisfaire aux exigences de la mesure et de la rime. Mais, malgré sa grande habileté, l'alexandrin fausse un peu le ton de sa voix.
GIDE, Journal, 1941, p. 82.
— En partic., souvent au plur. Moyen honteux ou malhonnête de se procurer de l'argent. Le roi en était aux expédients pour payer les frais de « sa fête » (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 210). Depuis deux mois, Robineau, réduit aux expédients, menait une vie d'enfer, pour empêcher une déclaration de faillite (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 750). Vivre d'expédients :
• 2. L'impôt seul pouvait remplir le trésor et moins que jamais les Français étaient d'humeur à payer des impôts tandis qu'ils se plaignaient des expédients financiers auxquels la couronne était réduite.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 96.
Prononc. et Orth. :[]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Fin XIVe s. subst. sing. « avantage » (Oresme cité ds MEUNIER, Oresme, p. 177); b) 1673 subst. masc. plur. (MOLIÈRE, Malade imaginaire, I, 7). Substantivation de expédient1. Fréq. abs. littér. :182 Bbg. RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 420.
1. expédient, ente [ɛkspedjɑ̃, ɑ̃t] adj.
ÉTYM. XIVe; lat. expediens, p. prés. de expedire « dégager, apprêter, arranger ». → Expédier.
❖
♦ Class. et littér. Qui convient pour la circonstance. ⇒ 1. Commode, convenable, opportun, utile. || Vous ferez ce que vous jugerez expédient (Académie). || Mesure expédiente. || Moyen expédient (→ Cul, cit. 1).
1 Malgré leur vivacité apparente, les yeux sont si lointains qu'un télescope, semble-t-il, serait expédient pour les observer.
Léon Bloy, la Femme pauvre, p. 140.
♦ Impersonnel (cf. le lat. expedit « il importe »). || Il est, il serait expédient de… ⇒ Propos (à propos). || Il est plus expédient de faire cela. ⇒ Indiqué (→ Apporter, cit. 14). || Il lui parut expédient de… ⇒ Assuré (cit. 75), sûr.
2 Quand le prince lui a dit (à un citoyen) : « Il est expédient à l'État que tu meures (…) »
Rousseau, Du contrat social, II, 5.
2.1 Nous avons recommandé de n'ouvrir à quiconque, mais peut-être serait-il expédient que vous engueuliez celui qui bègle.
A. Jarry, Lettre à Alfred Vallette, 3 nov. 1898, Pl., p. 1067.
3 (…) il est expédient au contraire de prendre les devants et l'empêcher de naître (ce souci).
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 153.
❖
CONTR. Incommode, inopportun, inutile, nuisible.
DÉR. Expédience, 2. expédient, expédier.
HOM. 2. Expédient; p. prés. de expédier.
————————
2. expédient [ɛkspedjɑ̃] n. m.
❖
1 Moyen de se tirer d'embarras, d'arriver à ses fins en surmontant quelque obstacle. ⇒ Moyen, ressource, truc (fam.). || Chercher, proposer, trouver un expédient. || Expédient habile, heureux; dangereux, mauvais expédient. || Expédient pour concilier. ⇒ Accommodement. || Expédient pour sortir d'un mauvais pas, échapper à une corvée (⇒ Échappatoire). || Il ne savait plus à quels expédients recourir (→ As, cit. 3). || Être fécond, fertile en expédients; avoir toujours quelque expédient (→ Avoir plus d'un tour dans son sac). || Se tirer d'affaire par d'habiles expédients. ⇒ Acrobatie (tour d'acrobatie, fig.), rétablissement. || À force d'expédients, il parvint à ses fins (⇒ Intrigue).
1 Le trop d'expédients peut gâter une affaire;
On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
N'en ayons qu'un, mais qu'il soit bon.
La Fontaine, Fables, IX, 14.
2 Chacun admira l'expédient que Xanthus avait trouvé pour sortir, à son honneur, d'un si mauvais pas.
La Fontaine, Vie d'Ésope.
3 Il y a d'autres personnes à consulter, qui sont bien plus accommodantes, qui ont des expédients pour passer doucement par-dessus la loi, et rendre juste ce qui n'est pas permis (…)
Molière, le Malade imaginaire, I, 7.
4 Il n'y avait peut-être pas de meilleur expédient pour me tirer d'affaire, que de pleurer et de laisser tout là.
Marivaux, Marianne, II.
5 Et il fallait se décider sur-le-champ, trouver un expédient, prendre un parti.
Hugo, les Misérables, V, I, XXIV.
6 Il (le Latin) est ingénieux, fertile en expédients, débrouillard suivant une expression qui ne nous est que trop chère (…)
André Siegfried, l'Âme des peuples, p. 41.
2 (1859, Baudelaire). Plus cour. (péj.). Mesure qui permet de se tirer d'embarras momentanément, sans résoudre les difficultés. || Cet expédient lui répugnait un peu. || Après tous ces expédients, il va lui falloir trouver une véritable solution. || Cela n'est qu'un expédient. || Il n'ose pas attaquer la difficulté de front, il se borne à des expédients (→ Solution de facilité).
7 Il (le peintre Gérome) réchauffe le sujet par de petits ingrédients et par des expédients puérils.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1859.
8 (…) un expédient ne remédie jamais à rien si, le péril un moment écarté, on ne bâtit pas aussitôt un système capable de le conjurer à jamais.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, XI, p. 154.
9 L'histoire des hommes est une collection de solutions grossières. Toutes nos opinions, la plupart de nos jugements, le plus grand nombre de nos actes sont de purs expédients.
Valéry, Rhumbs, p. 72.
♦ (1735). Spécialt. Moyen extrême pour se procurer de l'argent (cit. 56). || Recourir à des expédients pour vivre, pour subsister. ☑ Être réduit, en être aux expédients (vieilli); vivre d'expédients : être obligé, pour vivre, de recourir à des moyens anormaux, indélicats, à des procédés irréguliers. ⇒ Industrie (vivre d'industrie).
10 Il eut pourtant l'esprit d'imaginer un expédient qui le fit rouler pendant quelques jours, et cet ingénieux expédient fut de s'approprier, par forme d'emprunt, tout ce qui m'était revenu des saignées que j'avais faites au coffre-fort.
A. R. Lesage, Gil Blas, X, 11.
11 Saint-Potin, consulté sur les méthodes à employer pour trouver encore cent francs, n'avait découvert aucun expédient, bien qu'il fût un homme d'invention (…)
Maupassant, Bel-Ami, I, 5.
12 Mais, en attendant ces rentrées, il fallait vivre : on était — devant le Trésor vide — réduit, pour une heure encore, aux expédients, et aux plus misérables.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, I, p. 14.
❖
HOM. 1. Expédient; p. prés. de expédier.
Encyclopédie Universelle. 2012.